Les Etats membres de l'Union européenne ont mandaté la Commission européenne pour négocier avec le Maroc un nouveau protocole de pêche incluant le Sahara marocain. C'est un signe positif qui réconforte le Maroc dans ses positions et qui ouvre de belles perspectives pour l'accord de pêche, mais surtout l'accord agricole. Car le Maroc négocie un pack et pas des options. L'on sait que ce sont les Européens qui tirent bénéfice de l'accord de pêche, c'est pourquoi une rupture dudit accord pour des questions de souveraineté allait constituer une jurisprudence pour l'accord agricole qui est, il faut le reconnaître, crucial pour l'économie nationale. Cette configuration devait, et on l'a ressassé à maintes reprises, pousser notre pays à diversifier ses marchés. Il y avait certes une brèche vers des marchés émergents comme la Russie, l'Inde et un peu moins la Chine, mais le flux commercial concrétisé demeure marginal par rapport aux 65% des échanges effectués avec l'Union européenne. Pour réussir ce challenge, il faut commencer par se fixer des objectifs graduels, à savoir baisser ce volume à 55% puis 50% dans un horizon de 5 à 10 ans afin d'atténuer la dépendance à l'accord agricole. Sur le plan géostratégique, avec un conflit majeur sous le bras, le Maroc ne pourrait se permettre de mettre tous ses œufs dans le même panier, notamment avec les changements, en dents de scie, des politiques étrangères menées par des superpuissances depuis quelques années, et qui montent en instabilité. Il faut donc capitaliser sur cette décision des Etats membres de l'UE et ne pas se contenter de jubiler.