Tant les Etats africains que les entreprises peuvent améliorer leurs performances en faisant appel à l'intelligence artificielle, selon McKinsey & Company. «L'intelligence artificielle, ce n'est pas uniquement à la Silicon Valley qu'on la retrouve. C'est également une vraie opportunité de développement pour le Maroc et les pays africains». Le constat est fait par Jalil Bennani, directeur général du bureau McKinsey & Company de Casablanca. Il s'exprimait ce vendredi 20 juillet à Casablanca, lors d'une conférence de presse de présentation du «Potentiel du digital et de l'intelligence artificielle». Pour le patron local de ce géant mondial du conseil, «Si le pétrole était le Graal du 20e siècle, la data devient celui du 21e siècle». Chez McKinsey Maroc, où la transformation digitale représente désormais 50% de l'activité, les éloges ne tarissent pour vanter les vertus de l'intelligence artificielle (IA) et inciter l'Etat et les entreprises à en saisir les opportunités. «Les performances financières se sont nettement améliorées pour les entreprises qui font appel à l'IA», renchérit Yassine Sekkat, directeur associé de McKinsey Maroc. Dans le royaume, à en croire les responsables de McKinsey, l'IA est déjà une réalité, même si elle tarde encore à s'ériger en priorité pour des raisons budgétaires, entre autres causes. Secteurs cibles Concrètement, McKinsey estime que 8 secteurs peuvent aujourd'hui sensiblement améliorer leurs performances au Maroc en faisant appel à l'IA. Il s'agit des banques, des assurances, des télécoms, de l'industrie automobile, de l'agriculture, en plus de l'énergie, de l'auto-entrepreneuriat et de l'e-Gov. Sur ce dernier point par exemple, McKinsey estime que l'IA permettra aux Etats de lutter plus efficacement contre la fraude fiscale. En Afrique, où les secteurs agricoles et énergétiques sont appelés à soutenir l'émergence économique, l'IA pourra être efficace pour résoudre certaines équations liées à la météo, à la problématique de l'eau et de l'utilisation des engrais. En tout cas, ailleurs dans le monde, l'IA continue de booster l'activité économique. En 2016, environ 700 deals ont été réalisés dans l'IA à travers la planète, et ce n'est qu'un début. Besoins en profils pointus Toutefois, au Maroc et dans les pays africains, les retards sur les aspects réglementaires peuvent constituer un frein à l'émergence de cette nouvelle niche économique. Il en va de même de l'ignorance, de la part des entreprises, de l'exploitation des données. Sans parler de l'indisponibilité de profils et de talents capables de porter les projets liés à l'IA. Ceux-ci sont principalement menés par trois profils: les «data engineers» pour récupérer les données et les rendre exploitables; les «data scientists» pour les implémenter, sans oublier les «data architects», qui peuvent intervenir dans la conception des projets. Jalil Bennani Directeur général du bureau McKinsey & Company de Casablanca L'intelligence artificielle, ce n'est pas uniquement à la Silicon Valley qu'on la retrouve. C'est également une vraie opportunité de développement pour le Maroc et les pays africains. Si le pétrole était le Graal du 20e siècle, la data devient celui du 21e siècle». Yassine Sekkat Directeur associé du bureau McKinsey & Company de Casablanca Les performances financières se sont nettement améliorées pour les entreprises qui font appel à l'IA. Grâce à cette dernière, l'Afrique peut rattraper son retard de développement économique». Intelligence artificielle : immense collecte de données «90% des données de l'humanité ont été créées au cours des deux dernières années, et la tendance va s'accélérer». Cela fait froid dans le dos, mais chez McKinsey & Company, ces chiffres constituent un indicateur sur ce qu'il est possible de faire avec l'IA. De plus, entre 2013 et 2017, le monde a connu le doublement du nombre d'utilisateurs d'Internet, avec une multiplication par quatre des smartphones utilisés. Autant dire que tout concourt à faire émerger l'ensemble des activités relatives aux data. Cette nouvelle tendance, à en croire les responsables de McKinsey, devrait aboutir au développement de nouveaux métiers et de nouveaux profils. Globalement, la création d'emplois devrait en être renforcée, disent-ils. Wait and see.