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Les 8 Africains d'Al Mounir
Publié dans La Gazette du Maroc le 28 - 07 - 2003

Bloqués au fond d'une cale depuis mardi 22 juillet à 20 h 30 quand le bateau «Al Mounir» est entré à quai dans le port de Casablanca, huit clandestins qui disent être originaires de Côte d'Ivoire et du Libéria vivent dans des conditions inhumaines. Malades dont un syphilitique, ils sont sous nourris et peuvent d'un moment à l'autre passer l'arme à gauche. Malgré les efforts de l'armateur, Mohamed Karia, les huit clandestins sont toujours interdits de débarquer jusqu'au moment où nous mettons sous presse. Récit d'un drame humanitaire.
C'est dans le port de Douala au Cameroun que l'histoire de ces clandestins prend corps. C'est là que le destin commençait à tisser ses noeuds autour de la vie de plusieurs jeunes Africains qui fuient la guerre civile, la famine, les vendettas et autres folies africaines très prisées en ce moment. Aujourd'hui les huit africains qui rêvaient de jours meilleurs sont condamnés à racler le fond d'une cale en attendant que l'on veuille bien les libérer.Nous sommes en fin juin sous le soleil camerounais. Deux candidats à la clandestinité disent avoir pris d'assaut le premier bateau qui leur semblait bon. Il s'agit d'Al Mounir, un navire marocain qui bat pavillon aux couleurs du drapeau national, appartenant à la compagnie IMTC(International maritime transport corporation) : "C'est la guerre, nous n'avons plus de famille, il a fallu partir. Nous avons pris ce bateau ne sachant même pas où il allait". Le reste ce sont des palabres en dialecte local que personne ne pouvait déchiffrer même pas les deux conseillers de l'Ambassade de Côte d'Ivoire qui se sont déplacés, ce vendredi 25 juillet au port de Casablanca, pour écouter les huit clandestins et essayer de vérifier leurs provenances puisque six d'entre eux déclarent être des Ivoiriens. Evidemment, il est hors de question de leur demander s'il leur restait un soupçon de papiers pour préciser leurs origines et savoir si ce qu'ils disaient était vrai ou simple drible de clandestins en mal d'inspiration. "Je n'ai jamais été à l'école, donc je n'ai pas de papiers, je n'en ai jamais eu et si je vous dis que je suis Libérien, c'est que je le suis". Il y a la guerre civile en ce moment qui secoue ce pays, des tueries chaque jour où des dizaines de civils sont victimes des armes qui font la loi dans les rues. N'importe quel Africain candidat à l'immigration pourrait se déclarer libérien pour peu qu'il baragouine deux ou trois phrases dans la langue de Shakespeare. Ils s'étaleraient tous volontiers sur leurs vies s'ils avaient la force de parler ou de bouger même. Mais ils se contentent du peu et font un effort surhumain pour faire sortir les sons qui ne parviennent que rarement dans l'oreille de l'interlocuteur. Pour eux l'exil est gagné d'avance et le Maroc n'a jamais compté dans leurs desseins d'immigrés.
Des hommes au fond d'une cale
C'est le mercredi 16 juillet vers 19h30 qu'un des membres de l'équipage tombe sur des passagers qui n'étaient pas prévus pour le voyage. Le bateau naviguait alors vers Tenerife dans les Canaries. "Après plus de 20 jours au fond d'une cale, sans nourriture, sans pouvoir dormir, à une température de plus de 45 degrés, je ne sais pas comment ils ont pu tenir", les paroles de ce responsable sont très vite corroborées par l'un des clandestins qui raconte l'horreur et la traversée de tous les cercles de l'enfer sur ce bateau. "Quand nous sommes sortis sur le pont, c'était malgré nous, on étouffait, on commençait à sentir la mort s'approcher…". "Je suis malade, je suis malade", se contentait de répéter un autre grand gaillard, de presque 1 mètre 90, gravement atteint, amaigri et ne pouvant même pas marcher. On apprend par la suite qu'il est syphilitique et très vite on comprend ses difficultés de se mouvoir et de se tenir debout : durant la traversée, ses testicules ont décuplé de volume et "sont comparables à deux ballons de foot qu'il traîne entre les jambes". Livide, sans forces, il est au bord de l'effondrement et aucun des dix responsables présents dans la cabine à bord, le commissaire de police du port de Casablanca, les