Benkirane a bien choisi ses mots, en se fixant le défi de former sa coalition dans un délai d'un mois, dans le cas contraire, il aurait remis «les clés». C'est, en effet, l'étape qui aurait dû être la plus difficile dans le processus. Contre toute attente, c'est la formation de son cabinet qui s'avère plus compliquée que prévu. La preuve, cela fait presque un mois que les Marocains attendent toujours l'annonce de la liste des nouveaux ministres. Les tractations entamées juste après la nomination de Benkirane par le roi semblent s'éterniser en dépit de plusieurs annonces qui se sont avérées vaines. Benkirane n'a même pas pu annoncer la structure de son gouvernement. Officiellement, la liste des potentiels ministrables a été remise au souverain depuis le début de la semaine. «La suite, est désormais entre les mains du roi», a expliqué Saad Eddine El Othmani à la presse. Une information démentie, tacitement, par le chef du Parti de l'Istiqlal, Abass El Fassi, qui dans le même temps, affirmait que son parti n'avait pas encore validé la liste de ses candidats. Selon les dernières informations, la nomination du cabinet devrait intervenir aujourd'hui vendredi au Palais d'Ifrane ou reportée au mardi 3 janvier. Des sources avancent que certains noms risqueraient d'être recalés en raison, soit de leurs compétences, qui ne seraient pas à la hauteur ou de leur personnalité. Difficile de vérifier l'exactitude de ses informations, tant, les spéculations vont bon train. Du côté de la coalition, c'est le black out total. Un mutisme qui profite aux rumeurs et aux fausses informations, sans que le PJD ou un autre membre de la coalition ne sorte de sa réserve. Ce qui ajoute à la confusion née, en début de semaine, sur une probable querelle entre l'Istiqlal et le PJD, par rapport au portefeuille de l'Equipement et des transports. Benkirane a certes reconnu avoir rencontré des difficultés lors de la phase des négociations, mais sans aller plus loin dans ses explications. S'il n'a pas encore publié sa liste, l'opinion semble servie par les informations qui circulent sur le Net et qui se contredisent, assez souvent. Une seule certitude, le cabinet sera constitué d'une trentaine de portefeuilles dont, entre 10 et 12 pour le PJD, 6 pour l'Istiqlal, 4 respectivement pour le PPS et le PPS en plus des ministères de souveraineté. En plus de se tailler la part du lion, proportionnellement à son poids électoral, le PJD disposera des «portefeuilles sensibles», comme la justice, les affaires sociales ou les finances. Les figures les plus en vue du parti de la lampe sont aussi connues, puisqu'elles ont été validées, à travers une procédure spéciale, qui combine démocratie interne et désignation par le SG du parti, qui n'est autre que Benkirane lui-même. C'est le cas de Lahcen Daoudi, Najib Boulif, Lahbib Choubani, Moustapha Ramid et autres Bassima EL Hakkaoui, ou Abdel Aziz Rebbah, qui ressortent dans presque toutes les listes, au même titre que Nabil Abdellah du PPS, Mohand Laenser du MP, Nizar Baraka du PI. Bien entendu, au stade actuel du processus, ces informations rejoignent le rang des spéculations politiques, qui trouvent un terrain assez fertile, ces derniers moments.