En été de 2010, le Parti Populaire (PP - droite conservatrice) avait usé à l'extrême son habituelle stratégie de vilipender le Maroc et ses institutions dans l'objectif de ressusciter la tension dans les relations entre le Maroc et l'Espagne. La même tactique a été reprise, en ce mois d'août, avec les mêmes armes et les mêmes intentions. A cause de ses attitudes, le PP avait placé, il y a un an, les rapports entre les gouvernements des deux pays au bord de la rupture. José Luis Rodriguez Zapatero, président de l'exécutif espagnol, avait dû dépêcher à Rabat, Alfredo Perez Tubalcaba, alors son ministre de l'intérieur pour apaiser les esprits. Cet été, le PP est revenu à la charge avec une série d'astuces pour tester l'aplomb et le sang froid dont font preuve Rabat et Madrid pour aplanir leurs contentieux bilatéraux. Ceci démontre que l'agenda politique du PP s'appuie sur deux variables : dénigrer le Maroc et ses institutions, et, éreinter le gouvernement socialiste avec de faux problèmes. Cependant, les faits démontrent à quel point cette pernicieuse stratégie a été démontée de toutes pièces par des faits sur le terrain. D'abord, les dirigeants «populaires» qui sont à la tête des assemblées locales des villes occupées de Sebta et Melilla ont, depuis juillet dernier, choisi la question de l'immigration comme cheval de bataille pour s'en prendre au Maroc l'accusant de laxisme à l'égard des sans - papiers subsahariens. Ensuite, les médias acolytes agissant sous la houlette de l'extrême droite, attribuent à un ministre marocain des propos malintentionnés de vouloir réclamer une part des recettes du tourisme culturel en Andalousie. Dans les deux cas, les démentis fusant de toute part, ont mis à nu la stratégie «populaire». S'agissant de la question de l'immigration, le délégué du gouvernement à Melilla, Antonio María Claret, a assuré, vendredi dernier, qu'en dépit des demandes des autorités locales d'exiger du Maroc de « réduire les entrées d'immigrés », les autorités de Rabat «font tout ce qu'ils peuvent» dans ce sens. Habituellement, a-t-il ajouté, le Maroc agit avec énormément de « loyauté » à l'égard de ses engagements et collabore avec l'Espagne «sans aucun problème». D'ailleurs, a poursuivi le responsable espagnol, «on ne peut en général se plaindre ni de son travail ni de son comportement». Deux autres voix autorisées ont, de leur part, apporté davantage d'arguments pour discréditer la stratégie du PP. Le directeur - adjoint de l'Agence de Contrôle des Frontières Extérieures (FRONTEX) de l'Union Européenne (UE), Gil Arias, a déploré le flux de déclarations des dirigeants du PP en précisant que l'augmentation de l'immigration irrégulière en Espagne est similaire à celle enregistrée en UE. Ceci est dû, a-t-il expliqué, aux révolutions que vit le monde arabe particulièrement en Tunisie, en Libye et en Egypte. Il a précisé que le nombre d'immigrés irréguliers arrivés dans les deux villes occupées de Sebta et Melilla est en deçà de ceux des années précédentes. D'autant plus, les principales routes d'entrée d'immigrés sont les côtes valencienne et andalouses, et non Sebta et Melilla, et que seuls 5% des immigrés qui entrent de manière irrégulière en UE passent par les frontières de l'Espagne. Dans de multiples interventions aux médias, la secrétaire d'Etat espagnole à l'Immigration, Anna Terron, a particulièrement insisté sur « l'importante diminution » du nombre d'entrées d'étrangers en Espagne de manière irrégulière pendant les dernières années. Ce nombre a régressé de 71,8% en 2010, a-t-elle précisé. Sans citer nommément le Maroc, la responsable espagnole s'est félicitée du «climat normal» qui règne aux frontières extérieures de Sebta puisque «les dispositifs d'alerte fonctionnent correctement et permettent aux autorités espagnoles et celles des pays d'origine des immigrés de réagir avec rapidité et efficience». D'ailleurs, la garde civile espagnole a reconnu que la gendarmerie royale et un patrouilleur marocain de vigilance maritime ont dû intervenir à deux reprises le week-end dernier pour intercepter des subsahariens qui tentaient de regagner la ville occupée de Sebta à la nage et à bord d'une embarcation de fortune. Ces actions ont été largement commentées dans la presse sebtie, lundi. Elle avait de même répondu aux craintes du PP à la suite de l'adoption par referendum de la nouvelle Constitution du Maroc affirmant que la participation de ressortissants de ce pays aux élections locales en Espagne démontrera que les ressortissants de ce pays sont disposés à «assumer les mêmes droits et les mêmes devoirs» que le reste des citoyens et «encouragera leur intégration». Devant l'échec de la bataille des chiffres en matière de statistiques et de politique migratoires, le PP a recouru à l'invention de «scoop». C'est le site Web Libertad Digital, réputé pour ses positions proches de l'extrême droite, qui a assumé la mission de colporter de fausses accusations à l'encontre du Maroc. Il a été relayé par El Mundo, un journal connu pour sa haine viscérale du Maroc. Les deux médias ont attribué au ministre de la Culture, Bensalem Himmich, des propos dans lesquels il inviterait l'Espagne à restituer au Maroc la moitié des bénéfices que génère Alhamra, à Séville. Libertad Digital prétendait avoir puisé cette information du portail GuinGuinBali, et journal numérique marocain, Nador City, ce qui est totalement faux. Les seuls médias qui avaient repris cette fausse information ont été les traditionnels dans les milieux de l'extrême droite, tels Minuto Digital et Mediterraneo Digital. El Mundo, deuxième quotidien en ventes en Espagne, a malheureusement monté au même char et diffusé la nouvelle dans son site Web. L'information a été démentie par les autorités andalouses en charge du patrimoine culturel et ignorée par la presse sérieuse et les chaines de télévision d'audience nationale. Faute de programme et de stratégie en politique extérieure et de profondeur de vision à la veille des élections générales anticipées, le PP continue dans sa croisade anti-marocaine. Le royaume demeure une constante dans sa stratégie de maintenir un climat de tension et de crispation dans les relations entre le Maroc et l'Espagne.