Il y a quelques jours, des diplômés chômeurs ont commis un précédent révélateur. En effet, ce groupe qui manifestait dans les rues de Nador a subitement décidé d'investir les locaux de l'hypermarché Marjane, où il a poussé les commerçants à baisser rideau, les clients à déserter les lieux et les collaborateurs de Marjane à quitter leurs postes de travail, pour former une chaîne protectrice contre tout débordement éventuel. Ainsi, les manifestants ont pris en otage le business pendant plusieurs heures sans qu'aucun agent de l'autorité ne daigne intervenir. Que faut-il donc retenir de cette dangereuse dérive ? Primo, la démocratie ne signifie nullement l'anarchie. Et la liberté des individus, des communautés et du business est garantie par la force de la loi. La bafouer, c'est enfreindre un pilier de la démocratie. Secundo, la sécurité est du ressort des agents de l'autorité. Laisser les biens des personnes et des sociétés exposés aux éventuels dérapages de la rue, sans intervenir ni en amont, ni en aval, c'est pousser la société à la dérive. Une situation qui règne dans toutes les villes depuis dix mois sans que personne n'y trouve a redire. Tertio, ce n'est pas là, loin s'en faut, le climat idéal pour drainer de l'investissement et rassurer nos partenaires. Nos officiels ne savent-ils pas que le capital est lâche ? Et le timing est des plus inappropriés car il coïncide avec un regain d'intérêt croissant pour notre pays. Sous-estimer cette dérive, c'est jouer avec le feu. Car, hier c'était Marjane, sans que personne ne bouge le petit doigt. Demain, assistera-t-on à l'occupation de grands hôtels, de filiales de groupes internationaux, voire même de sièges de banques? Ce serait tout simplement intolérable!