«Notre mission n'était pas du tout facile, vu que la qualité des films projetés n'était pas très bonne». C'est par ces mots que le vice président du jury longs métrages, Ahmed Herzeni a commencé son discours très succinct avant d'annoncer le nom du lauréat du Grand Prix de la 13e édition du Festival national du film de Tanger. Après avoir remporté le Prix de la critique décerné par l'Association des études cinématographiques (nouvellement créé), le film «Sur la planche» de Leila Kilani a encore une fois brillé en raflant le Grand Prix du FNFT. «Je ne m'attendais pas à ce prix», a déclaré la cinéaste marocaine qui a offert au public un film émouvant. Le prix de la première œuvre et celui du jury spécial ont été octroyés respectivement à «Les mécréants» de Mouhcine Basri et «Mort à vendre » de Faouzi Bensaïdi. Alors que le premier aborde -d'une façon épidermique- l'intégrisme religieux, le deuxième traite d'une manière très subtile de plusieurs problématiques notamment le chômage. Le prix du scénario, lui, a été attribué à Lahcen Zinoun et Mohamed Soukri pour le film «Femme écrite». «Je dédie ce prix à mon ami, Mohamed Soukri, grièvement malade», a déclaré Zinoun qui signe avec «Femme écrite», son deuxième long métrage. Très attendus, le prix du premier rôle masculin a été remporté par Mohamed Bastaoui, qu'on ne présente plus, pour son rôle dans «Mains rudes» de Mohamed Asli, tandis que celui du premier rôle féminin a été octroyé à Jalila Telmsi, pour son rôle dans «Andromane» de Azzelarabe El Alaoui. «Jalila mérite amplement ce prix. Outre son talent, elle a résisté aux conditions de tournage difficiles», a précisé le réalisateur d'Andromane. Des prix encore et toujours Le prix du second rôle masculin a été décerné à Amine Naji pour «Andromane», considéré comme la grande surprise de ce festival. Nadia Niazi, elle, a remporté celui du second rôle féminin pour son interprétation dans «L'amante du Rif» de Narjiss Nejjar. Il faut dire que la réalisatrice a offert un rôle sur mesure à Niazi qui était toute simplement époustouflante. Le prix de la musique, lui, a été raflé par Mohamed Oussama pour «Andromane» et celui du montage par Ghizlaine Assif pour «Le scénario» de Aziz Saâd Allah. Enfin, le prix du son à été octroyé au trio Chlih, Lemdahar et Carotolcci pour «Femme écrite», alors que celui de l'image est revenu à Kamal Derkaoui (fils du réalisateur Mustapha Derkaoui) pour le long métrage «L'enfant cheikh» de Hamid Bennani. Par ailleurs, le jury longs métrages a tenu à attribuer une mention spéciale au film «Road to Kaboul» de Ibrahim Chkiri. «Le film a abordé plusieurs thématiques dangereuses, mais d'une manière comique», a rappelé Herzeni. Côté court métrage, le film «Sur la route du paradis» de Uda Benyamina a gagné, sans aucune surprise, le Grand Prix du Festival. Le Prix spécial du jury, lui, a été attribué à «Un héritage» de Réda Mustapha, alors que celui du scénario, a échu à «Quand ils dorment» de Meriem Touzani. À l'instar du jury longs métrages, celui du court métrage a octroyé une mention spéciale à «La main gauche» de Fadel Chouika. Leila Kilani, Lauréate du Grand prix du Festival national du film. «Ce prix a un goût particulier» Les Echos quotidien : Vous ne vous attendiez pas à recevoir le Grand prix du Festival ... Leila Kilani: Absolument pas ! D'ailleurs ce n'est qu'à la dernière minute que j'ai rejoint la salle. C'est le cas aussi pour mes actrices... je suis vraiment très émue de recevoir ce prix ici à Tanger, ma ville natale. C'est très important pour moi de savoir que ce long métrage, qui m'a demandé plusieurs années de travail, arrive à toucher les gens. Vous savez, ce film a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes l'année dernière, ce qui représente pour moi un hommage en soi, mais le Grand prix du Festival national du film a un goût tout à fait particulier. Votre film «Sur la planche» tire sa force du jeu de l'interprétation des actrices, applaudie par les critiques. Toutefois, ces derniers reprochent un problème de diction et de son très gênants pour le spectateur. Qu'est ce que vous en pensez ? Soufia Issami qui interprète le rôle principal est une grande actrice. C'est vrai qu'elle a un problème de diction, mais cela n'empêche pas qu'elle a très bien joué le rôle que je lui ai confié. Même constat pour les autres actrices . C'est vrai qu'elles ne sont pas professionnelles, puisque c'est la première fois qu'elles participent à une production cinématographique, mais on les a bien coachées pendant plusieurs semaines pour obtenir un bon résultat. Quant au son, lors de la projection, il n'est pas vraiment «top», cela est en fait dû à la salle de projection et non à la bande du film. Tanger aussi est un personnage à part entière dans votre film... Je suis originaire de Tanger, ville frontière regardant l'Europe depuis le détroit de Gibraltar. J'ai grandi les yeux rivés sur un cliché écorné que l'on effeuille avec la complaisance de la nostalgie : celui de «Tanger l'internationale», celle d'avant l'Indépendance, Tanger où se cotoyaient artistes et voyous, espions et librettistes, miséreux et affairistes. Après ce film qui plonge dans le monde miséreux des ouvrières, quelle sera la thématique que vous allez aborder dans votre prochain film ? Je prépare un documentaire sur les révolutions arabes. Pour le moment, je ne peux pas vous en dire plus... Coulisses Sail face à ses «détracteurs» ! Lors de la conférence de presse tenue samedi après-midi par le directeur du CCM, Noureddine Sail, pour présenter le bilan cinématographique 2011, un débat houleux a eu lieu. Alors que certains ont critiqué la politique adoptée par le Centre, d'autres ont accusé ce dernier d'encourager et de promouvoir des films qui n'ont rien à voir avec la réalité de la société marocaine. Une pancarte sur laquelle était écrit «Sail dégage !» a même été visible dans la salle. Excellent orateur, le directeur du CCM s'est bien défendu, faisant appel à son riche background cinématographique pour expliquer la mutation que vit le cinéma marocain en ce moment. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions. Félicitations En présentant son film vendredi au public du festival, la réalisatrice Narjiss Nejjar a tenu à féliciter Leila Kilani pour son film «Sur la planche». De son côté, Khadija Leclere qui a participé au festival avec son premier long métrage «Sac de farine» a félicité Narjiss pour son long métrage «L'amante du Rif». Bref, les réalisatrices marocaines ont passé la journée à se féliciter mutuellement ! Journée chargée La dernière journée du festival était très riche en activités. Outre les conférences de presse des films projetés la veille («Sur la planche», «L'amante du rif» et «Sac de farine»), qui ont débuté à 10h45 au lieu des 10h prévus, les invités étaient conviés à 15h à la rencontre avec Sail qui a duré plus de 2 heures. Juste après, les artistes, critiques, journalistes et cinéphiles avaient rendez-vous avec le moment tant attendu de l'événement : la soirée de clôture. Pagaille ! Pour accéder au cinéma Roxy, les vigiles, à force de vouloir contrôler les invitations, badges ou autres, ont créé un attroupement devant l'entrée, d'où une pagaille monstre ! Pendant ce temps, à l'intérieur de la salle, des places étaient pourtant disponibles. D'autres personnes se sont vues refuser l'accès sous prétexte que le film avait déjà commencé, alors qu'il n'en était rien.