Le secteur des cimentiers cotés semble voué à un bel avenir. C'est du moins ce qui ressort de la dernière note analytique de CFG Group, laquelle met à jour les perspectives de Lafarge Ciments, Ciments du Maroc et Holcim Maroc. D'emblée, la banque d'affaires annonce avoir revu ses recommandations pour les trois sociétés. Lafarge Ciments et Ciments du Maroc sont en effet des valeurs à conserver dans les portefeuilles tandis que Holcim est recommandée à l'achat. Pour rappel, dans leurs précédentes analyses, les analystes de CFG recommandaient de vendre Lafarge et de conserver Ciments du Maroc et Holcim. C'est dire l'optimisme qui plane sur les perspectives de ces trois sociétés. Les motifs d'une embellie Pour les analystes, les tensions sur ces trois leaders du secteur du ciment s'avèrent aujourd'hui moins importantes du fait d'un marché plus friand en ciment. En d'autres termes, le contexte de faible consommation de ciment, ayant entraîné une concurrence encore plus rude pour les trois cimentiers, semble s'être estompé. De plus, les valeurs Lafarge et Holcim ont récemment accusé des baisses de cours, de 24,3% et 27,5% respectivement sur un glissement annuel, ce qui rend leurs prix actuels encore plus attractifs. «L'attrait du titre Holcim Maroc est d'autant plus justifié, qu'en termes de multiples EV/EBITDA (NDLR: ratio le plus pertinent pour cette industrie), le titre traite avec une décote considérable sur la base de l'EBITDA 2013», explique-t-on auprès de CFG. À ceci, il faudra ajouter l'impact de l'absorption plus rapide qu'anticipée du surplus de production au niveau national, et la facilité que cela implique concernant l'intégration du nouvel entrant, une situation qui s'avère finalement particulièrement profitable à Holcim Maroc. Il faut également dire que Holcim met actuellement toutes les chances de son côté. Les régions où la société est présente, notamment l'ouest et l'oriental, affichent, en effet, des taux de croissance assez importants. Ceux-ci s'établissent respectivement à 19,1% et 7,7%. Cette situation a pour conséquence, selon les analystes, une moindre pression concurrentielle sur ce marché. «Nous prenons le pari que l'entreprise a révisé sa politique de protection des prix au détriment de la croissance des ventes en volumes, pour se concentrer sur ces derniers» ajoutent les analystes. Cette reconfiguration serait induite par le fait que le marché soit devenu plus imposant et que, dans ces conditions, il est primordial de défendre les parts de marché. Pour le cas de Ciments du Maroc, quoique ses résultats 2011 soient attendus «satisfaisants», les analystes de CFG pensent que le potentiel de croissance à moyen terme reste limité, principalement en raison du retard accusé au niveau des investissements. Ceci devrait en effet empêcher le groupe cimentier de profiter pleinement de la vague de croissance à venir sur le marché, tout en le rendant vulnérable face à l'entrée en production de la seconde cimenterie de Ciments de l'Atlas. Des trois cimentiers cotés, c'est la filiale d'Italcementi qui devrait donc être la plus touchée par une recrudescence de la concurrence. En plus de Ciments de l'Atlas, la société devrait également composer avec l'arrivée de l'usine d'Ait Baha de Lafarge Ciments en 2014. La région du Souss où Ciments du Maroc est concentré devient donc de plus en plus concurrentielle. L'enjeu pour Ciments du Maroc est clairement de réaliser rapidement de nouveaux investissements qui lui permettraient de suivre le rythme de croissance du marché sans pour autant se laisser grappiller des parts de marché par ses concurrents. En attendant, pour les analystes de CFG, le cours du titre ne risque pas d'être influencé par cette donne vu qu'elle aurait déjà été intégrée dans le cours actuel de l'action. C'est d'ailleurs ce qui explique que la recommandation du titre Cimar est la seule des trois à rester inchangée dans la nouvelle analyse de CFG Group. Par ailleurs, la meilleure évolution dans cette mise à jour des recommandations des cimentiers est clairement celle de Lafarge Ciments. Le titre du groupe, qui était jusque-là recommandé à la vente est aujourd'hui à conserver dans les portefeuilles. Ceci est dû principalement à la stratégie agressive dont a fait preuve Lafarge afin de tirer profit de la croissance du secteur. Finalement, les analystes de CFG pensent que les réalisations de Lafarge risquent d'être nettement meilleures que prévues en raison, d'un côté, d'une bonne maîtrise des coûts, et d'un autre, grâce à la pression sur les prix qui s'est avérée moins lourde que prévue. «Concernant l'année 2012, nos prévisions de chiffres d'affaires passent à +2.4% contre +1% précédemment à 5.7 MMDH. L'impact positif qui devrait en découler sur les marges se verrait contrebalancé partiellement par l'augmentation prévue du coke de pétrole à +5%», prévoit-on auprès de CFG.