Décidement, cette année 2012 est mouvementée pour les sociétés de financement. En marge de la publication par les entreprises cotées du secteur de leurs réalisations au titre du premier semestre, il s'avère en effet, qu'en dépit d'un contexte fortement concurentiel, le secteur des sociétés de financement tire son épingle du jeu. Globalement, l'activité parvient en effet à maintenir le cap de la croissance. Cependant, il faut bien noter que toutes les sociétés n'évoluent pas au même rhytme. Diac Salaf, par exemple, constitue aujourd'hui le cas particulier du secteur avec une activité qui ne démarre toujours pas et des perspectives de reprises par un investisseur étranger de plus en plus flou. Diac, qui accumule des pertes importantes depuis quelques années, n'est toujours pas sortie de l'ornière. Après plusieurs tentatives de reprise ratées, la société de financement pourrait disparaître si l'opération de rachat par un fonds d'investissement étranger n'aboutit pas. Aux dernières nouvelles, la société a émis une nouvelle deadline pour son opération stratégique, qui a été arrêtée pour le 31 décembre 2012. C'est là un cas qui risque à lui seul de tirer vers le bas tout le secteur. D'ailleurs, beaucoup de professionnels considèrent aujourd'hui que l'attentisme inhabituel observé par la Banque centrale dans ce cas est induit par le fait que BAM veut à tout prix éviter la liquidation d'une société qui risquerait de remettre en cause toute la capacité de résilience de ce secteur. Heureusement, le reste du secteur tire profit de son affiliation à un système bancaire très solide. En effet, à la lecture des réalisations des sociétés de financement, il devient claire que cet adossement aux banques marocaines permet au secteur de maintenir le cap de la rentabilité. En témoignent les réalisations «honorobales» de toutes les autres sociétés, à commencer par le leader Wafa Salaf. Cette dernière est en effet parvenue à maintenir sa position de principal contributeur aux résultats consolidés de sa maison mère, le groupe Attijariwafa bank. En effet, sa production a augmenté de 20% à fin juin pour atteindre les 5,4 MMDH. L'encours se situe donc à près de 22 MMDH, également en hausse de 11%. Quant au résultat net, il s'élève à 173 MDH avec une croissance de 2,6%. Cette dernière a été plus rapide que celle du PNB de l'établissement (+0,3%) grâce notamment aux efforts de maîtrise des charges d'exploitation, corrélées à celles du coût du risque. L'activité de financement Salafin, du groupe BMCE, a pour sa part enregistré au cours du 1er semestre 2012, une hausse de production de 5% à 644 MDH. Cette hausse est imputable notamment à la production des crédits personnels, qui ont connu un accroissement de 7% à 244 MDH, alors que le marché affichait un recul d'environ 8%. La production de financements automobiles a, pour sa part, augmenté de 10% à 367 MDH. En matière de recouvrement, Salafin explique qu'une nette réduction du coût du risque a été constatée durant la première partie de cette année, passant de 31,6 MDH à 18,8 MDH en glissement annuel, et ceci grâce aux efforts de recouvrement conjugués à une politique d'octroi de crédits plus prudente. On notera également Vivalis Salaf, filiale du groupe Banque Populaire, qui escompte un bon premier semestre. Son résultat net semestriel s'élève de plus de 33 MDH, celle-ci se voit ainsi devenir l'une des filiales les plus rentables du groupe. Note positive également pour Axa Crédit (ex Acred). Adossé à l'un des principaux assureurs de la place, la société de crédit enregistre un accroissement de 21,7% de la production à 437,1 MDH. Cette évolution est le fruit de la nouvelle politique de distribution directe de proximité, adoptée par la société. Ainsi, l'encours des crédits progresse de 4,1% à 1,6 MMDH. Grâce à une gestion des risques basée sur une meilleure sélectivité des clients, couplée à des efforts soutenus de recouvrement, le coût du risque au titre des six premiers mois de l'année s'est amélioré à 0,56% contre 0,78% une année auparavant, pour un taux d'impayés en baisse à 17% (17,7% à fin 2011). Dans ces conditions, le résultat net s'est bonifié de 7,7% pour s'établir à 13,6 MDH. La société de financement Taslif a réalisé des performances honorables. Ainsi, la production nette se bonifie de 12%, portée par la bonne conduite du crédit affecté (+12%), toutefois le PNB s'affiche en repli de 10.9% à 51,7 MDH. Par ailleurs, le maintien de l'effort de recouvrement a permis à Taslif de baisser son coût du risque de 55% à 15 MDH. Enfin, le résultat net s'élève de 32% à 11 MDH. Toutefois, pour certains établissements, la charge du coût du risque continue à plomber les performances. Eqdom, filiale de la Société générale, a pâti de l'alourdissement de la charge du risque et affiche un résultat en régression au titre du premier semestre 2012. Si, l'encours brut affiche une progression de 9,2% à 10,6 MMDH ou que le PNB ressort en hausse de 3,2%, la capacité bénéficiaire accuse un recul assez conséquent dû en effet à la montée des créances en souffrance. Ainsi, les dotations aux provisions pour créances en souffrance nettes de reprises se sont fortement aggravées de 46,5%, pour s'établir à 62,1 MDH. Sous cet effet, le résultat net au titre du premier semestre s'est étiolé de 3,4% à 122,4 MDH. Bank Al-Maghrib déterminée à encadrer le secteur Le coût moyen du crédit à la consommation dans les banques est passé de 7,46% à 7,13% entre les deux premiers trimestres de cette année. Une baisse qui pourrait creuser un peu plus l'écart des parts de marché avec les sociétés spécialisées. Les banques trônent à la première place sur ce créneau après avoir longtemps joué les seconds rôles. La bataille entre les opérateurs devrait logiquement profiter aux clients. En tout cas, la situation actuelle facilite un peu plus le choix de l'opérateur. Fortement handicapées par la montée du risque en 2009 et 2010, les sociétés de financement ont freiné leur développement pour se concentrer sur l'assainissement de leur portefeuille. Cela s'est ressenti sur la production qui a nettement ralenti. Les banques, elles, ont donc profité de cette baisse de régime pour se renforcer sur ce créneau. Avec des tarifs plus compétitifs que ceux pratiqués par les sociétés spécialisées et un portefeuille moins risqué, elles affichent les meilleures performances du secteur. Sur un autre volet, Bank Al-Maghrib ne cache pas sa volonté d'encadrer davantage l'activité de crédit à la consommation. D'ailleurs, le relèvement du capital minimum requis de 20 à 50 MDH confirme cette détermination. À l'instar des banques, les sociétés de financement doivent respecter un ratio de solvabilité minimum de 12% et 9% pour le Tier one, un autre indicateur de solidité des opérateurs.