«Une fraude sur cinq est désormais détectée par un système d'identification des transactions inhabituelles», estime le cabinet Pricewaterhouse-Coopers (PwC) dans l'étude sur «la fraude en entreprise : tendances et risques émergents». Si les nouvelles technologies de l'information permettent de lutter contre la fraude au sens large, elles sont aussi aujourd'hui le quatrième constituant de celle-ci, via la cyber-criminalité. À cause de cette dernière, la fraude a enregistré une progression considérable en 2011. En effet, 34% des entreprises se déclarent victimes dans le monde aujourd'hui, contre 30% en 2009. En revanche, la croissance de cette tendance tient de l'explosion du phénomène en France. Chiffres alarmants Le taux de la fraude est passé de 29% en 2009, pour atteindre 46% en 2011. Ainsi, l'étude a relevé que plus les entreprises étaient grandes, plus elles sont vulnérables à la fraude. En effet, les entreprises ayant plus de 1.000 employés ont enregistré un taux de fraude de 54%, contre seulement 29% pour les entreprises de 201à1.000 employés et 17% pour entreprises qui emploient moins de 200 collaborateurs. Selon Laila Sijelmassi, associée à PwC Maroc, «Si les grandes entreprises affichent le plus grand nombre de fraudes, ce n'est pas parce qu'elles manquent d'organisation, mais parce qu'elles ont une activité étendue, difficile à contrôler, et qu'elles accordent plus de responsabilités à leurs collaborateurs». Du coup, cette responsabilité peut avoir comme résultat négatif l'émergence d'un fraudeur. D'ailleurs, selon l'étude, le portrait du fraudeur type est un homme (77% des cas), cadre (41%) entre 31 et 40 ans (43%), doté d'une ancienneté entre 3 et 5 ans (30%) et ayant un niveau d'étude de type master (37%). Dans 77% des cas, le fraudeur est licencié lors de la découverte de sa faute. Une plainte pénale est même déposée dans 62% des cas. Si les outils d'identification des transactions inhabituelles détectent, en 2011, 18% des fraudes contre 5% en 2009, c'est au détriment de modalités plus traditionnelles comme les dénonciations et systèmes d'alerte (22% en 2011 contre 34% en 2009), les audits internes (14% contre 17%), les évaluations de risques a priori (10% contre 14%)... La cyber-criminalité gagne du terrain La première fraude reste, de loin, le détournement d'actifs (vol...), qui frappe 72% des entreprises victimes d'une fraude en 2011 contre 67% en 2009. Les dommages dépassent cinq millions de dollars, dans un cas sur 10. En deuxième position, la fraude comptable a connu un pic en 2011, avec 38% des entreprises victimes, contre seulement 24% en 2009. Il est vrai que c'est ce domaine qui a connu le plus grand renforcement des mesures de détection automatique. La corruption reste la troisième facteur pour l'instant, mais poursuit sa chute, 27% en 2009 et 24% en 2011. La fraude qui progresse le plus est aujourd'hui en quatrième position. C'est la cybercriminalité. 23% des entreprises victimes de cette fraude déclarent avoir été frappées en 2011. Selon PwC, cette explosion de la cybercriminalité est liée à un triptyque : la richesse des données à voler, un rapport gain/risque largement supérieur aux autres formes de délits et la dédramatisation de l'acte par ses côtés ludique et virtuel. Il convient cependant d'ajouter la mauvaise détection des fraudes de ce type. En effet, 25% des entreprises dans le monde ne disposent d'aucun dispositif de prévention ni de détection. 42% déclarent n'avoir aucun personnel capable d'enquêter sur une fraude de cette nature ou de réagir. Les risques ne sont même pas évalués a priori, dans 38% des cas, «l'attitude étant généralement réactive et non préventive», confirme Dimitri Kossarev, directeur du département Litiges et investigations de PwC France. Cartographie de l'étude L'étude intitulée «la fraude en entreprise: tendances et risques émergents» est la sixième édition de la «Global Economic Crime Survey», réalisée par le cabinet PwC, en partenariat avec la London School of Economics, à raison d'une édition tous les deux ans. 3.877 entreprises ont répondu à l'enquête menée dans 78 pays, entre fin juillet et mi-septembre 2011.