En ce début d'année 2012, la situation des finances publiques gagne en clarté. En effet, aux dernières heures de l'année 2011, la Trésorerie générale du royaume publiait son bulletin mensuel de statistiques des finances publiques, arrêté à fin novembre. Comme l'on pouvait s'en douter, le déficit public s'aggrave encore et atteint, à fin novembre, 27,5 milliards de dirhams. Cela aurait pu même être pire si ce n'est les recettes de privatisation. L'explication est à rechercher du côté des charges qui se sont considérablement alourdies durant l'année 2011. Ainsi, les dépenses ordinaires ressortent en hausse de 22,7% par rapport à fin novembre 2010. Cette situation résulte d'abord, comme chacun le sait, de l'explosion des charges de la compensation qui ont atteint 37,3 milliards de DH, prenant en compte le budget général et le compte spécial du Trésor, contre 14,4 milliards de DH, un an auparavant. Les dépenses de personnel et les charges en intérêts de la dette ont aussi eu leur effet sur l'augmentation des dépenses publiques puisqu'elles s'inscrivent en hausse, respectivement, de 10,7% et 8,3%. Enfin, les dépenses d'investissement complètent ce tableau des charges en augmentation, en passant de 36,6 milliards de DH, en considérant le budget général et le compte spécial du Trésor, en fin novembre 2010 à 37,2 milliards de DH à fin novembre 2011, soit une hausse de 1,6%. Le taux d'engagement global des dépenses publiques se fixe à 82%, à fin novembre, pour un taux d'émission sur engagements de 87%, contre respectivement 79% et 87% un an auparavant. Recettes en hausse plus timide Aussi, et pour faire face à ses dépenses en hausse, le Trésor public peut compter sur des recettes ordinaires en hausse de 11,6%. Ces recettes proviennent notamment de la réalisation de 5,3 milliards de DH au titre de la cession de 20% du capital de la BCP, mais aussi du versement par l'OCP de 3 milliards de DH au titre des dividendes contre seulement un milliard, un an auparavant. Les recettes fiscales ne sont pas en reste et s'inscrivent aussi en hausse à fin novembre. Ainsi, peut-on noter la hausse des impôts directs de 9,5%, des impôts indirects de 8,2% résultant essentiellement de la hausse de 15,2% de la TVA à l'importation, de 3,8% de la TVA intérieure et des droits d'enregistrement et de timbre de 7,3%. Toutefois, il faut signaler que la hausse des impôts directs s'explique pour l'essentiel par l'augmentation des recettes de l'IS de 11,5% qui résulte notamment des plus-values sur cession de Méditel et du versement en 2011 de l'IS par certaines grandes entreprises publiques qui n'avaient rien versé à la même période de 2010. En somme, et si on exclut les recettes de privatisation, les recettes ordinaires ressortent en hausse de 8,1%. Cela donne lieu à un solde ordinaire positif de 3,8 milliards de DH contre un solde positif de 16,8 milliards de DH à fin novembre 2010. Le solde ordinaire se détériore par rapport à la même période de l'année précédente. Mais ce n'est pas là le plus inquiétant. En effet, la hausse des recettes mise devant la hausse autrement plus importante de ce qui a touché les dépenses induit une aggravation du déficit. Ainsi, le déficit du Trésor ressort à 27,5 milliards de DH, compte tenu d'un solde positif de 5,9 milliards de DH dégagé par les comptes spéciaux du Trésor, contre un déficit du Trésor de 20,8 milliards de DH, un an auparavant. Pire, hors recettes de la privatisation, le déficit s'établit à 32,8 milliards de DH. Par ailleurs, il convient de signaler que compte tenu d'un besoin de financement de 32,4 milliards de DH et d'un flux net positif du financement extérieur de 4,1 milliards de DH, le Trésor a eu recours au financement intérieur pour un montant de 28,3 milliards de DH. Cela explique, en grande partie, la situation de sous-liquidité qui a marqué le marché marocain. Un effet d'éviction s'opérant naturellement à la suite de cette sortie massive du trésor. Cette situation devrait perdurer durant cette année 2012, surtout si le nouvel exécutif tarde à prendre en main le chantier de la réforme de la caisse de compensation. Alors, il faudra encore une fois recourir à des opérations de privatisations voire envisager une sortie à l'international très compliquée en ce contexte de début de récession européenne.