Quarante-cinq personnes, dont de hauts responsables, impliquées dans l'affaire de l'homme d'affaires algérien, Mahieddine Tahkout, font l'objet d'une enquête judiciaire pour notamment des faits de corruption et de blanchiment d'argent, a annoncé mardi le parquet d'Alger. Le proche du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, a été placé en détention provisoire pour des affaires de corruption. Le Groupe Tahkout possède notamment l'un des plus importants réseaux de concessionnaires automobiles en Algérie. Sur les 56 personnes entendues dans le cadre de cette affaire, 45 sont visées par une enquête judiciaire, indique mardi le parquet dans un communiqué diffusé par la télévision publique. Le juge d'instruction "a décidé de placer 19 accusés en détention provisoire et sept sous contrôle judiciaire", détaille la même source qui précise que les 19 autres restent libres. Figurent parmi les personnes poursuivies : Mahieddine Tahkout, son fils et deux de ses frères, 38 fonctionnaires de différentes administrations publiques et services ministériels et trois employés des entreprises de Tahkout, selon le parquet. Par ailleurs, 11 autres personnes ont été entendues dans le cadre de cette même affaire, dont un ancien Premier ministre, deux anciens ministres, un ministre en poste, cinq anciens walis (préfets) et deux walis en poste, a indiqué la même source sans donner de noms. L'agence de presse officielle APS avait rapporté lundi que Tahkout et ses proches avaient été entendus par la justice avec notamment l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Au vu des fonctions qu'exerçaient ces 11 personnes au moment des faits, elles bénéficient du privilège de juridiction et leur dossier a été envoyé au procureur général près de la cour d'Alger afin qu'il décide des suites à donner. Les 45 autres personnes sont poursuivies au pénal notamment pour blanchiment d'argent, transfert de biens obtenus par des faits de corruption à l'effet d'en dissimuler la source illicite, dilapidation de deniers publics. Plusieurs puissants hommes d'affaires ont été placés en détention provisoire depuis la démission le 2 avril de Bouteflika, sous la pression d'un mouvement de contestation inédit. Certains observateurs craignent que cela serve à offrir des "têtes" à la contestation, tout en procédant à une "purge" dans le cadre de luttes de clans au sein du pouvoir.