Les conditions de travail des saisonnières marocaines dans les champs de fruits rouges interpellent les médias espagnols, au grand désespoir des patrons qui pointent de doigt une campagne de diffamation à l'encontre de leur secteur. Malgré les efforts visant à permettre à cette campagne de réussir, la campagne agricole de cueillette de fraise ne démarre pas sur les chapeaux de roue. À peine cette saison agricole a-t-elle commencé que les escarmouches ont commencé à fuser. Cette fois-ci, elles interviennent entre la presse espagnole et les patrons des exploitations de fruits rouges. Dans un communiqué, l'Association interprofessionnelle de la fraise andalouse (INTERFRESA) a fait part de son intention de traîner en justice la chaîne de télévision Telecinco. L'association reproche à ce média la diffusion d'un reportage qui pèche par son manque de rigueur et son contenu biaisé, selon un représentant du secteur. L'association a affirmé avoir saisi ses services judiciaires pour intenter une action contre la chaîne télévisée pour la diffusion d'un reportage «frivole» et «indigne» qui porte préjudice à l'image de milliers de travailleurs et entrepreneurs de ce secteur. Que reproche ce groupement des producteurs des fraises à la chaîne espagnole ? Le reportage en question montre des colonies de taudis en périphérie, où sont tassés des migrants irréguliers qui se consacrent aux travaux agricoles. Selon les producteurs, ces camps sont présents toute l'année et ne concernent guère les saisonnières qui se déplacent dans la région, dans le cadre du programme de recrutement à l'origine. «Cela n'a rien à voir avec les contrats supervisés et régulés par le gouvernement, aussi bien d'Espagne que du Maroc, et soumis à des contrôles tant au niveau du transport que de l'hébergement obligatoire assuré par les employeurs», a expliqué Interfresa. Celle-ci a ajouté que cette filière est une activité responsable grâce à l'effort de milliers de travailleurs et de patrons des exploitations agricoles qui ne méritent pas cette «grossière manipulation informative de la part de certains médias». L'association, qui regroupe d'importants producteurs de fraise, a estimé que les informations diffusées dans le reportage portent atteinte à un secteur qui emploie jusqu'à 140.000 personnes, entre emplois directs et indirects. «C'est un secteur transparent, moderne, professionnel et dynamique qui a conquis des marchés internationaux», se félicite l'organisation agricole. Ce média n'est pas le seul à avoir pointé du doigt les difficiles conditions de travail assortissant cette activité agricole. Suite aux informations publiées faisant état du peu d'enthousiasme des demandeurs espagnols d'emploi pour se faire recruter dans les exploitations agricoles, la chaîne la Sexta a effectué un micro-trottoir auprès des concernés. Ceux-ci ont dénoncé les pénibles conditions de travail dans les champs que seules les saisonnières étrangères, marocaines en l'occurrence, acceptent. «Vous devez être accroupi pendant 7 heures pour cueillir des fraises et vous n'avez droit qu'à une petite pause déjeuner d'une demi-heure», s'est plaint ce chômeur au micro de la chaîne espagnole. Celui-ci a ajouté, expérience à l'appui, que les heures supplémentaires non rémunérées sont monnaie courante dans les champs de fruits rouges. Pour d'autres interviewés, l'employeur ne garantit pas un travail continu à l'ouvrier agricole, d'où le fait que les sans-emplois de la région optent pour les allocations de chômage au lieu de s'échiner dans les exploitations agricoles. Cette question a d'ailleurs été soulevée par la partie marocaine qui a appelé les patrons espagnols à assurer aux saisonnières nationales des journées de travail afin de leur garantir un revenu décent durant leur déplacement.