En ces temps-ci, je n'ai pas tellement la tête à ça, mais si on me les propose comme ça, gentiment, sans trop me brusquer, je ne sais pas si je dirais non. Ah que c'est sympa les vacances ! Depuis l'avènement du congé payé – l'invention la plus détestée des patrons - les vacances n'ont pas arrêté d'avoir la cote au point d'en devenir sacrées. D'ailleurs, dans pratiquement toutes les couches sociales, elles sont l'antidote dialectique du labeur. En effet, qui dit boulot, dit repos, qui dit repos dit vacances, et, hélas, qui dit vacances dit... eh oui... au boulot ! On n'a pas que ça à faire ! Mais ça, j'ai oublié de vous le préciser, c'est, bien sûr, pour les gens qui travaillent. Les autres – les chômeurs, les «demandeurs d'emploi», les «envoyeurs de CV», les «collectionneurs de regrets» et autres «sitineurs» - eux, pas de boulot, pas de vacances. C'est dialectique. En vérité, je ne connais pas trop, mais j'ai l'impression que ceux qui n'ont pas de boulot, ils sont plutôt peinards. Ils n'ont pas besoin de se réveiller tôt tous les matins, courir derrière des bus déglingués et toujours pressés, s'entasser avec d'autres malheureux travailleurs dans des taxis crasseux et bondés, se faire engueuler chaque jour par un contremaître aigri et complexé, subir régulièrement le courroux de patrons coléreux et toujours insatisfaits, revenir chaque soir à la maison sur les genoux, avaler en vitesse sa soupe froide ou ses fayots réchauffés, et roupiller aussitôt pour pouvoir être de nouveau sur pied le lendemain, plus en forme qu'hier, et bien moins que demain. Tu parles d'une vie ! Et, bien sûr, durant toute l'année, du matin au soir, dimanches et jours fériés, ne penser qu'à une seule chose : les vacances ! Et quand, enfin, elles arrivent, elles ramènent avec elles leur propre interrogation métaphysique : avec quoi ? Eh oui ! Parce que le congé a beau être payé, il n'en demeure pas moins, bien insuffisant pour payer tout ce qu'il y a à payer pour les vacances. Heureusement que des esprits géniaux ont trouvé une idée astucieusement opérationnelle et productive : le «Crédit-vacances». C'est un produit financier «normal» comme un autre, c'est-à-dire qu'on est emballé par l'emballage, mais aussitôt acheté, on est emballé à vie. Oui, soyons honnête, pas toujours. Là, par exemple, ça ne dépasse jamais 1 à 2 ans, mais quand même... Bosser toute l'année pour rembourser encore toute l'année deux petites semaines passées sous un soleil de plomb sur des plages bourrées et polluées, mangeant et dormant un peu n'importe comment, c'est vraiment n'importe quoi ! Heureusement que tout ça, c'est presque fini. Cette année - et ça va être encore mieux, au moins pour les 5 prochaines années - les vacances, Dieu merci, on peut s'en passer. Comme quoi, le ramadan, ça a du bon pour certains, très nombreux d'ailleurs et qui se recon-naîtront. Quant aux autres, bonnes vacances quand même !