Sérieusement menacés par le manque d'eau, la Chine et le Maroc font bloc pour tenter de résoudre ensemble les problèmes auxquels les deux sont aujourd'hui confrontés. Le Maroc et la Chine partagent la même inquiétude quant au stress hydrique. Ainsi, les ressources naturelles en «or bleu» au Maroc sont parmi les plus faibles au monde, à cause de la surexploitation de la nappe phréatique, entre autres problèmes liés à la logistique, les phénomènes naturels, l'expansion démographique et économique. La Chine, elle, est confrontée au réchauffement climatique et à la pollution croissante de ses principales sources hydriques ainsi qu'à la consommation humaine. Conscients de la menace qui pèse sur les deux nations, les autorisés chinoises et marocaines ont décidé de renforcer leur coopération dans ce domaine pour faire face à ce sérieux problème. C'est ainsi que le ministre de l'Equipement, du transport, de la logistique et de l'eau, Abdelkader Amara et le vice-ministre chinois des Ressources en eau, Wei Shanzhong, en visite au Maroc du 14 au 17 mai, ont signé, jeudi à Rabat, un programme exécutif du mémorandum d'entente pour la coopération dans le domaine des ressources en eau pour la période 2020-2022. La signature s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du partenariat stratégique établi entre les deux pays suite à la visite historique effectuée par le roi Mohammed VI à Pékin en mai 2016, le renforcement de la coopération bilatérale entre le Maroc et la Chine dans le domaine de l'eau et la redynamisation du mémorandum d'entente pour la coopération dans le domaine des ressources en eau conclu à Rabat en 2006. Le programme exécutif vise à partager les expériences et les expertises en matière de gestion des ressources hydriques et booster ainsi la coopération en matière d'eau entre les deux pays. Ce sont là de grandes opportunités de coopération qui se présentent à la Chine et au Maroc grâce notamment à leur similitude sur plusieurs points et à la vitalité des expériences de chaque pays. La Chine dans le cadre d'un plan d'action de la promotion de la gestion des contrats d'économie d'eau a décidé de limiter sa consommation d'or bleu à un niveau inférieur à 670 milliards de mètres cubes d'ici 2022 et à 700 milliards de mètres cubes d'ici 2035. Celle-ci devra baisser de 23% par rapport à 2015, l'année prochaine. De son côté, le Maroc s'est doté, depuis plusieurs années, d'une Stratégie nationale de l'eau. La stratégie vise, entre autres, la réduction de la pollution, l'amélioration du taux d'accès aux services de l'assainissement en milieu rural (90% en 2030), la valorisation des ressources en eau aujourd'hui perdues en mer et la reconstitution des stocks souterrains d'eaux, la généralisation de l'accès à l'eau potable en milieu rural et la pérennisation de son financement ainsi que la généralisation de la réutilisation des eaux usées épurées. Cette politique de planification à long terme lancée en 2009 à Fès devra permettre aux décideurs d'anticiper la pénurie d'eau en donnant aux pouvoirs publics une visibilité à long terme (20 à 30 années) mais le Maroc qui détient la 19e place des pays de la région Mena les plus menacés de pénurie d'eau est aujourd'hui très loin du compte. Selon la Banque mondiale, le stress hydrique commencera à atteindre des niveaux critiques au Maroc dès 2020. Une menace sérieuse qui a obligé le gouvernement à revoir sa copie en adoptant, en juin 2018, le projet de décret 2.18.339 relatif au plan d'orientation de l'aménagement intégré des ressources hydriques et au plan local de gestion des eaux, doté d'une enveloppe de 300 MMDH. L'objectif principal est d'éradiquer les problèmes dus à la pénurie d'eau potable et les problèmes d'irrigation. Un énorme potentiel pour la Chine qui dispose d'une grande expérience en matière d'eau et de construction de barrages. C'est d'autant plus intéressant pour l'Empire du milieu que le programme signé entre la Chine et le Maroc est basé sur trois axes, à savoir la construction des barrages, la gestion de la demande et la préservation des eaux souterraines. Avec un patrimoine de plus de 140 grands barrages en exploitation recensés, le Maroc veut passer à la vitesse supérieure à l'horizon 2030 avec la construction d'une trentaine de grands barrages portant son effectif à 170.