Le Maroc aurait exprimé sa disposition à activer le protocole de réadmission pour rapatrier les mineurs marocains d'Espagne. Les jours des migrants marocains sont-ils comptés en Espagne? À en croire les autorités espagnoles, Rabat aurait exprimé à Madrid sa disposition à recueillir les jeunes migrants présents sur le sol ibérique et identifiés comme Marocains. C'est la secrétaire d'Etat espagnole à la Sécurité, Ana Botella, qui a fait part de la nouvelle aux médias, lors de sa visite jeudi à Melilia. La responsable espagnole a souligné que ce nouvel engagement des autorités marocaines a été formulé durant la 18e réunion du groupe migratoire mixte maroco-espagnol tenu le 14 septembre à Essaouira. «Nous avons eu l'occasion de passer en revue, avec les autorités marocaines, plusieurs possibilités de collaboration au sujet des mineurs migrants identifiés comme Marocains pour qu'ils puissent revenir au sein de leur famille et leur pays», a-t-elle déclaré. L'annonce a pris de court les gouvernements régionaux de Sebta et Melilia. De fait, le gouvernement espagnol n'a pas pipé mot à propos de ce changement de position de la part des autorités marocaines, lesquelles ont gardé le silence à ce sujet. La numéro deux du ministère de l'Intérieur espagnol a préféré faire cette annonce durant son déplacement à l'enclave orientale, le fief du Parti populaire. Un coup médiatique qui vient damer le pion aux autorités de Melilia. La responsable espagnole a exprimé sa confiance quant à la traduction prochaine de cette annonce en actes. «Des responsables marocains m'ont confié, à titre personnel, être disposés à collaborer pour récupérer ces enfants», a-t-elle insisté. L'annonce a vite fait réagir les autorités de Melilia (PP) et son président, Juan Imbroda, qui a toujours le doigt sur la gâchette quand il s'agit du Maroc. Imbroda a annoncé que son gouvernement a identifié 400 possibles cas d'extradition dans l'immédiat. Toutefois, le baron du PP a douté de la volonté des autorités marocaines de concrétiser ces déclarations. Sur un autre registre, des ONG ont vite réagi pour dénoncer la célérité avec laquelle le gouvernement espagnol, et spécialement le Secrétariat d'Etat à la migration, souhaite se débarrasser de ces enfants. Selon le réseau espagnol de l'immigration, «renvoyer en masse des enfants est une atteinte aux droits humains». L'organisation a rappelé l'intervention du Tribunal constitutionnel espagnol en 2009 pour freiner l'expulsion d'un adolescent marocain, expulsé en toute infraction des garanties qu'offre la législation espagnole. De son côté, Maria José Sanchez Rubio, la ministre régionale andalouse en charge de ce dossier, a tenu à rassurer, expliquant que les dossiers seront traités au cas par cas, en prenant en compte le respect des droits de ces adolescents. À souligner que sur les 11.000 mineurs placés sous la tutelle des gouvernements régionaux espagnols, 70% sont originaires du royaume, selon les dernières statistiques.