C'est un obstacle supplémentaire pour trouver une issue à la crise entre le gouvernement et les étudiants en médecine. Anas Doukkali, ministre de la Santé, relance l'idée du service national obligeant les lauréats des facultés de médecine à passer deux ans de service sous contrat. Cette proposition avait été refusée par les étudiants en 2015. À cette époque et après une grève de deux mois, le gouvernement avait retiré ce projet suite à un accord avec la Commission nationale des étudiants en médecine au Maroc (CNEM) daté du 3 novembre 2015. «C'est une violation de l'accord de 2015 et une manière pour le gouvernement de se dérober de sa responsabilité d'assurer des services de soins de qualité pour les Marocains dans les zones éloignées», lance Ayoub Aboubiji, coordinateur national des étudiants en médecine au Maroc. Cet ancien et nouveau point de discorde s'ajoute à l'échec du processus de négociation lancé début juillet entre les deux parties. Un accord avant la rentrée est à oublier d'autant plus que les négociateurs gouvernementaux ont ajourné leurs rencontres pour cause de vacances. Crise en trois séquences Depuis février 2019, nous avons observé plusieurs séquences. Dans une première phase, il y a des tensions, des grèves, des manifestations, le tout encouragé par une indifférence gouvernementale. Une deuxième phase marquée par l'enlisement a connu le boycott des examens, des actions de répression et de suspension. Dans une troisième phase, nous avons observé une légère accalmie avec le début des négociations et des promesses sauf que l'espoir d'un dénouement s'est brisé le 23 juillet. La CNEM s'attendait à un accord avant la fin août. À la place, l'instance représentative des étudiants annonce une marche nationale le 1er septembre et maintient son boycott des cours. «Nous avons montré toute notre bonne volonté au gouvernement. Dans une première étape, nous avons rencontré le ministère de l'Intérieur. Dans une deuxième étape, nous avons rencontré la commission interministérielle (Santé, l'Enseignement supérieur, le SGG et les Finances) mais encore une fois, cette commission a refusé de s'engager sur les deux points de désaccord avec le gouvernement : l'annulation de la sixième année pour la médecine dentaire et l'ouverture du concours de résidanat. Sans un accord sur ces deux points, tout dialogue sera vain», affirme le représentant national des étudiants en médecine. La méthodologie de la commission vise à préparer une réforme à soumettre au gouvernement avant la fin de l'année. «Nous sommes conscients qu'il faut tout revoir pour améliorer la formation en médecine au Maroc mais encore une fois, nous avons des doléances urgentes qui attendent une réponse claire», insiste Aboubiji de la CNEM. Et de conclure : «Nous appelons le gouvernement à traiter les étudiants comme des partenaires, non pas comme des ennemis ou des comploteurs. Il faut en finir avec cette mentalité et cela passe par un accord écrit. C'est l'unique moyen pour mettre fin à cette crise de confiance».