De mémoire d'exposants, jamais le Maroc n'a connu un Stand dans un Salon Professionnel qui s'est transformé en lieu de racolage de clients, à qui on promet des «hôtels gratuits au Maroc». En fait, de l'avis des professionnels marocains présents sur place et ayant cotisé pour avoir un petit box exigu dans l'espace de l'ONMT, le stand du Maroc a été littéralement squatté et encombré, gênant considérablement la circulation et la visite des professionnels. Il faudrait bien que quelqu'un explique ou assume le véritable «souk» ou plutôt la «joutya», puisque c'est de «bradage» qu'il s'agit lors du Fitur de Madrid (24 janvier au 4 février 2007). En effet tout l'espace commun du Stand Maroc, servant normalement de lieu de réunion ainsi qu'une bonne partie de la «remise» ou de stands affectés et temporairement inoccupés par leur propriétaires légitimes ont été pris d'assaut par une équipe d'une quinzaine de vendeurs, totalement inconnus des voyagistes et hôteliers marocains, et qui, après avoir inondé le Salon d'imprimés mentionnant «7 nuits gratuites dans des hôtels partout au Maroc» accompagnaient les clients au stand du Maroc et leur faisaient signer des «bons d'attribution» moyennant des « frais de réservation» de 19 ou 29 euros selon la durée de séjour ! Les Clients ayant quant même l'obligation d'acheter leurs petits déjeuners et leurs déjeuners sur place au tarif public ! Toutes les autres formalités devant se faire plus tard par internet.Evacuons rapidement la première hypothèse, car si tel était le cas pour attirer des touristes, nos brillants technocrates-marketeurs, chargés du tourisme auraient depuis longtemps évité à notre pays un budget de dépenses promotionnelles de près de 450 millions de DH par an ! En fait, ce «business» est initié par une agence de voyage «internationale» nouvellement créée dans une zone «off-shore» au nord du Maroc et dont le contact téléphonique lui, est précédé de l'indicatif de Marrakech ! Pas de téléphone du siège social affiché sur les documents présentés ni de Numéro de Licence d'agent de voyages conformément à la réglementation ! Elle bénéficierait d'une autorisation provisoire pour Tanger, mais comment expliquer alors la mention «Marrakech» sachant qu'une licence provisoire ne peut donner droit à une succursale. Combien de clients ayant versé les précieux 19 ou 29 euros, dans la précipitation et la promesse d'hôtels prestigieux gratuits, notamment à Marrakech et Fès, pourront réellement profiter d'un séjour digne des «mille et une nuit» comme l'indique l'imprimé ? Très peu en fait, car aucun hôtel ni aucune date choisis par le client ne peuvent être garantis et l'agence se réserve le droit de proposer un autre hôtel et une autre date ! Lorsque l'accord sur les dates et l'hôtel sont conclus, il faudrait alors trouver une place d'avion aux dates choisies, sinon l'annulation de la réservation d'hôtels vous en coutera au minimum 39 euros si vous annulez au moins 30 jours avant ! Du «business» d'un genre nouveau ? Lorsque ces clients compareront le cout réel de leur voyage «hôtel gratuit» au Maroc, entre les prix publics affichés pour les deux repas qui leurs seront facturés (par le voyagiste et non par l'hôtelier) à prendre tous les jours à l'hôtel, prix de références surévalués et généralement appliqués pour les seuls hôtels «affaires» et le billet d'avion contraint de «coller» aux dates réservées, il y a fort à parier que la dernière annonce de l'agence du coin de rue, avec un tour opérateur affréteur ou non, est de loin moins stressante, plus économique, plus pratique et surtout plus flexible. Surtout que les périodes mentionnées correspondent à la basse saison. Contactés, certains hôteliers concernés avouent avoir offert de bonne foi, des cotations normales comme à n'importe quel agent de voyage. Des questions hantent cependant les professionnels présents au Salon de Fitur de Madrid : Primo : Comment peut-on communiquer dans un stand du Maroc sur le concept d'une offre d'«hôtels gratuits» sans pour autant laisser penser que nos hôtels sont «mal remplis», à un moment où notre pays connaît un engouement exceptionnel qui le place au top des destinations mondiales. Quel impact ce genre de démarche peut-il avoir sur la perception par le consommateur du véritable «niveau de prix à payer» de la destination ? Secundo : Que pourront déduire les divers investisseurs hôteliers étrangers présents sur place et qui ont choisi le Maroc pour leur développement ? Sachant que le déroulement de cette promotion dans le stand Maroc équivaut à caution. À noter que malgré la réaction du Directeur général de l'ONMT demandant de mettre fin à cette promotion sur le stand, celle-ci a repris de plus belle dès son départ. Tertio : Comment une destination peut rester crédible lorsqu'on propose de telles «promotions» dans un Salon professionnel, c'est-à-dire où les personnes démarchées, les trois premiers jours du salon surtout, sont toutes des chevronnées du tourisme et de la production de voyages ou des journalistes ? Enfin, espérons que ce nouveau «business» ne se traduira pas demain par des déceptions ou regrets de clients qui auraient adhéré de bonne foi (les deux derniers jours étaient ouverts au public) et que des flots de réclamations ne pleuvent pas sur les autorités du tourisme du fait de l'amalgame avec le stand du Maroc.