Au CHU de Fès, les délais d'attente pour la prise de rendez-vous avoisinent un an dans certains services. Les patients et la société civile de la région dénoncent la dégradation de la qualité des prestations. Lors d'une rencontre organisée récemment à la wilaya de la région Fès-Meknès, les responsables du Centre hospitalier universitaire (CHU) Hassan II de Fès ont présenté leur bilan pour l'année 2017, ainsi que les contraintes auxquelles fait face le centre. Avec un staff qui ne dépasse pas les 2.277, le centre, qui souffre d'un manque de ressources humaines (RH), a pourtant enregistré, au cours de l'année 2017, la réalisation de plus de 24.210 opérations chirurgicales, 1.473.547 consultations médicales, 130.661 IRM, la préparation de 6.801 soins chimiques ainsi que la production de 2.200 articles scientifiques. Durant cette même période, les services des urgences du centre ont pu traiter quelque 125.997 patients en situation d'urgence, procéder à 7.747 accouchements et enregistrer 235.926 journées de soins, sachant que la capacité d'accueil du centre ne dépasse pas 950 lits, largement inférieure au nombre des malades. Cela dit, il faut noter que le délai moyen des rendez-vous pour réaliser une radio et/ou faire des analyses dépasse les trois mois. Ces délais, de plus en plus longs, s'expliquent par l'insuffisance de la capacité d'accueil et le manque de personnel, selon la direction de l'hôpital, qui confirme que le temps d'attente aux services de cardiologie et de neurochirurgie s'élève à 11 mois en raison de la forte demande émanant de toute la région Fès-Méknès. Lors de cette rencontre, Nawal Mouhoute, responsable de la cellule communication au CHU de Fès, a précisé que le délai d'attente se fait le plus ressentir dans le service d'imagerie par résonance magnétique (IRM). En effet, ce service dispose d'une seule unité d'IRM publique, alors qu'il est supposé assurer les soins à une population estimée à plus de 6 millions d'habitants. «La durée d'un examen IRM varie entre 30 et 50 minutes, l'interprétation des résultats, quant à elle, peut prendre jusqu'à 3 mois (voire plus) compte tenu du manque du personnel médical qualifié, surtout pour la lecture et l'interprétation des résultats», explique Nawal Mouhoute. Et d'ajouter: «Le bassin de desserte dépasse le cadre régional de Fès-Méknès et fait l'objet d'une forte demande des régions avoisinantes notamment celles de Taza et Oujda». Parallèlement aux demandes des patients «externes», le CHU est obligé de satisfaire le quota quotidien réservé aux patients déjà hospitalisés et les cas urgents. Toutefois, si le Centre hospitalier universitaire de Fès pâtit du manque d'effectifs dans certains de ses départements, il peut se targuer de disposer d'un service de radiothérapie opérationnel 24h/24 et 7j/7. Les patients sont immédiatement pris en charge ou, au plus tard, le lendemain de leur diagnostic pour commencer le traitement dans la semaine. Pour résoudre cette problématique, les responsables du centre ont eu recours aux nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) «pour une meilleure gestion des flux communicationnels internes et externes et pour la sécurité des patients et des bâtiments». En effet, le centre a été renforcé avec un réseau filaire et la fibre optique, la vidéosurveillance et le pointage biométrique et contrôle d'accès (carte magnétique et empreinte digitale). Pour gagner du temps, le centre dispose également d'un système de transport pneumatique pour les analyses médicales. Par ailleurs, le CHU a conclu, lors de cette rencontre, des conventions de partenariat avec l'assemblée préfectorale et cinq associations locales œuvrant dans le domaine social. Ces conventions sont destinées à appuyer de nombreuses spécialités au sein du CHU qui pâtissent du manque d'équipements médicaux modernes. Ce projet nécessitera une enveloppe budgétaire de l'ordre de 5 MDH. Il porte sur l'achat d'un système de stimulation magnétique, d'une centrale pour monitoring à 8 patients, de 8 moniteurs multi-paramétriques et d'un appareil portable pour les injections guidées, outre le matériel de réadaptation cardiaque.