Abdellah Janati El Idrissi, Directeur général de l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) La Direction générale de la santé (DGS) de l'UE a adopté, le 28 avril 2017, une directive qui instaure l'obligation du certificat phytosanitaire à l'entrée de l'UE pour les produits agricoles marocains. De quelle façon, l'ONSSA accompagne-t-il ce chantier ? Dès l'annonce de la nouvelle réglementation européenne, exigeant la certification phytosanitaire à l'export de tous les végétaux à partir du 1er janvier 2018, plusieurs actions ont été entreprises par l'ONSSA notamment l'organisation d'une série de rencontres et réunions avec les organisations professionnelles avant et au cours de la campagne d'exportation. S'ajoutent à cela, le renforcement des capacités des services de la protection des végétaux provinciaux de l'ONSSA, le rapprochement des services d'inspection des lieux de production, permettant de répondre en permanence aux besoins des exportateurs, en plus de l'adoption progressive d'un nouveau système informatique (TRACES NT) pour une gestion rapide et sécurisée des opérations de certification phytosanitaire. Selon vous, est-ce que ces contrôles phytosanitaires auront un impact sur le transit time et la compétitivité des produits agricoles marocains ? Au démarrage de cette nouvelle réglementation de l'UE et en raison du grand flux des marchandises, le transit time sera relativement rallongé ; cependant, ce système sera stabilisé progressivement dans l'objectif de maintenir la compétitivité des produits agricoles marocains destinés à l'exportation. Quelle place occupent les systèmes d'information et la dématérialisation des procédures dans la stratégie de l'ONSSA ? Les systèmes d'information constituent une composante essentielle dans la stratégie de développement de l'ONSSA. L'objectif étant d'améliorer les performances en matière de contrôle et de réduire les délais de traitement des dossiers pour arriver à terme à la dématérialisation des procédures. À cet effet, une convention tripartite a été signée conjointement entre l'ONSSA, l'Administration des douanes et PORTNET S.A., au sujet de la dématérialisation des procédures et a concerné, dans un premier temps, le processus de contrôle des produits à l'importation ; ce processus sera étendu par la suite aux contrôles des produits à l'exportation. En termes d'export, comment l'ONSSA accompagne-t-il les produits agricoles marocains sur le plan réglementaire, notamment les marchés lointains ? Conformément à la réglementation en vigueur, l'exportation des produits alimentaires est soumise à un contrôle rigoureux au niveau des postes frontières marocains par les inspecteurs de l'ONSSA, et ce, afin de répondre aux exigences des pays exportateurs et garantir la qualité et la salubrité des produits exportés. Par ailleurs et afin de maintenir et renforcer la compétitivité des produits alimentaires exportés, l'ONSSA maintient en permanence une veille réglementaire et normative afin de se rapprocher des réglementations des pays importateurs et des normes adoptées par les organisations internationales (notamment celles de la Convention internationale de la protection des végétaux, l'Organisation mondiale de la santé animale, et le Codex Alimentarius). Dans ce cadre, l'ONSSA travaille actuellement sur de nouveaux textes législatifs afin d'être en phase avec la réglementation et les normes internationales, notamment le nouveau projet de loi phytosanitaire. Parallèlement, et en plus des accords de libre-échange conclus entre notre pays et ses partenaires stratégiques, l'ONSSA entretient et développe des relations de partenariat et de coopération avec plusieurs pays importateurs, notamment ceux de l'UE, l'Union douanière, les USA, la Chine, le Japon, etc. ; et ce, à travers la conclusion de plusieurs accords et conventions sanitaires et phytosanitaires. De même, pour diversifier nos marchés d'exportation, d'autres mémorandums et protocoles d'entente phytosanitaires sont en cours de discussion avec d'autres partenaires, tels que le Japon pour l'exportation des agrumes. Quelles sont les grandes lignes de la nouvelle stratégie (2019-2023) de l'ONSSA ? En ligne avec ses missions qui consistent à la préservation du patrimoine animal et végétal, la garantie de la sécurité sanitaire des aliments pour assurer la protection du consommateur le long de la chaîne alimentaire, et dans le but de consolider les acquis et renforcer les actions de l'ONSSA, la stratégie de développement consiste à tracer une vision claire en matière de sécurité sanitaire des produits alimentaires dans le cadre d'une feuille de route partagée avec l'ensemble des partenaires de l'office. Principalement, et en collaboration avec les partenaires concernés de l'ONSSA, il s'agit d'améliorer le niveau de maîtrise en matière de sécurité sanitaire des produits alimentaires, notamment sur le marché local, afin de garantir au consommateur des produits sains et sans risque pour la santé humaine. À cela s'ajoute l'amélioration de l'état sanitaire du cheptel, de la santé végétale, de la traçabilité animale et végétale en plus de la gestion des intrants agricoles (médicaments vétérinaires, semences, pesticides, etc.) et les bonnes pratiques d'utilisation. Les systèmes d'information et la dématérialisation des procédures de contrôle font également partie de notre stratégie de développement afin de gagner en termes d'efficacité et d'efficience.