Investisseurs et professionnels de la place semblent séduits par les ambitions clairement affichées par le groupe bancaire. Si cet établissement a habitué le marché à des résultats en forme, les annonces récemment effectuées ont boosté le titre en Bourse. L'action a bondi de 9,7% pour s'échanger à 234,90 DH. Détails. BMCE Bank of Africa a gagné plus de 9,7% en Bourse depuis le début de l'année. Il faut dire que le titre profite ces derniers jours d'une série d'annonces qui ont été bien accueillies par le marché. En effet, la mise en route du mégadeal entre la maison-mère FinanceCom et le groupe Saham via l'opération de fusion-absorption entre Salafin et Taslif. À cela s'ajoutent les ambitions du groupe bancaire à l'international, qui se traduisent par l'obtention d'une licence de banque universelle à Shanghai et d'un démarrage probable dès cette année. Le groupe serait également en négociations avec le régulateur chinois pour une licence dans l'assurance. De plus, le groupe travaillerait sur l'ouverture de nouvelles banques dans certains pays d'Afrique australe, notamment l'Afrique du Sud et le Zimbabwe. Ces projets n'auront pas encore d'effet sur les résultats de l'année écoulée, mais le groupe dispose déjà d'une bonne assise financière. Se basant sur les réalisations semestrielles et en attendant les résultats annuels, le groupe se maintient sur le podium des banques les plus dynamiques du marché. BMCE BOA occupe ainsi la 3e place parmi les banques au Maroc et détient une part de marché de 15,58% en termes de collecte de dépôts et de 15,46% en termes de distribution de crédits. Au terme du premier semestre 2017, la banque affichait des indicateurs dans le vert, profitant essentiellement d'un renforcement de l'assise commerciale et d'une forte baisse du coût du risque (-39,9% à 633,5MDH). Afin de consolider ses acquis et développer de nouveaux relais de croissance, BMCE Bank Of Africa devrait, selon les analystes de BMCE Capital gestion, poursuivre le déploiement de son Plan de développement 2016-2020. Celui-ci porte principalement sur la poursuite de la croissance organique à travers l'extension du réseau. Le programme prévoit en effet l'ouverture d'une centaine d'agences au Maroc et en Afrique subsaharienne. L'implantation africaine est certes très étoffée et diversifiée, avec un réseau en extension (728 au Maroc au S1 2017 et renforcement du réseau BOA de 45 agences à 540 unités). Le groupe bancaire entend également renforcer sa présence en Europe à travers BMCE International Holding pour des métiers comme le Corporate et le Trade Finance en plus de BMCE Euroservices. La banque devrait aussi miser sur la consolidation des activités de Retail Banking & Corporate Banking -notamment le segment des PME- et le développement de nouvelles niches porteuses telles que la Banque participative et le Green Business. Les professionnels de la place semblent confiants. Pour eux, la banque profiterait de plusieurs atouts. Outre, l'actionnariat stable avec la présence d'actionnaires institutionnels de long terme (FINANCECOM, CDG, CMCIC, CIMR, etc.), le développement de synergies entre les filiales représente un gisement à forte valeur ajoutée. À cela s'ajoute la nouvelle dimension Asie, qui vient renforcer le portefeuille du groupe. Sans oublier le développement de la Finance islamique via sa nouvelle filiale Bank Al Tamweel Wa Al Inma, en partenariat avec Al Baraka Banking Group GROUP. Le processus de digitalisation semble porter également ses fruits, via notamment l'introduction des nouveaux moyens d'inclusion financière (comptes de paiement). La réforme de flexibilisation des changes progressive pourrait également doper la rentabilité de la banque. Ceci dit, gare au coefficient d'exploitation de la banque, qui reste supérieur à la moyenne sectorielle (55,6% en consolidé au S1 2017). Les analystes attirent également l'attention sur le resserrement des ratios réglementaires consolidés qui limiterait la marge de manœuvre de la banque (ratio de solvabilité de 12,3% et Tier 1 de 9,1% en 2016). Le tassement de la demande de crédit en local et la hausse du niveau de contentieux sectoriel pourraient de leur côté affecter les résultats du groupe, tout comme l'augmentation du seuil d'exigence en termes de LCR. De plus, l'application de l'IFRS 9 devrait engendrer un provisionnement supplémentaire, tout comme l'entrée en vigueur des Directives de Bâle 2 et Bâle 3 aux établissements bancaires de la Zone UEMOA. Ranya Gnaba Analyste chez AlphaMena BMCE BOA a débuté l'année 2018 en fanfare en affichant une performance de 11% dans un secteur qui affiche une moyenne de 4,43%. Le flux d'actualité récent a soutenu le titre. Nous citions l'annonce du rapprochement stratégique entre sa filiale Salafin et celle de Saham Assurance, Taslif mais également l'annonce de la poursuite de sa stratégie d'expansion externe très ambitieuse (Shanghai, Afrique du sud et Zimbabwe). Le rapprochement devrait créer un spécialiste du crédit à la consommation dont la part de marché est estimée à 10-12%, correspondant à encours de crédits conjoints de 4,5 MMDH. La fusion était bien accueillie par le marché, mais nous pensons que l'impact sur les chiffres du groupe reste marginal. En effet, l'encours des crédits de l'ensemble fusionné représenterait environ 2,5% du total crédit du groupe BMCE BOA. Toutefois, il est utile de mentionner que Salafin est la deuxième plus importante filiale marocaine du groupe en termes de rentabilité. Nous précisons à ce niveau que la rentabilité du groupe s'est légèrement améliorée sur les neuf premiers mois de l'année 2017 avec un RN en progression de seulement 1,4% à 1,588 MMDH. Les réalisations de BMCE BOA ressortent inférieures à nos attentes puisque nous avons anticipé une hausse de 8% du RN sur l'ensemble de l'année. Notre modèle est en cours de révision mais notre avis sur le titre reste négatif, tenant compte d'un niveau de valorisation qui est de plus en plus cher, soit 2,04x sur la base du P/B 2018 contre une moyenne de 1,64x pour les six banques marocaines cotées.