Emmanuel Macron a tenté lundi de calmer la colère des "gilets jaunes", en annonçant une série de mesures sociales, qui ont été saluées comme une "avancée" par certains protestataires tandis que d'autres les jugeaient pas suffisantes pour qu'ils arrêtent leur mobilisation. Augmentation de 100 euros des salaires au niveau du Smic, exemption de la hausse de la CSG pour les retraités gagnant moins de 2.000 euros par mois, heures sup payées "sans impôts ni charges": le chef de l'Etat a annoncé plusieurs nouveaux gestes face à ce qu'il a appelé "l'état d'urgence économique et sociale". "Mon seul souci, c'est vous. Mon seul combat, c'est pour vous", a affirmé le président français, en concluant son "adresse à la Nation" de près de 13 minutes. Ce discours, prononcé à l'Elysée, était présenté comme décisif pour le président, confronté à la crise politique la plus grave depuis le début de son quinquennat, il y a 18 mois. Suffira-t-il à y mettre fin ? L'une des figures des "gilets jaunes", la Bretonne, Jacline Mouraud, a appelé à "une trêve" car "il y a des avancées, une porte ouverte". "Maintenant il faut sortir de cette crise" car "on ne peut pas passer le reste de notre vie sur des ronds-points", a ajouté cette porte-parole des "gilets jaunes libres", un collectif jugé plus modéré. Mais, pour d'autres, il n'est pas question de se retirer, car "Macron n'a pas pris la mesure de ce qui se passait", selon Pierre-Gaël Laveder, manifestant à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). "Chaque annonce a été huée et la première réaction a été : -On se fout de notre gueule-", a-t-il témoigné après avoir regardé l'intervention avec une soixantaine de "gilets jaunes". L'enjeu d'Emmanuel Macron "était de créer une brèche dans l'opinion, en s'adressant surtout à ceux qui soutiennent les gilets jaunes" afin "de marginaliser les jusqu'au-boutistes", estime Christian Delporte, expert en communication politique. "Si ceux qui ont soutenu les gilets jaunes disent "arrêtez", il aura gagné", selon lui. Sans opérer un véritable changement de camp, Macron a esquissé des gestes dont le financement et le coût restent à déterminer.