A long terme, la volatilité des prix agricoles devrait s'installer, avec des niveaux de prix plus élevés que ceux précédant l'envolée 2007- 2008. Les besoins des pays émergents devraient soutenir la croissance de la production agricole mondiale. Amérique du Sud et Asie sont donc les principaux relais de croissance sur lesquels mise l'OCP. Disposant de la plus importante réserve mondiale en phosphates, le Maroc veut aussi devenir le premier exportateur de produits dérivés de cette roche et d'engrais. L'Office chérifien des phosphates, locomotive de cette industrie, ne lésine pas sur les moyens pour asseoir ce positionnement. Des joint-ventures, des partenariats et des bureaux de représentation ne cessent d'émerger. Dernière en date, l'ouverture d'un nouveau bureau de représentation à Buenos Aires en argentine, baptisé OCP de Argentina. «Cette ouverture s'ajoute au lancement couronné de succès, un an auparavant, d'un bureau à Sao Paolo, au Brésil», souligne-t-on au sein de l'OCP. Ce pays destiné à devenir un important hub régional a vu également l'ouverture d'une société d'intermédiation commerciale, OCP Do Brazil de droit brésilien, détenue conjointement avec Maroc Phosphore à hauteur de 70 % et 30 %, respectivement. Cette société procède à la prospection du marché brésilien, à la mise en contact avec de nouveaux clients et à l'amélioration des services rendus aux clients actuels. Plus récemment, l'OCP a annoncé l'accord avec Yara international, leader mondial des engrais azotés et acteur majeur de la distribution d'engrais dans ce pays d'Afrique de Sud, pour la création d'un partenariat global. Le Brésil, hub pour l'Amérique du Sud L'office prendra une participation de 50 % du complexe industriel et portuaire de Yara à Rio Grande (Sud du Brésil) qui comprend une unité de production d'engrais phosphatés, le plus grand terminal d'engrais de la région, ainsi que des capacités de stockage d'engrais. Le groupe signera, en outre, un accord long-terme de livraison de phosphates aux unités européennes de production d'engrais de Yara. «Cet accord pérennisera une partie des revenus de l'OCP tout en soutenant la production d'engrais de Yara en Europe. De même, l'accès portuaire au Brésil joue un rôle clé dans la stratégie de l'OCP dans cette région et offre une nouvelle base pour mieux servir ses clients brésiliens», précise-t-on à l'OCP. L'engouement pour cette région du globe s'explique par le potentiel de croissance qu'elle offre. En effet, selon les estimations de l'office, les importations de l'Amérique du Sud en engrais phosphatés devront passer 1,8 millions de tonnes en 2009 à 3 millions tonnes en 2019, soit un taux de croissance de 5,3 %. En Europe, où l'office dispose d'une bureau de représentation à Paris et d'une joint-venture pour la production en Belgique, le potentiel de croissance est de 3,6 %. La taille du marché devrait être en 2009 de 1,7 millions de tonnes d'engrais phosphatés. L'Asie pour contrecarrer la Chine Par ailleurs, la deuxième région à laquelle l'OCP cherche à se renforcer est celle de l'Asie du Sud. Dans cette zone, qui compte la Chine comme concurrent et où le marché devrait croître de 2,5% à 4,9 millions de tonnes, l'office dispose d'un bureau de représentation à New Delhi, en Inde, dont l'activité est actuellement limitée à des prestations de conseils et de veille commerciale. «Actuellement le bureau, n'a pas de structure juridique, l'OCP envisage de redimensionner ce bureau de représentation en une structure juridique indépendante qui fournira des services commerciaux et de conseils avec un niveau d'expertise plus élevé», explique-t-on au sein de l'OCP. En plus de ce bureau, un autre devrait voir le jour à Dubaï aux Emirats Arabes Unis. Cette ouverture étant toujours à l'étude, la Turquie devrait accueillir en priorité une joint-venture dont l'accord a été signé il y a quelques semaines avec Toros Tarim, filiale du groupe Tekfen, détenue à hauteur de 70 % et 30% respectivement. L'objectif de ce projet de partenariat consiste en l'implantation en Turquie d'une entité de négoce d'engrais pour servir les marchés de la Mer Noire, des Balkans et d'Asie centrale et «permettre aux deux partenaires d'accompagner la forte croissance de la demande d'engrais dans ces régions». L'agressivité commerciale est donc le nouveau mot d'ordre chez l'unique producteur du phosphates marocain, qui assurait ses ventes auparavant par des partenariats industriels.