La société spécialisée dans le crédit à la consommation se prépare pour son opération de fusion-absorption avec Taslif. Entre-temps, elle dévoile des résultats en bonne forme et affiche une solidité financière. Toutefois, le groupe doit faire face à une montée de la sinistralité dans le secteur en enregistrant un coût du risque de 3%. Détails. L'activité du crédit à la consommation se porte bien. C'est notamment le cas pour Salafin, comme l'a souligné le management de la société spécialisée filiale de BMCE BOA. À fin décembre 2017, l'encours «sain» global de Salafin est ainsi ressorti à près de 2,6 MMDH, soit une hausse de 6%. Une progression en ligne avec celle du secteur qui a enregistré un encours global en hausse de 7% à 43,5 MMDH. L'activité de Salafin a été portée par la bonne tenue des encours des crédits non affectés qui se sont accrus de 6,8% (un segment constitué essentiellement des prêts personnels), contre une hausse de 4,9% des encours de crédits affectés (crédits Auto et LOA). Une stratégie qui semble avoir fait ses preuves puisque Salafin, contrairement au marché, mise sur les prêts non affectés (représentant 55% de l'encours global de l'entreprise contre 43% pour le marché) plutôt que les prêts affectés (45% contre 57% pour le marché). Avec une production globale de 1,2 MMDH (en hausse de 6,5%), Salafin a pu dégager un produit net bancaire de 382 MDH, en progression de 2,9% par rapport à l'exercice précédent. Cette amélioration a été principalement tirée par une évolution de la marge d'intérêt de pratiquement 12%, conjuguée à l'accroissement des produits d'intérêts en plus de la hausse de la marge sur commissions de 4,1% et la réduction significative (pour la troisième année consécutive) du coût de refinancement de 10,8%. «Salafin a fait preuve d'une grande résilience en essayant de maintenir ses marges d'exploitation», remarque Mohammed Er-Raoui, directeur général adjoint en charge du pôle Finances. Ceci étant, le taux de sinistralité qui pèse sur le secteur financier plane également sur la société spécialisé de financement. Pour faire face aux défaillances liées au risque de défaut de paiement, Salafin a dû provisionner environ 66 MDH en 2017, soit 20 MDH de plus qu'en 2016. «La sinistralité est une problématique plus conjoncturelle que structurelle... Certains aspects techniques en termes de réalisation de garanties sont en cause, mais cela devrait s'atténuer durant le prochain exercice», tempère Aziz Cherkaoui, président du directoire. Le coût du risque de Salafin a, quant à lui, augmenté à 3% alors qu'il était de 2,49% un an auparavant. Un point très sensible, selon Er-Raoui. Ce qui l'inquiète, c'est le coût du risque qui reste à des niveaux très bas chez certains de ses concurrents. «Il est très difficile de gérer un total bilan de 5 à 10 MMDH pour enregistrer un coût du risque d'à peine 0,5%... On ne comprend pas comment ils font, alors que nous, nous sommes à un bilan de 2 MMDH avec un taux de 3%... On est en droit de se poser des questions», explique-t-il. Ce qui le trouble également, c'est la situation de certains de ses concurrents qui affichent un PNB en baisse alors que les encours suivent une tendance haussière. Une situation qui, selon lui, ne risque pas d'arriver à Salafin qui ajuste ses prix en fonction de la qualité du risque. Il en veut pour preuve le taux de rendement de la société, qui reste supérieur à celui du secteur. L'entreprise a, en effet, affiché une rentabilité financière de 21,75% avec un ratio de solvabilité de 18,22% (le ratio réglementaire se limite à 12%). Pour le top management, la société est globalement rentable et son niveau de profitabilité est maintenu. De ce fait, le résultat net à fin 2017 s'est établi à 140 MDH, en hausse de 1,2%. Pour pallier la composante tarification/risque, le management mise sur l'éventuelle mise en place des nouvelles dispositions réglementaires du comité de Bâle, l'IFRS 9. Le système bancaire ne semble pas encore prêt à l'accueillir. Cette norme devait entrer en vigueur en 2018, mais les banques ont demandé un report de 2 ans le temps de se mettre à niveau. Cette rigueur imposée aux sociétés mères (les banques) se répercutera certainement sur leurs filiales spécialisées dans le crédit à la consommation. «Un vrai toilettage sera effectué. On verra ensuite les vrais coûts du risque et les vraies marges des différents opérateurs», souligne Er-Raoui. Ainsi, cette nouvelle norme de régulation mettra tout le monde sur un même pied d'égalité. Aziz Cherkaoui Président du directoire de Salafin Nous sommes en préparation du Business Plan. Il a d'abord fallu attendre les comptes des deux sociétés pour pouvoir effectuer les projections et les perspectives de la nouvelle entité. Plusieurs dossiers ont été bouclés entre-temps. Aujourd'hui, nous sommes en phase de préparation de la note d'information qui sera remise à l'AMMC et à Bank Al-Maghrib pour obtenir les agréments. Le planning réglementaire devrait ainsi se dérouler comme prévu pour arriver à une fusion effective avant la fin du premier semestre... Si les niches de développement sont déjà identifiées, certains aspects représentent quand même un risque lors d'une opération de fusion: Il faut faire attention à préserver les fonds de commerce respectifs, identifier les synergies entre les deux activités commerciales parce qu'il y a des produits sur lesquels nous sommes complémentaires...Il y a encore de l'optimisation à faire. Mohammed Er-Raoui Directeur général adjoint Le résultat de Salafin a été de 140 MDH. Taslif, quant à elle, serait à environ 32 MDH, sachant qu'elle a subi un impact fiscal de 15 MDH. Hormis ce paramètre, elle aurait donc dégagé un résultat de 45 MDH. La masse bénéficiaire des deux entités en 2017 serait d'un peu plus de 180 MDH. Au-delà de l'agrégation comptable simple, nous travaillons sur la complémentarité produits, parce que même si nous exercions dans le même secteur, nous étions sur des activités légèrement différentes... Les structures de nos bilans ne sont pas réellement les mêmes. Sur le plan industriel, on a des ambitions et on aimerait rester sur les mêmes niveaux de rentabilité, dépasser les 20%... Concernant l'Auto Expo, les équipes de Salafin et Taslif s'y rendront ensemble sous la nouvelle bannière. Même si la fusion n'est pas encore effective, les synergies entre les deux groupes ont déjà commencé. Nous avons déjà développé de nouvelles offres qui seront présentées lors de cet événement.