Loin de moi l'idée saugrenue et largement répandue de crier comme le font beaucoup de tarés racistes et bellicistes ici et là : oh lala, les Chinois sont là ! D'abord, moi, j'aime beaucoup les Chinois. De plus, contrairement à bien d'autres, j'aimais les Chinois bien avant qu'ils ne deviennent des gens normaux, autrement dit des riches comme tout le monde. Je les aimais bien d'abord parce que je les trouvais bien aimables. À chaque fois, par exemple, que je rentrais dans un restaurant chinois, je trouvais toujours toute la communauté chinoise du lieu en question au garde-à-vous, le visage débridé et un grand sourire à la clé. Après - pour faire un jeu de mots facile - «on nems ou on nems pas» la cuisine chinoise, ça, c'est une autre histoire. En fait, à propos d'histoire, j'ai commencé à aimer les Chinois depuis que j'ai fait la connaissance de leur grand timonier et artisan de la fameuse longue marche chinoise. Bien sûr, vous l'avez deviné, c'est bien du grand Mao Zédoung qu'il s'agit. Quand je vous dis que j'ai fait sa connaissance, en vérité, ce n'était pas, hélas, d'une manière directe, mais, un peu comme tout le monde, c'est-à-dire à travers son fameux petit livre rouge qui était devenu, le temps de ma période, justement, «rouge», un de mes livres de chevet. Si j'en parle aujourd'hui sans peur et sans crainte, c'est parce qu'il y a prescription. Du moins, je l'espère... En tout cas, je n'ai pas honte de vous dire que je l'avais appris par cœur. J'étais capable de réciter, sans hésiter, jusqu'à 20 citations à la queue leu leu. Je ne vais pas le faire maintenant car ça serait un peu ridicule et ça prendrait trop de place, mais je me souviens d'une, en particulier, que j'avais même placardée au-dessus de mon petit bureau dans ma petite chambre d'étudiant, et qui disait à peu près ceci : «La bouse de vache est plus utile que les dogmes. On peut en faire de l'engrais». Quelle lucidité ! D'ailleurs, ça tombe bien, c'est de lucidité que je voulais vous parler aujourd'hui. Comme vous le savez, c'est la lucidité qui manque souvent à nos responsables. Et voilà que, pour la première fois, un beau matin, elle leur est tombée sur la tête, les a réveillés et les a guidés, justement, jusqu'à Pékin où vient de s'achever la Foire internationale du tourisme, édition 2010. Tiens ! Je vais vous poser une devinette : si je vous dis 2010 et touristes, vous allez me répondre... ? Gagné ! Bien sûr, 10 millions de touristes. Eh bien, on y arrive ! Comme ils ne sont plus qu'à 6 mois de l'échéance fatidique, et qu'il leur manque encore, au moins, quelques centaines de milliers, ils sont allés chiner à Pékin pour les dénicher. Maintenant, ils peuvent être fiers d'avoir réinventé un nouveau proverbe : «Il faut aller chercher le touriste jusqu'en Chine». Après, «on nems ou on nems pas»...