représentants de la compagnie maritime IMTC, le chef de la Gendarmerie Royale du port et les conseillers de l'Ambassade de Côte d'Ivoire, qui ont été là ce vendredi vers 18 heures à bord d'Al Mounir, ne pouvaient comprendre comment on pouvait supporter un tel spectacle ni une telle douleur. "Je suis malade, je suis malade", pourtant le gaillard est obligé de revenir au fond de sa cale et de se tapir contre la ferraille et la chaleur des machines. Selon le docteur Ali Berrada, un expert assermenté, qui a ausculté les huit clandestins : "leurs conditions de vie sont extrêmement défavorables, leur état de santé étant très détérioré nécessitant alors un débarquement immédiat", mais ils sont toujours là, malades, le ventre vide malgré la nourriture qui leur est donnée par l'armateur et les soins qui ne peuvent suffire dans ce genre de cas très avancés. "je veux être soigné, pour le reste je ne sais pas". Le reste étant ce qu'il voudrait faire et où il voudrait aller. Pour ce clandestin, qui se dit du Libéria, tout est une manne du ciel puisqu'il est loin de son pays natal où les balles et les cadavres allaient le rendre fou. Pour les huit, Dawud Odadani, Jeff Jordan, Sundy Reed, Sidibe Aboubakar, Samuel Archer, Jean-Pierre Nyar, Armand Hiecsat et Yan Ewesre, il n'est question que des soins et de la nourriture et surtout de quitter ce navire pour n'importe quel autre endroit où ils ne sont plus bouffés par la rouille, le bruit des machines et la chaleur meurtrière. Pour le reste, ils disent tous la même chose et quand on pousse les questions un peu plus loin, leur anglais ou français s'évapore laissant place à un mélange de dialectes indéchiffrables. Cet autre endroit, ils peuvent le rejoindre si les autorités marocaines avaient accepté de les laisser débarquer, si toutes les Ambassades saisies de cette affaire avaient répondu présent comme l'ont fait les Ivoiriens qui se sont déplacés pour voir si les quatre clandestins qui se disent de la Côte d'Ivoire le sont réellement ou non. "Je ne peux rien faire pour le moment. Il faut que je rende compte de la situation en haut lieu à l'Ambassade. Mais notre présence est un signe de bonne volonté et cela atteste de notre compréhension de la gravité de la situation.". Ce conseiller ivoirien dit être choqué par ce qu'il a vu et par l'état de détérioration de la santé des clandestins, mais avoue qu'il est incapable de définir si les quatre qui se disent Ivoiriens l'étaient réellement : "la langue n'est pas un critère suffisant pour savoir d'où ils viennent. Ils parlent français certes, mais les Camerounais, les Burkinabais, les Maliens et même les Nigérians le parlent aussi. Alors comment faire ? Maintenant, il y a parmi eux qui ont donné des noms de personnes que l'on peut contacter… on verra". Quand on lui dit qu'il y a aussi un moyen de le savoir en vérifiant les dialectes africains qu'ils parlent, on nous répond "qu'il y a plus de 56 dialectes qui sont aussi parlés par d'autres pays africains voisins". On n'ira pas loin et les deux conseillers promettent de faire vite, mais pour les sauf conduits qui pourraient permettre à l'armateur de rapatrier au moins quatre des huit clandestins, ils disent ne rien savoir.
A bord, nous apprenons que malgré la surveillance de l'équipage "ils sont arrivés à pénétrer au fond des cales. Mais c'est normal vu les tonnes de bois que nous transportons, quinze tonnes chaque tronc d'arbre, il est aisé à n'importe qui de se cacher pendant des jours. Dans les ports africains, la sécurité et la surveillance sont des notions encore ignorées ou alors complètement secondaires". D'ailleurs l'un des clandestins dit à plusieurs reprises que "là-bas, on peut monter dans n'importe quel bateau puisqu'il n'y a pas de contrôle". Là-bas, c'est aussi le port de San Pedro dans le sud de la Côte d'Ivoire où les six autres clandestins ont pris le chemin de la cale dans la nuit du 9 au 10 juillet. Un port ouvert où les clandestins de toute l'Afrique défilent à longueur de journée à l'affût d'une bonne occasion de faire partie d'un long voyage vers l'Eldorado. Cette fois, le paradis s'avère être le port de Casablanca où les moteurs sont silencieux et où l'avenir des huit semble ne pas vouloir s'écrire.
