Fidèles à leurs sorties incendiaires contre le Maroc, devenues coutume, les dirigeants du Parti Populaire à Sebta et Melilla vitupèrent contre le Maroc en matière d'immigration clandestine. Ils ne cessent de distiller dans leur discours des allégations sur une supposée implication du Maroc dans cette montée des flux migratoires que connaissent les enclaves depuis quelques temps. «La visite effectuée à Rabat par le directeur général de la Police et de la Guardia Civil n'a servi à rien», commente la secrétaire générale du PP de Melilla, dans un communiqué. Le gouvernement local de Melilla répète, à qui veut l'entendre, que le gouvernement marocain assume la totale responsabilité de cette pression migratoire que vit le préside durant cet été. Lundi, le porte-parole du gouvernement local de Melilla, Daniel Conesa tirait à boulets rouges sur le Maroc, taxant son manque d'autorité sur ses frontières terrestres et maritimes. Le député populaire Antonio Gutierrez de Melilla n'a pas fait dans la dentelle non plus. «Le Maroc n'accomplit pas ses devoirs en matière d'immigration, malgré tout ce qui se dit au sein du ministère de l'Intérieur (espagnol, ndlr)», a-t-il accusé. Il s'agit d'une réponse du tac au tac au fraîchement nommé ministre de l'Intérieur, Antonio Camacho. Ce dernier a loué, devant le Parlement, les efforts du gouvernement marocain en matière de lutte contre l'immigration clandestine. Grâce à cette collaboration, affirme Camacho, le contrôle des flux migratoires s'améliore d'année en année. Ces propos ont fortement déplu aux conservateurs espagnols, puisqu'ils contredisent le discours alarmant qu'ils prêchent. Certains ont très mal digéré ces affirmations. Antonio Gutierrez, dans une déclaration à un journal local, a accusé le Maroc de «permissivité», tout en lui imputant la poussée supposée des flux migratoires. Gutierrez a appelé le gouvernement central «à exiger du Maroc, dans le cadre des relations exemplaires que devraient avoir les deux pays, de mettre en marche les moyens nécessaires pour collaborer d'une manière fiable dans le volet de l'immigration». Pour sa part, le président du gouvernement de Melilla, Juan José Imbroda, a même avancé que cette vague d'immigrants clandestins se terminera «quand le Maroc le voudra et se mettra à collaborer». Pour ce dirigeant, l'important ce n'est pas de mettre en place une clôture, «mais il est nécessaire qu'elle ne se laisse pas escalader et d'interdire certaines pratiques, comme les entrées par mer», ajoutant au passage que le Maroc ne fait pas les choses comme un bon voisin, un ami et un allié devrait les faire. Les dirigeants comparent la situation à celle de 2005, l'année où des avalanches d'immigrés subsahariens ont pris d'assaut les clôtures frontalières. La différence cette année, ajoute le porte-parole du gouvernement local de Melilla, c'est que cette fois-ci, les immigrés empruntent la voie maritime. Les autorités de l'enclave jugent que toute la responsabilité repose sur le gouvernement marocain, qui ne met pas en place les mécanismes nécessaires pour freiner la pression migratoire. Reconnaissant le fait que le Maroc ne dispose pas de moyens humains et techniques suffisants pour contrôler adéquatement les frontières et lutter contre l'immigration clandestine, plusieurs responsables populaires ont fait appel à l'intervention de l'Union européenne pour maîtriser l'arrivée des immigrés clandestins. C'est de la sorte qu'ils ont multiplié les appels vers les instances européennes pour qu'elles se réunissent avec le Maroc, dans l'objectif de lui apporter le soutien nécessaire susceptible de mettre fin à cette vague migratoire incontrôlée. Selon des chiffres livrés par les autorités, 263 personnes ont atteint les côtes de Sebta à la nage ou à bord de bateaux gonflables durant le mois de juillet. Pour appuyer leurs dires sur la gravité de la situation qui se vit à Melilla, les cadres populaires n'ont pas hésité à mettre en avant la situation dite préoccupante des centres d'hébergement temporaire des immigrés qu'abrite chacune des enclaves. Si on se fie aux données fournies par les autorités locales, les centres ont dépassé leur capacité d'accueil. Surfant sur la vague alarmiste, les gouvernants de Melilla ne cessent de mettre en garde contre ce débordement, lequel pourrait, semble t-il, engendrer des frictions entre les résidents et conduire à des situations incontrôlables.