La filière arboricole trace ses sillons. Une visibilité pour l'implantation d'un modèle d'agrégation viable, c'est en effet ce que l'Agence de développement agricole (ADA) veut offrir aux professionnels de la Fédération de développement des arbres fruitiers au Maroc (Fédam). Un schéma directeur est en phase d'élaboration pour la mise en place de projets d'agrégations dans cette filière. Les objectifs sont déjà définis. Ce projet devrait effectivement, à terme, permettre de «finaliser le modèle d'agrégation retenu pour la filière arboricole», selon des sources de la structure publique chargée du développement agricole. Sur le plan opérationnel, la réalisation de ce plan directeur est fondée sur deux grandes composantes. La première d'entre elles porte sur «la caractérisation des bassins de production arboricoles, sur la base des données disponibles au niveau des diverses structures de la tutelle ministérielle», explique-t-on auprès de l'ADA. Il s'agira, en second lieu, de passer à l'élaboration de chaque bassin de production arboricole, ainsi que du schéma directeur d'implantation des unités de valorisation. La réalisation de cette dernière composante devrait passer, elle-même, par la précision des périmètres d'agrégation et la délimitation de leurs étendues spatiales. «Les coopératives de production arboricoles existantes seront répertoriées, ainsi que les sites d'implantation des unités de valorisation, leur nature et leurs capacités», selon un document interne. Par ailleurs, l'idée est également de dresser un état des lieux de la réalisation des unités de conditionnement et de transformation du secteur, ainsi que des plateformes de commercialisation existantes et celles à installer, en tenant compte des objectifs du contrat programment signé entre l'Etat et la Fédam, à l'horizon 2020. Axes de croissance Cette stratégie de développement s'articule en effet sur plusieurs axes stratégiques. La modernisation de la filière autour de projets d'agrégation des petits et moyens agriculteurs devrait permettre à ces derniers de bénéficier du transfert de technologie et d'une meilleure valorisation et commercialisation de leur production. D'amont en aval de la filière, tout y passe. Les principaux objectifs de ce contrat-programme devraient en effet d'abord porter sur le développement du segment des pépinières. Le but est la production de 20 millions de plants certifiés de différentes variétés entre 2011 et 2020, soit une moyenne de 2 millions de plants par an. Cet aspect devrait conduire à l'extension de la superficie cultivée, dédiée aux espèces arboricoles. Cette dernière est aujourd'hui estimée à près de 265.000 ha, le but étant de porter ce chiffre à 325.000 ha d'ici 2020. L'intensification des plantations existantes est également au programme, sur une superficie de l'ordre de 63.000 ha représentés essentiellement par le pommier, l'abricotier, le prunier, l'amandier et le figuier. Dynamisation de la productivité Tout cela devrait bien sûr aboutir sur des objectifs de productivité. Ceux-ci devraient passer d'une moyenne annuelle de 884.000 tonnes à quelque 1,6 million de tonnes sur la même échéance. Le volet export n'est pas en reste. La stratégie de croissance du secteur arboricole fruitier vise le rehaussement des tonnages exportés pour atteindre 50.000 tonnes à l'horizon 2020, contre 10.000 tonnes par an actuellement. Les professionnels comptent particulièrement sur le développement des exportations de fruits frais précoces (abricots, pêches/nectarines), de certains fruits secs, ainsi que de conserves végétales. À terme, ce sont 500 millions de dirhams de recettes en devises qui sont attendus, ce qui devrait constituer le quadruple des recettes actuelles de la filière à l'international. Dynamique régionalisée «L'ensemble des bassins de production du royaume devraient être concernés par le schéma directeur», selon les indications de l'ADA. Seront surtout concernées, en fonction de leurs potentiels propres, les régions ayant intégré l'arboriculture fruitière dans leurs plans de développement. Il s'agit plus précisément de celles de Tanger-Tetouan (Figuier), Meknès-Tafilalet (Pommier), Marrakech-Tensift-Alhaouz (Abricotier),Souss-Massa-Drâa (Amandier), Fès-Boulemane (Rosacées), Taza-Taounate-Alhoceima (Figuier et amandier), l'Oriental (Amandier), et enfin Tadla-Azilal (Arbres fruitiers). Il faut savoir que 95% de la superficie plantée nationale de la filière arboricole fruitière est constituée, à 95%, des espèces précitées. En perspective, c'est quelque 40.000 emplois permanents supplémentaires qui devraient être créés à partir de la mise en œuvre du programme de développement de la filière. Le potentiel humain correspondant devrait ainsi atteindre les 205.000 emplois à l'horizon 2020, contre 165.000 actuellement.