La mutinerie
"Nous avions un petit problème technique de rien du tout en plus d'un changement d'équipage que l'on doit faire tous les six mois. Il a fallu donc les débarquer à Casablanca pour les remplacer par d'autres marins prêts à partir encore pour six ou sept mois en mer. C'est lors de cet arrêt à Tenerife que le commandant a fait sa déclaration auprès des autorités marocaines. Quand la police est venue sur place, nous avons demandé le débarquement des clandestins mais personne ne voulait les faire débarquer. Ce que je ne comprend pas c'est que le bateau bat pavillon marocain et nous sommes avec les clandestins sur le sol du pays du pavillon. Comment ne pas les faire débarquer ?” La question reste posée jusqu'à ce moment même puisque personne n'a une ébauche de réponse alors que les lois sont claires. Le Maroc a signé des conventions selon lesquelles les autorités marocaines doivent assister toute personne en danger à bord d'un navire. Le code maritime de 1919 avec une ratification en 1974 pour la sauvegarde de la vie humaine en mer et qui prévoit de prêter assistance aux gens en toute priorité a été ratifié aussi par les autorités marocaines. “D'ailleurs nos navires sillonnent le monde avec une lettre de Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui demande à tous les pays avec lesquels nous avons des conventions de nous faciliter toutes les taches et de nous asssiter dans chaque port pour éviter tout problème», insiste, Mohamed Karia. L'armateur nous raconte l'histoire du Queen Marie, un navire britannique qui s'acheminait vers les Malouines lors de la guerre entre les Anglais et les Argentins : "dans l'Océan atlantique sud, un bateau marocain a coulé au large de l'Espagne, le navire britannique a secouru les Marocains, les a fait débarquer en Angleterre avant de repartir". Tout ceci pour sauver des vies humaines et ce sont là les lois du code maritime mondial, "alors que là pour cette affaire, on a nommé un médecin de la Santé publique qui atteste que la vie de ces gens est en danger et qu'il fallait les faire descendre ou les mettre sur le pont pour les aérer un peu, et pourtant, tout le monde semble ne pas vouloir prendre une mesure stricte telle que les conventions internationales le disent", confie Mohamed Karia, président de la IMTC, incapable de comprendre ce qui se passe. Mais là encore impossible de prendre le moindre risque "puisque les clandestins peuvent se sauver et là ce sera ma responsabilité". Et d'ajouter "à Marseille sur l'un de nos bateaux, il y avait des clandestins qui une fois les ONG arrivées sur les lieux, ont commencé à se plaindre qu'ils étaient maltraités. Bien sûr, la réputation du bateau et de la société en prennent un sacré coup", souligne le commandant Karia qui relate des dizaines d'histoires où les conventions internationales sont appliquées à la lettre et évitent par là même tous les désagréments, les retards et surtout permettent de sauver des vies humaines. "Je suis sur mon territoire avec mon propre pavillon ! qui va défendre mes droits si ce n'est pas mon pays ?" jette-t-il encore une fois dépassé par la tournure des choses. Et l'armateur est conscient du danger qu'il court si jamais il décide de partir vers l'Espagne, la Grèce et la Turquie qui sont les prochaines escales d'Al Mounir avec les clandestins à bord : "les Espagnols peuvent me bloquer, ils ont le droit de ne pas me laisser entrer au port. Et s'ils me laissent entrer, ils pourraient dans ce cas accepter de prendre les clandestins, de les tenir en prison pendant la durée de l'escale et de nous les ramener quand le bateau s'apprêtera à quitter le port. Nous sommes responsables de ces clandestins et en cas de pépin cela nous coûterait 250 000 dollars par personne."
Au-delà de tous les tracas causés par l'arrêt du navire, ce vendredi l'armateur a reçu une lettre du syndicat l'informant que les marins refusent de partir dans ce bateau avec les huit clandestins à bord.
"Je les comprends, insiste Mohamed Karia, l'armateur d'Al Mounir. Ils m'ont fait savoir qu'ils allaient tous quitter le bateau jusqu'à ce que je trouve une solution". Pour les membres de l'équipage, les choses sont très claires : "Au début quand nous sommes arrivés à Casablanca, quatre des huit clandestins ont été très agressifs et refusaient même de venir voir les policiers qui devaient notifier leur présence à bord. Aujourd'hui, ils sont très malades, leur état de santé s'est détérioré, les conditions d'hygiène dans le bateau sont effroyables. Cela pue à dix mètres à la ronde et les risques de drame sont aujourd'hui très forts. Je n'ai aucune envie de naviguer dans des conditions aussi dramatiques" affirme l'un des marins.Les marins qui risquent le licenciement puisque l'armateur a répondu en leur disant que tout marin qui quitte le bateau sera licencié immédiatement, ne craignent pas cette épée de Damoclès qui plane sur leurs têtes : "autant ne pas travailler si c'est à ce prix là". Pour l'armateur, la sécurité du bateau passe avant tout et l'équipage en est responsable : "imaginez que les clandestins cassent les amarres et que le bateau touche d'autres navires à quai, ce serait la catastrophe".
Sur une escale initiale qui devait ne prendre que 48 heures, voilà cinq jours déjà que le bateau est retenu au port, tenu en otages par les clandestins face aux autorités marocaines qui n'arrivent pas encore à statuer sur une affaire pourtant claire. Chaque journée passée à l'intérieur du port coûte à l'armateur cinq mille dollars. Une situation intenable qui l'a poussé à saisir le procureur du Roi, le ministère de l'Intérieur, les responsables du port, le wali de la ville et tant d'autres directions pour trouver une solution rapide à ce problème.
