Nos amis espagnols ne savent plus quelle ligne de conduite observer vis à vis de leur voisin du sud. Trois dossiers mettent à nu la schizophrénie qui caractérise l'attitude des officiels et des opérateurs privés ibériques. D'abord, Ils veulent faire du Maroc le gendarme aux frontières, qui surveille en bon guetteur les voies d'accès à la péninsule et surtout qui stoppe le flux des pateras. Chaque fois qu'une embarcation pénètre dans les eaux territoriales espagnoles, ils condamnent «la passivité» des garde-côtes marocains et n'hésitent parfois pas à la couler, avec des dizaines de personnes à bord, pour faire place nette ! Drôle de modèle en matière de droits de l'homme. Le deuxième dossier qui interpelle le désormais premier partenaire du commerce extérieur du Maroc, est justement l'accord agricole avec l'Union européenne. Ainsi, à chaque fois que l'UE négocie avec le Maroc le renouvellement de cet accord, des lobbies espagnols, menés par des fédérations et des associations agricoles, montent au créneau. Le Maroc est descendu en flammes, ses marchandises sont détruites sur les autoroutes espagnoles, sans que les autorités ibériques ne bronchent et l'UE est traitée de tous les noms ! En revanche, le troisième cas reflète une attitude conciliante, qui va jusqu'à demander qu'on se plie aux exigences marocaines. Vous avez deviné, il s'agit de l'accord de pêche Maroc-UE, dont les plus grands bénéficiaires ne sont certes pas les Marocains, détrompez-vous, puisque ce sont les dizaines de milliers de pêcheurs espagnols qui en tirent profit, contre une compensation qui frise le ridicule. Soit. Devant cette situation, il y a lieu de «mettre un bémol» à son ego et à se résigner à la réalité du commerce international, dans lequel on ne peut pas faire d'omelettes sans casser d'œufs. C'est pourquoi le Maroc a toujours privilégié une approche globale dans la négociation du business avec nos voisins du nord, à laquelle on ne peut échapper in fine et dont toutes les parties doivent sortir gagnantes.