Parole d'expert, le marché boursier redevient attrayant. Pour s'en convaincre, il suffit de rappeler que l'indice de toutes les valeurs de la Bourse de Casablanca (MASI) devrait terminer le 1er semestre 2010 sur une performance de 15%, alors qu'il parvenait à peine à maintenir le statu quo sur la première moitié de 2009. Mais plus que la simple variation du Masi, d'autres indicateurs témoignent d'une reprise de fond sur le marché boursier. S'agissant de volumes d'abord, ceux-ci se sont manifestement repris sur les six premiers mois de 2010. En fait, si elles se poursuivent sur le même rythme, les transactions du marché boursier pourraient même terminer l'année sur une augmentation de 30% par rapport à 2009, à 187 milliards de dirhams, selon les projections de CFG Group. Un grand progrès, sachant que les mêmes volumes cumulaient entre 2007 et 2009 une dégringolade de 60%. À n'en pas douter, «un regain de confiance se fait ressentir parmi les investisseurs», assure Younès Benjelloun directeur général de CFG Marchés. En corollaire, c'est la liquidité du marché boursier qui s'en porte mieux. Cet indicateur (calculé en rapportant le volume des transactions actions à la capitalisation boursière moyenne) renseigne sur la capacité à acheter ou à vendre un titre rapidement, sans que cela ait d'effet majeur sur les prix. Et il se trouve que la liquidité du marché devrait repasser en 2010 au-dessus de sa moyenne des 15 dernières années (12,7%) pour atteindre 14,2%. Une amélioration perceptible par rapport à 2009 où ce ratio avait baissé jusqu'à 10,9% sous l'effet d'une contraction des volumes traités. À ce niveau toutefois, on reste loin du pic de 29,2% atteint en 2007 par un marché boursier des plus dynamiques. Cooper Pharma Maroc, future recrue de la cote ? Il n'en demeure pas moins qu'avec ce début de reprise, la capitalisation boursière regagne du poids dans l'économie. Preuve en est, à son niveau actuel, autour de 600 milliards de dirhams, la capitalisation boursière représente 76,9% du PIB, alors que ce même ratio était retombé à 70% dans le contexte boursier chahuté de 2009. Regain de confiance des investisseurs en l'efficience du marché boursier, rétablissement des ratios de liquidité ... Immanquablement, avec toutes ces bonnes nouvelles, la machine des introductions en Bourse ne pouvait que reprendre. Cela explique le lancement de l'introduction en Bourse du concessionnaire tunisien Ennakl qui pour rappel figure comme la première opération de double cotation (sur la place de Tunis et la place de Casablanca) opérée dans la région maghrébine. C'est le signe que le marché boursier marocain est placé sous un bon signe, la clôture anticipée de cette opération est intervenue vendredi dernier soit trois jours après le lancement des souscriptions. Pour sur cela, sera de nature à décider plusieurs opérations d'introduction qui ont été reportées jusqu'à maintenant. À ce titre, le marché évoque de manière insistante l'opérateur pharmaceutique Cooper Pharma Maroc, qui serait tout près de lancer son processus de cotation. Mais il n'y a pas que les introductions en Bourse pour fournir du papier frais aux investisseurs. En effet, Maroc Telecom qui devrait voir son flottant en Bourse s'élargir, le ministère de l'Economie et des finances ayant annoncé son intention de céder 8% des participations de l'Etat dans le capital de l'opérateur sur la Bourse de Casablanca. À cela s'ajoutent le désengagement du tandem ONA-SNI de certaines de leurs filiales, dans le cadre de leur réorientation stratégique, ce qui devrait induire à très court terme la cession par ONA-SNI sur le marché boursier du contrôle de Cosumar, Lesieur et l'ensemble Centrale laitière/Bimo/Sotherma. Et avec la Bourse de Casablanca prête à redécoller, c'est le développement connu par le marché boursier ces dernières années qui devrait se poursuivre. Rappelons qu'à la faveur des introductions en Bourse intervenues à partir de 2004, la capitalisation boursière a été multipliée par 4,4 entre 2003 et 2009. Ce faisant, le marché boursier a gagné un poids nouveau dans l'économie nationale dans la mesure où la part de la capitalisation boursière dans le PIB a augmenté de 60% en l'espace de cinq ans. Il s'en dégage au passage une représentativité accrue par le marché boursier de l'économie nationale s'enrichit de nouveaux secteurs ayant fait leur entrée à la cote casablancaise.