Abdelilah Benkirane se résigne actuellement au silence, s'abstenant d'éclairer l'opinion publique à propos de ce qui retarde réellement l'annonce du nouveau cabinet. C'est une semaine houleuse qu'a vécue la scène politique nationale dans l'attente de l'annonce de la nouvelle équipe gouvernementale. Bien que le chef de gouvernement désigné Abdelilah Benkirane ait promis, samedi 24 décembre, que la structure du nouveau cabinet allait être dévoilée au plus tard lundi dernier, il n'en fut rien. Depuis environ une semaine on n'y voit plus clair. Les partis concernés, le PJD, l'Istiqlal, le MP et le PPS, observent le mutisme absolu. En raison du manque de communication, les médias, contraints à informer régulièrement le lectorat de l'état d'avancement des concertations, partent souvent sur de mauvaises pistes. Et le citoyen qui aspire à un changement réel avec le nouveau gouvernement reste dans l'expectative. A travers des sorties médiatiques au lendemain de sa nomination, M. Benkirane s'est engagé à communiquer avec les citoyens à travers les médias en toute transparence. Et pourtant il se résigne actuellement au silence, s'abstenant d'éclairer l'opinion publique à propos de ce qui retarde réellement l'annonce du nouveau cabinet. M. Benkirane avait indiqué que la liste finale des ministrables avait bel et bien été remise au Cabinet royal samedi dernier, mais il n'a pas réagi à l'article du quotidien «L'Opinion» publié mardi qui a catégoriquement démenti cette information. D'où un cafouillage qui rappelle certaines pratiques du passé et qui prive le citoyen de son droit à l'information. A noter que la nouvelle Constitution garantit aux citoyens ce droit. «Les citoyennes et les citoyens ont le droit d'accéder à l'information détenue par l'administration publique, les institutions élues et les organismes investis d'une mission de service public», précise l'article 27 du texte constitutionnel. Le droit à l'information concerne également les journalistes qui ont pour devoir de médiatiser l'actualité politique. Face au black-out médiatique imposé par les partis concernés, les médias se sont trouvés contraints à puiser dans des sources anonymes pour rapporter des informations de première main souvent infondées. Alors que cela pourrait normalement se faire à travers des points de presse ou des déclarations officielles qui ne laissent point de place à la spéculation stérile. A noter que seul Abbas El Fassi, fortement pointé du doigt par les siens, est sorti de sa réserve pour affirmer que «les consultations sont achevées et il ne reste que quelques détails à régler». Dans une déclaration à la presse, peu avant la tenue du Conseil de gouvernement hier mercredi, le SG de l'Istiqlal a affirmé que «c'est une question de deux ou trois jours». Pour sa part, dans une déclaration à ALM, le PJD a tenu à démentir certaines informations publiées par des supports médiatiques selon lesquelles le PJD prévoyait l'éventualité d'un retour à l'opposition vu l'ampleur de ses divergences avec le parti de l'Istiqlal. «Il s'agit là d'une désinformation qui n'a aucun sens ou lien avec la réalité», précise Saâd-Eddine El Othmani, président du conseil national du PJD. Et d'ajouter: «Il n'y a pas de crise entre le PJD et l'Istiqlal. Je dirai qu'il est plus question d'un différend que la coalition gouvernementale dépassera pour l'annonce du cabinet du gouvernement dans les 48h qui viennent».