Le dossier de l'immigration illégale et de la sécurité est un sujet où la coopération entre les deux partenaires était souvent de mise. À première vue, les deux pays ont maintenu sur toute la ligne une fructueuse collaboration dans ce domaine. D'ailleurs, les ministres de l'Intérieur des deux pays effectuent régulièrement des visites de travail pour approfondir cette entente. Dernier exemple en date, le déplacement de l'ex-chargé du portefeuille de l'Intérieur, Antonio Camacho, à Rabat en octobre dernier. Durant cette rencontre, le responsable espagnol a salué les efforts du Maroc dans la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine. Outre les ministres, d'autres hauts responsables se réunissent souvent pour faire le point sur ces thèmes d'une importance vitale pour le voisin du nord. En juillet dernier, le directeur ibérique de la police et de la Guardia Civil a confirmé, à Rabat, le rôle important du Maroc en matière de contrôle de l'immigration illégale et du maintien de la sécurité dans la région. Il faut dire que le royaume s'est toujours porté au chevet de son voisin. Le Maroc a prêté main forte à l'Espagne dans l'affaire de l'enlèvement des deux coopérants catalans, séquestrés par AQMI. Dans une tentative de consolider davantage ce partenariat, il était question de mettre en place des commissariats conjoints à Tanger et à Algésiras. Ce projet n'a toujours pas vu le jour et risque de rester au stade des bonnes intentions. Seulement, cette collaboration mutuelle et le maintien d'une communication fluide entre les responsables chargés de ce dossier n'empêche pas les conflits de surgir. Certaines voix espagnoles n'hésitent pas à battre en brèche l'apport du Maroc dans tout ce qui a trait à la surveillance des frontières. L'exemple le plus récent est la sortie accusatrice, en juillet dernier, des responsables des présides de Mélilia et de Sebta (dans le giron des Populaires), lesquels ont fustigé le Maroc pour son prétendu laxisme dans la surveillance des frontières. À cette époque, les gouvernements locaux ont réclamé l'intervention de Madrid pour mettre fin à une montée en puissance des arrivées des immigrés, estimant que les présides ne pouvaient plus supporter la pression migratoire. Pour appuyer leurs dires, les gouvernements locaux ont brandi des statistiques montrant le débordement des centres de séjour temporaire où sont admis, à titre provisoire, les immigrés en situation irrégulière. Or, les associations de défense des droits des immigrés ont mis en doute ces allégations et ont dénoncé l'exploitation du sujet à des fins politiques. De même, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Antonio Camacho, a réfuté d'un revers de la main ces assertions, en annonçant que l'immigration clandestine avait drastiquement baissé. Sur un autre registre, l'épineuse affaire des mineurs marocains dans les centres d'accueil ibériques reste un dossier brûlant entre les deux partenaires. L'Espagne veut, coûte que coûte, trouver une issue rapide à ce problème. Dans une tentative de régler ce problème à l'amiable avec le Maroc, il existe, depuis l'année 2003, une volonté de créer des centres d'accueil sur le sol marocain où seront admis les mineurs rapatriés d'Espagne. Ces établissements seraient gérés selon le modèle espagnol en la matière et permettraient donc d'offrir, outre le gîte et le couvert, une formation aux pensionnaires. Jusqu'à présent, aucun coup de pioche n'a été donné.