La libération du domaine public est l'un des sujets les plus importants de la gestion des villes. C'est un gage, par l'Etat, de droit et de respect de la citoyenneté. Car nos villes sont aujourd'hui convoitées par des prédateurs du foncier public comme tout autre domaine public, à l'instar des chaussées ou encore des trottoirs. Souvent, par élan de solidarité, l'on déplore les interventions musclées des forces de l'ordre pour déloger des habitants de bidonvilles ou de logements de fortune. Le malheureux spectacle qu'offrent ces opérations donne l'impression d'être devant des scènes de répression. Or, il s'agit seulement de rétablir un ordre troublé par ceux qui marchandent, abstraction faite du malheur des pauvres, en fermant les yeux sur la construction de logements illégaux en période électorale. Tout comme ces agents communaux qui «monnayent» l'octroi d'autorisations pour les terrasses jusqu'à empêcher les piétons d'utiliser les trottoirs aux fins desquelles ils étaient conçus. Il y a donc complicité dans toute cette anarchie, et c'est dans ce genre de cas que la reddition des comptes devrait être pleinement activée afin de rassurer le citoyen. Tout comme ces actions de rétablissement de l'ordre qui n'étaient bien évidemment pas du goût des commerçants ayant longuement profité de la passivité des autorités. Il faut donc saluer ces initiatives de libération du domaine public à Casablanca, tout en respectant le droit de chacun, en espérant les voir se généraliser aux autres villes du Maroc. Il y a deux ans, j'ai fait un petit tour à pied du côté de la mythique avenue Prince Moulay Abdallah, aujourd'hui en réfection, et quelle a été ma surprise de voir un paysage digne des souks périphériques dans ce lieu où, jadis, on se vantait d'avoir pris un café. C'est à croire que le Maroc avance à reculons. Vivement, donc, toute action qui rende au citoyen sa ville, son environnement et tout simplement sa vie.