En l'espace de quelques jours, l'Office chérifien des phosphates (OCP) a annoncé deux opérations à l'international qui ciblent l'Amérique du Sud. Au Brésil, tout d'abord, le leader mondial dans l'exportation de phosphates et de ses produits dérivés a conclu le 13 décembre dernier un accord de partenariat à parts égales avec la représentation brésilienne du groupe norvégien Yara International, leader mondial des engrais azotés et acteur majeur de la distribution d'engrais au Brésil. Concrètement, l'accord repose sur la prise de participation par l'OCP de 50% des parts d'un complexe industriel et portuaire de Yara installé à Rio Grande. Le partenariat prévoit ainsi l'exportation par l'OCP de phosphate marocain, nécessaire à la production d'engrais par l'unité de production de Rio Grande. Il s'agit donc d'une entrée concrète sur le marché brésilien pour l'OCP, mais pas seulement, puisque le groupe norvégien Yara possède également des unités de production en Europe. Ces dernières seront également alimentées par le phosphate marocain. Comme l'Amérique du Sud ne s'arrête pas au Brésil, l'OCP a également inauguré le 14 décembre son bureau argentin «OCP de Argentina», à Buenos Aires. Sécurisation des commandes À l'OCP, les annonces de partenariat à l'étranger s'enchaînent donc. Ces opérations s'inscrivent en réalité dans un programme d'investissement global annoncé par l'OCP il y a tout juste un an. À cette époque déjà, l'Office inaugurait son bureau brésilien «OCP do Brasil Ltda», installé à Sao Paulo. Depuis un an, l'Office applique un programme ambitieux d'investissement, qui ambitionne de doubler sa capacité minière et de tripler sa capacité de production d'engrais. L'objectif n'est autre que de subvenir aux besoins croissants du marché mondial des engrais phosphatés. Dans ce contexte, l'Amérique du Sud représente un sacré challenge pour l'OCP, notamment le Brésil, dont la production locale de phosphate ne couvre pas la demande des engrais phosphatés du pays. Cependant, ce continent n'est pas le seul à susciter l'intérêt de l'Office. À la fin du mois de novembre, l'OCP annonçait avoir conclu un partenariat de joint-venture avec le groupe turc Toros Tarim, filiale de Tekfen, spécialisée dans la production d'engrais phosphatés et azotés. Pour rappel, l'accord a abouti à la création d'une nouvelle société, baptisée Black Sea Fertilizer Trading Company (BSFT Co), dont l'OCP détient 70% et Toros Tarim, 30%. Après avoir renforcé sa présence en Inde, l'OCP assure dorénavant ses arrières sur les cinq continents. Autrement dit, il est loin, le temps où l'Office se contentait de signer des joint-ventures avec ses partenaires habituels dans les seules frontières du Maroc. L'OCP voit aujourd'hui plus grand et s'allie sans complexe avec les grands du marché des engrais. Une manière de sécuriser son marché, mais également de s'ouvrir les portes de nouveaux marchés, très souvent émergents. Une nouvelle stratégie internationale, plus offensive, se dessine donc. Nul doute que les moyens sont également mis en place pour l'appliquer, puisque le plan d'investissement de l'entreprise pour 2010-2020 s'élève à 98 MMDH. Il faut dire que tous les moyens sont bons pour maintenir le secteur marocain des phosphates, qui ne cesse de sauver une balance commerciale marocaine trébuchante.