Plusieurs décideurs politiques et patrons africains se sont donnés RDV, cette semaine à Ifrane, pour débattre de la problématique de l'industrialisation, mais aussi des voies susceptibles de favoriser le développement durable sur le continent. Ifrane figure désormais dans l'agenda des événements économiques marquants de l'Afrique. Plus de 200 décideurs politiques et opérateurs économiques, venant de 25 pays du continent, ont participé à la troisième édition du Sommet africain du commerce et de l'investissement - Ifrane, organisée les 29 et 30 novembre à Ifrane et placée sous le thème «La croissance durable au service de l'Afrique émergente». Les participants ont débattu de problématiques liées aux secteurs importants pour l'économie africaine comme l'agriculture ou encore le tourisme. Concernant le secteur du tourisme et du trafic aérien, Agnès Laurent, DG de National Aviation Services (NAS) Maroc et responsable de la mise en place et de la gestion des 16 salons NAS dans neuf aéroports du Maroc, a expliqué que «NAS est délibérément tourné vers l'Afrique puisque celle-ci offre des opportunités importantes dans le domaine aéronautique, étant donné son potentiel de croissance économique et touristique». Il faut savoir que l'Afrique représente moins de 3% des voyageurs; il y a vraiment beaucoup à faire dans le continent, notamment en matière d'infrastructures, «Notre entreprise a récemment décidé de consacrer une enveloppe de plus de 50 millions de dollars d'investissements directs au développement des activités de NAS en Afrique», ajoute Agnès Laurent. Chaque pays africain doit se rendre compte de l'énorme potentiel qu'il possède, du fait que le tourisme est un vecteur économique important, pouvant assurer un emploi aux 60% de jeunes Africains actuellement sans emploi. Néanmoins, on ne peut envisager le continent africain sans une agriculture durable. «Depuis 2007, l'OCP a multiplié par trois sa capacité de production d'engrais à 12 millions de tonnes et vise plus de 21 millions de tonnes à l'horizon 2025. Cependant, il ne s'agit pas de faire uniquement du volume; il s'agit aussi d'apporter le bon engrais au bon endroit», précise Mohamed Soual, conseiller à l'OCP. En effet, le groupe marocain axe ses efforts sur la recherche & développement, l'innovation, essentiellement pour le développement des engrais adaptés aux spécificités climatiques, tenant compte du changement climatique et des émissions de gaz à effet de serre. Dans ce cadre, le responsable de l'OCP a appelé les autres pays à s'engager dans des partenariats pour davantage développer la R&D. Pour ce qui est du conditionnement, plusieurs pays ont manifesté de l'intérêt à échanger sur le modèle marocain en la matière, notamment dans la filière des oignons. En effet, plusieurs pays africains conditionnent leurs produits de manière artisanale, ce qui engendre des pertes colossales dans le secteur des fruits et légumes. «Chaque année, 50% de notre production fruitière pourrit du fait d'un manque d'expérience dans le domaine du conditionnement», explique un expert congolais dans le domaine des coopératives. Parallèlement au programme principal, les participants ont eu la possibilité de participer à trois ateliers: «Femmes dans l'économie africaine: mesurer la contribution et changer les paradigmes», «Start-up en Afrique: se connecter pour collaborer et co-créer» et «Investissement étranger en Afrique: comment construire des relations gagnant-gagnant». Les échanges ont aussi porté sur «Les partenariats public-privé, levier pour l'exécution des projets structurants pour le continent» et sur «L'Afrique qui inspire: mettre en avant des histoires de succès du continent». Cette année, c'est la République du Congo qui a été à l'honneur. C'est une occasion pour ce pays de consolider ses relations économiques avec le Maroc et de concrétiser les partenariats économiques conclus en avril dernier, entre les représentants des gouvernements des deux pays en présence du roi Mohammed VI et du président Sassou-Nguesso.