La filière palmier dattier joue aujourd'hui un rôle déterminant dans le développement socio-économique dans les zones oasiennes. Mais le manque de connaissances en matière de commercialisation et la présence des intermédiaires affectent négativement les revenus des petits agriculteurs. L'INRA oeuvre à la conception de divers produits dérivés pour mettre en valeur la production locale. Occasion d'échanges entre les différents acteurs du secteur palmier dattier, le Salon international des dattes, tenu du 24 au 27 octobre à Erfoud, est avant tout une plateforme importante pour trouver des débouchés, notamment pour les petits agriculteurs. Le volet commercialisation occupe une place stratégique dans la politique de mise en valeur de la filière. Certains groupements d'intérêts économiques (GIE), créés dans le cadre du contrat-programme du Plan Maroc vert, composés de coopératives et de partenaires privés, peinent à trouver des marchés. Le manque de connaissances en matière de commercialisation est l'un des principaux handicaps de ces petits agriculteurs. Ces derniers continuent de faire la cueillette de manière artisanale et ne font pas de pré-triage, chose qui génère d'importants déchets et impacte le prix du produit final. «Nous n'avons pas les outils nécessaires pour récolter et emballer les dattes comme c'est le cas pour les grands producteurs. Du coup, notre production n'a pas une forte valeur ajoutée», déplore Youssef, membre d'une coopérative. En outre, la forte présence des intermédiaires impacte négativement le développement du secteur. Ils achètent les dattes à un prix très bas, ce qui empêche les agriculteurs d'améliorer leur niveau de vie et d'investir dans leurs projets. De plus, une bonne part de la production se vend sur les marchés régionaux et occasionnels par certains agriculteurs, alors que les coopératives entrent souvent en compétition sur le marché. Pour remédier à la situation, plusieurs conventions et partenariats ont été conclus portant sur le développement des compétences des agriculteurs par la formation dans le volet gestion de la qualité et la commercialisation. Le revenu moyen des agriculteurs s'est tout de même amélioré de 33% grâce à l'amélioration de la qualité de la production. La filière joue ainsi un rôle socio-économique important au niveau des zones oasiennes, en contribuant entre 20 et 60% à la formation du revenu agricole pour plus de 2 millions d'habitants. Le nombre de journées de travail créées a également doublé grâce à l'amélioration du rendement de la main-d'œuvre de 40%. Nouvelles pistes à exploiter Une grande partie de l'arbre peut être exploitée pour que cette filière profite d'une meilleure rentabilité. «Les études et recherches scientifiques réalisées par l'Institut national de recherche agronomiques autour des produits du palmier dattier proposent plusieurs pistes autour des autres caractéristiques, aussi bien des dattes que de l'arbre lui-même», affirme Hasnaâ Harrak, directrice de recherche du laboratoire de technologie agroalimentaire et qualité à l'INRA. En effet, la datte est une matière première idéale pour la conception de divers produits agroalimentaires. Les confitures, biscuits, pâtisseries et pâtes de dattes associées à d'autres fruits sont des produits appréciés par les consommateurs. L'analyse biochimique et nutritionnelle de certaines variétés de dattes méconnues du grand public est susceptible d'augmenter leur attractivité, ajoute Harrak. Les laboratoires qui développent des produits pour le secteur cosmétique s'intéressent, eux, aux extraits de plantes riches en polyphénols et antioxydants. En effet, la composition biochimique des dattes et des noyaux les rendent exploitables dans ce domaine à forte valeur ajoutée. Finalement, les déchets de dattes et noyaux qui résultent des opérations de transformation pourraient être mieux valorisés par la création d'une unité de fabrication d'aliment complet pour bétail. Ce sont là autant axes qui permettraient d'améliorer les revenus de petits agriculteurs des zones oasiennes.