Lors du deuxième Conseil d'administration de l'agence, le chef de gouvernement a insisté sur le besoin de projets concrets dans un délai de trois mois. Il préconise aussi d'organiser les assises nationales du digital. L'Agence de développement du digital (ADD) doit mettre les bouchées doubles pour être dans le délai fixé par le chef de gouvernement afin de proposer une stratégie nationale pour le développe- ment du numérique. En effet, Saâd-Eddine El Othmani, qui a présidé ce vendredi à Rabat, le deuxième Conseil d'administration de l'ADD, a donné un délai de trois mois à celle-ci pour présenter les grandes orientations pour le développement du digital au Maroc. Ce draft constituera la base sur laquelle s'appuieront les dé- bats lors de la réunion du Conseil national des technologies de l'in- formation, prévue prochaine- ment. Cela n'a pas empêché le chef du gouvernement d'appeler le Conseil d'administration à rattraper le retard accumulé durant l'année 2018 qui fut consacrée à la mise en place des structures de gouvernance de l'agence. Titillant son audience, il a attiré leur attention qu'il s'agit tout de même d'un domaine où les évolutions vont à un rythme accéléré. Le Maroc ne peut se donner le luxe de trainer derrière le peloton de tête alors qu'il a tous les prérequis pour se faire une place dans ce secteur d'avenir. À plus forte raison que le Maroc «table sur la transformation numérique pour réaliser un saut qualitatif en matière de déve- loppement économique et social», a insisté le chef de l'Exécutif. Certes, des avancées ont été réalisées notamment au niveau de l'administration électronique comme la dématérialisation de la déclaration et le paiement des impôts ainsi que l'octroi de certaines autorisations comme celle de construire, sans oublier la dématérialisation des procédures douanières, les opérations ayant trait à l'import-export et le dernier en date le mobile payment pour n'en citer que quelques-uns. Mais, le gap numérique est toujours palpable, voire mesurable et El Othmani ne s'en cache pas. Dans l'indice 2018 du e-government de l'ONU, le Maroc, qui occupe la 110e place sur 193 pays, a continué sa chute en perdant 25 places après en avoir perdu 3 en 2016. C'est contradictoire dans la mesure où le royaume avait réalisé une progression de 38 places dans le classement de 2014. Car, malgré tous les espoirs nourris à travers le Plan Maroc numérique 2013, ce dernier n'a pas donné les résultats escomptés. Aujourd'hui, le Plan Maroc digital 2020 adopté un an avant l'adoption par les députés, en août 2017, du projet de loi portant création de l'ADD, a pour finalité de rattraper le retard. En Afrique, le Maroc tire bien son épingle du jeu en occupant la 6e place du classement et le 2e au ni- veau du Maghreb. C'est en étant, le chef de gouvernement a exhorté les membres du Conseil d'administration de l'agence à accélérer la cadence en réfléchissant sur les pistes de relance de la stratégie digitale marocaine. Il s'agit d'explorer toutes les possibilités offertes par les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle afin de se prémunir des chamboulements que le marché de l'emploi connaîtra dans un avenir proche. Des comités de gouvernance à mettre en oeuvre La transformation numérique n'est plus un slogan creux ou un vœu pieux, c'est la réalité en face qui ne tardera pas d'interpeller la capacité d'adaptation aussi bien des entreprises que de l'adminis- tration. De là, la proposition d'El Othmani de penser à l'organisa- tion d'assises nationales du digital pour élargir le débat et intégrer le maximum d'intervenants. Des su- jets comme le développement de l'infrastructure numérique, l'utilisation optimale des ressources et des services, un plan éducatif et de formation en direction des RH peuvent être autant d'entrées en matière. Au même titre que le sujet très important de l'harmonisation des lois pour qu'ils ne constituent pas un frein devant l'essor du digital et le traitement de la data. Selon une source gouvernementale, plusieurs projets ont été présentés durant ce deuxième conseil d'administration. A leur tête le Digital Lab, dont l'idée a été ébruitée au premier conseil d'administration et qui constituera un outil pour l'admi- nistration à la recherche de nou- velles solutions digitales. Dans ce sens, des armées de fonction- naires devront suivre une formation dans les NTIC et le digital. En tant que bras armé de l'Etat en matière de développement du digital, l'ADD au rôle de facilitateur et d'intermédiaire pour une bonne connaissance des attentes du marché, des investisseurs au même niveau que les simples usagers des services de l'administration publique. Son premier Conseil avait adopté un paquet de projets. Toutefois, le taux de réalisation n'a pas été convaincant. Ce qui a poussé le chef de gouvernement à responsabiliser les différents intervenants dans ce secteur pour prêter main forte à l'agence. Il a aussi appelé à la mise en œuvre des comités de gouvernance, en l'occurrence, le comité d'audit et celui d'invention et d'investissement.