C'est une première : La responsabilité sociale de 40 sociétés cotées vient de faire l'objet d'une notation. C'est là une initiative du cabinet international Vigeo. Objectif, mettre à la disposition des investisseurs et des gestionnaires de fonds une vision sur le degré de responsabilité sociale des entreprises, qui pourraient faire l'objet de placements financiers. «De plus en plus d'investisseurs sont aujourd'hui très sensibles à ce volet. Il est devenu l'un des critères retenus pour le choix de l'investissement», explique Fouad Benseddik, directeur des méthodes et des relations internationales à Vigeo. Ce dernier ajoute que le recours à la notation des sociétés cotées est principalement dû à la disponibilité de l'information auprès de celles-ci, sans pour autant exclure l'extension de la couverture à d'autres entreprises dans de prochaines éditions. Huit lauréats Dans ce sens, ce sont huit des quarante entreprises analysées qui ont été sacrées «Top Performers RSE». Dans le secteur bancaire, on retrouve ainsi BMCE Bank et BMCI. La première s'est en effet distinguée grâce à sa stratégie environnementale, avec notamment l'obtention de la certification ISO 14.000 et sa contribution aux causes d'intérêt général en réservant environ 3% de son PIB à la construction d'écoles un peu partout à travers le royaume. La filiale de BNP Paribas a, en revanche, tiré profit de sa gestion des carrières, la formation et la promotion de l'employabilité pour se positionner parmi les huit sociétés cotées primées par Vigeo. Les filiales cotées de la SNI sont également bien représentées dans ce top Huit. On notera d'abord la présence de Centrale Laitière qui a joui d'une appréciation du risque produit. Ensuite, Cosumar qui, en plus de la maîtrise du risque produit, tire profit de l'indépendance de son Conseil d'administration et la mise en place d'un système d'audit et de contrôles internes accueillis positivement par les analystes de l'agence de notation. Managem complète le trio des filiales de SNI en se distinguant dans l'intérêt qu'accorde son top management au dialogue social. La société minière affiche en effet une absence totale de grèves sur les deux dernières années, ce qui a fortement influencé son score. Lafarge Ciments, Maroc Telecom et Lydec sont les trois autres sociétés primées lors de la cérémonie organisée par Vigeo. Le cimentier affiche la meilleure performance dans le respect de la liberté syndicale, la promotion du droit de négociation collective et du dialogue social. En revanche, Maroc Telecom, à l'instar de BMCE Bank, a su se positionner sur les causes d'intérêt général, en plus de son score en matière de prévention contre la corruption. Enfin, Lydec jouit d'une bonne image en matière de prévention des discriminations et de promotion de l'égalité professionnelle où elle a obtenu les meilleures performances. L'info se fait rare Plus globalement, l'analyse des 40 sociétés cotées a permis à Vigeo de faire ressortir que le Maroc, bien qu'en évolution, dispose de scores nettement inférieurs à ceux de l'Europe. Parmi les points qui pénalisent sensiblement le score du royaume figurent l'indépendance des conseils d'administration des entreprises et le manque d'information par rapport aux délibérations de ceux-ci. Il est également reproché au Maroc de ne disposer que de peu d'information sur la rémunération des dirigeants. «En l'absence de contraintes réglementaires, de demandes des investisseurs ou des agences de notations, rares sont les entreprises qui font preuve d'un grand intérêt pour le développement de la responsabilité sociale dans les entreprises», ajoute la même source. C'est dire que l'action entamée par la CGEM dernièrement, poussant les entreprises à s'intéresser davantage à ce volet, tombe à point nommé pour mettre les sociétés marocaines au diapason des standards internationaux. Lire aussi : Fouad Benseddik: «L'information sur la gouvernance se fait rare»