L'impuissance des uns et des autres
"Nous demandons le débarquement de ces clandestins et que les autorités marocaines s'en occupent comme les lois le disent. Nous assumerons toutes les charges de leur rapatriement à leurs pays d'origine. Dans ce sens, nous avons déjà déposé une caution pour leur signifier que depuis leur sortie jusqu'à leur retour, nous payons tout, la nourriture, la surveillance…etc. Nous avons deux cautions : l'une du Club West of England à Londres et notre caution à nous. A la dernière minute, le procureur du Roi nous a répondu que du moment qu'ils n'avaient pas de papiers sur eux, on ne pouvait en aucun cas les faire débarquer." Reste à savoir si les clandestins avaient leurs papiers, ils seraient allés demander un visa ou se livrer à la police qui les accompagnerait jusqu'à l'aéroport pour rentrer chez eux. "On a écrit à la police, on a saisi le ministre chargé de l'Economie, le préfet de police, et on attend une solution… le directeur de la marine marchande a écrit plusieurs lettres à toutes les instances responsables du secteur, nous avons saisi aussi le Comité central des armateurs marocains dont le président est monsieur Ibrahimi de la Comanav mais rien n'y fait." Quoi qu'il en soit les problèmes de l'armateur semblent prendre plus d'ampleur. D'abord la partie syndicale qui soutient à cent pour cent l'équipage du bateau avec l'appui de tous les officiers sans oublier les bateaux passagers qui font Tanger/Algésiras et dont les officiers disent qu'ils sont solidaires avec leurs collègues : "imaginez que je sors au large de Kénitra et qu'un malabar me poignarde surtout que nous n'avons pas de prison à bord où l'on peut tenir les gens tranquilles derrière des barreaux en leur garantissant le sommeil, la nourriture et les soins jusqu'à ce qu'on les fasse débarquer". A bord d'un navire, nul n'a le droit de mettre un passager aussi clandestin soit-il dans un container ni de l'enfermer dans un magasin. Le commandant de bord, Addi Ahmis, dit ne pas pouvoir envoyer un agent pour les nourrir de peur qu'un drame ne se produise, et il réitère sa décision de ne pas naviguer tant qu'une solution n'est pas trouvée et tant que le navire n'est pas en règle. "Malgré la police, la douane et toute la surveillance, l'autre fois il y avait 37 clandestins à destination de Marseille. Nous payons la police, la société de gardiennage, mais de temps à autre il y'en a un, deux ou cinq qui passent. Une fois, il y avait un bateau qui partait vers l'Italie avec 50 clandestins à bord que l'on a fait débarquer au Maroc après le retour du bateau", l'armateur s'épanche sur les centaines d'affaires de clandestins qui sont le lot quotidien des ports du monde et du Maroc notamment. Avant d'enchaîner en précisant qu'il est hors de question pour lui de reprendre le chemin du Sud pour revenir à la case départ avec toutes les pertes que cela suppose. "Si je dois revenir à San Pedro pour déposer les clandestins chez eux, cela me ferait 18 jours de mer!!". On apprend que la West of England, qui assure Al Mounir, se propose d'affréter un avion pour les huit clandestins si les autorités marocaines arrivaient à définir leurs nationalités après les avoir fait descendre du bateau. Ce qui est impensable, c'est que l'on demande à l'armateur de les garder six mois à bord durant toute la durée du périple avant de revenir en Afrique.
Sur le bateau que nous avons visité de bout en bout, il est absolument impossible de garder les huit passagers puisqu'il n'y a pas de place. Des cabines étroites pour les 14 membres de l'équipage et le reste, c'est la cargaison et la ferraille qui le disputent à la chaleur. A moins que l'on décide de les laisser mourir dans les cales pendant encore six mois où ils finiront bien par pourrir. Il n'y a pas de cuisinier pour leur faire à manger, il n' y a pas de soins médicaux prévus pour eux, leur unique chance de salut est de se faire admettre dans un hôpital, se faire soigner, récupérer avant de se voir rapatriés dans leurs pays d'origine au frais de l'armateur. Pour le moment, les choses semblent au point mort avec des hommes malades à bord d'un bateau qui est le seul bateau battant pavillon marocain qui sillonne les mers. Sans oublier que cette histoire risque de ternir la réputation de la compagnie et de voir des ONG rappliquer pour faire de cette affaire malheureuse un autre cheval de bataille. Ce qui ne servirait aucunement l'image du pays connu pour son respect des conventions internationales et surtout pour son implication dans tout ce qui relève de l'humanitaire. En attendant, huit hommes sont en train de mourir dans le port en attendant une solution miracle face à l'impuissance des uns et des autres.


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