Le flux d'immigration de la classe moyenne s'intensifie avec la volonté affichée de certains pays avides de matière grise marocaine. Pendant ce temps, le gouvernement continue de regarder ailleurs. Le dernier en date étant l'Allemagne, dont l'ambassade à Rabat a publié, il y a quelques jours, un communiqué dans lequel le gouvernement fédéral exprime sa volonté d'organiser une immigration choisie, sur la base des dossiers et compétences, afin de parer à l'immigration clandestine. Un argument qui ne tient pas puisque tout le monde sait que ce sont majoritairement les personnes non qualifiées qui choisissent l'immigration clandestine, alors que ce qu'on demande, ce sont justement les «cerveaux». Le Canada le fait au vu et au su de tout le monde et il l'assume. C'est un pays qui se dit à court de médecins, d'ingénieurs, de lauréats des technologies et du digital. Il leur déroule le tapis rouge. Face à ce phénomène, notre ministre de l'Emploi est sorti avec une déclaration pour le moins ridicule. Selon celui-ci, le Maroc ne facilite pas cette immigration et ferait tout pour l'empêcher. En revanche, il ne pipe pas mot sur sa façon d'enrayer ce mouvement qui appauvrit le Maroc au moment où l'on veut relancer l'économie et élaborer un nouveau modèle de développement. Monsieur le ministre gagnerait à faire un petit tour du côté des ambassades et de leurs prestataires, voir de près les gens qui s'entassent dans d'interminables files d'attente et leur qualité, leurs compétences et surtout leurs raisons de partir sans se retourner. À quoi servirait alors le meilleur modèle de développement du monde si le pays ne pouvait pas compter sur sa jeunesse et ses compétences ? Qui sont ces hommes et femmes qui porteront le projet d'émergence durant les vingt prochaines années ? Ceux-là mêmes qui s'activent à refaire leur vie à 10.000 kilomètres de la mère patrie ?