L'annonce a été faite par son directeur général, Badr Ikken, lors du Forum africain de l'économie circulaire tenu lundi à Helsinki en marge du Forum mondial de l'économie circulaire. Décidément, l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (Iresen) n'arrête pas de nous étonner ! Alors que l'on pensait que ses domaines de recherche se limitent aux seules énergies solaire et éolienne, à la biomasse, à l'effi cacité énergétique, aux réseaux, aux batteries de stockage et à la mobilité électrique, ce qui représente somme toute huit domaines de recherche si l'on sait que le solaire regroupe le thermique et le photovoltaïque, la réalité est encore beaucoup plus surprenante. En effet, intervenant lors du Forum africain de l'économie circulaire, tenu lundi 3 juin, à Helsinki en marge de la 3e édition du Forum mondial de l'économie circulaire (WCEF2019) où la société qu'il dirige a représenté le Maroc, Badr Ikken, directeur général de l'Iresen a déclaré à cette occasion que «l'Iresen travaille actuellement dans l'économie circulaire, notamment dans trois domaines de recherche distincts, à savoir la valorisation de certaines plantes comme matériau pour la construction durable et le recyclage des batteries de véhicules électriques, ceux-ci à court et moyen termes et la production d'hydrogène qui a de très grandes vertus circulaires à long terme». Les fi bres de plantes comme isolants phoniques Le premier sujet de recherche est un sujet qui se développe bien en Afrique actuellement. En effet, le recyclage des déchets pour le secteur du bâtiment et l'éco-construction est assez présent dans certains pays du continent. Au Maroc, le sujet de recherche sur lequel travaille l'Iresen porte lui sur la valorisation de déchets agricoles où l'institut à plusieurs projets en cours : notamment la valorisation des déchets de bois de palmier dattier et la valorisation de fi bres de différentes plantes y compris le chanvre. Certaines des maisonnettes en cours de construction sur la plateforme du Green and smart building park à Benguerir seront édifi ées avec des briques en chanvre. «Dans ma présentation, j'ai donné l'exemple des plaques isophoniques importées qui coûtent excessivement chères alors qu'avec ces fi bres de plantes, il est possible d'arriver aux mêmes performances acoustiques sans se ruiner», explique Badr Ikken. Il est à préciser qu'on parle là de produits à haute valeur qui seraient très demandés dans le secteur du bâtiment appelé à adopter prochainement les principes de la construction durable. Allonger la durée de vie des batteries de véhicules Le second sujet de recherche de l'Iresen dans l'économie circulaire est relatif aux batteries de véhicules électriques. Selon Badr Ikken, «l'impact de ces batteries sur l'environnement sera sans commune mesure par rapport aux sachets en plastique. En effet, si l'on parle de milliers de tonnes lorsqu'on évoque les déchets plastiques, concernant les batteries, on parlera de centaines de millions de kilogrammes de déchets». Pour preuve, le Maroc vient de signer, il y a deux semaines à Vancouver, un partenariat initié par la Banque mondiale sur le stockage énergétique. En fait, la Banque mondiale souhaite soutenir la mise en service de plusieurs millions de batteries, notamment au niveau du continent africain et ailleurs. Cela ouvrira certes de nouvelles opportunités dans la mobilité électrique et dans l'accès à l'énergie à 600 millions d'Africains non connectés aux réseaux électriques à travers le développement de projets off-grids via le photovoltaïque mais cela constitue aussi une grande menace qu'il faut plutôt transformer en opportunité. Aussi cette dernière initiative qui vient conforter l'Iresen dans sa démarche a consisté à se positionner très tôt sur ce créneau pour créer un écosystème. Badr Ikken et son équipe travaillent plus précisément sur deux sujets en relation avec la valorisation et la réutilisation des batteries électriques. Le premier concerne le stockage énergétique pour le secteur résidentiel où deux applications sont en cours de développement tandis que le second a trait au recyclage des batteries électriques. L'état d'avancement des travaux de recherche sur ces deux thématiques sera présenté en septembre prochain lors de l'inauguration du Green and smart building park prévue en septembre. Produire massivement de l'hydrogène Le troisième et dernier sujet de recherche présenté par le patron de l'Iresen lors du Forum africain de l'économie circulaire ici à Helsinki a trait à la production d'hydrogène à partir d'énergies renouvelables. L'Institut est déjà pleinement engagé sur ce créneau du futur qui connaîtra un dénouement dans les moyens et long termes. «Un dénouement qui offrira de très grandes opportunités au continent africain parce que cela va permettre de produire des combustibles propres qui pourront être utilisés dans les secteur industriel pour la génération d'électricité et dans le transport», projette Badr Ikken. Ouvert par Vincent Biruta, le ministre rwandais de l'environnement, le Forum africain de l'économie circulaire a également connu la participation d'Anthony Nyong, directeur du changement climatique et de la croissance verte à la Banque africaine de développement ; de Kgauta Mokoena, coordinateur de l'Alliance africaine de l'économie circulaire lancée lors de la COP 23 à Bonn en novembre 2018 et de trois dirigeants d'entreprises qui appliquent déjà des solutions notamment en Afrique du Sud, au Rwanda et au Kenya.