Dans la Recherche et développement, le Maroc est un «bon élève» sur le continent africain, avec tout de même une mauvaise note. Et pour cause, seulement 0,6 % du PIB national est investi dans la R&D, quand la plupart des pays de l'OCDE misent plus de 6% du leur, uniquement dans l'innovation. Ces résultats, obtenus lors de l'enquête préalable à la création de l'observatoire de l'innovation en 2010, sont de prime abord décevants. Si les différents programmes électoraux de ces dernières élections ont tous convergé vers la nécessité de relever le taux de croissance du pays, celui-ci n'en demeure pas moins lié à différentes stratégies qui en permettent l'aboutissement. À juste titre, la R&D se trouve être un des moyens d'y parvenir. Le secteur joue en effet un rôle déterminant dans la croissance économique d'un pays et permet de «garantir un avantage concurrentiel dans les différents domaines de l'économie». En dressant l'état des lieux de cette stratégie de développement économique au Maroc, la bonne gestion et la promotion du secteur font défaut. Les résultats de l'enquête révèlent que 29,2% seulement des entreprises recensées possèdent une structure interne de R&D. Celles-ci sont plus présentes dans les industries de textile et confection, soit 19,7%, suivis de la chimie, de la pétrochimie et de la carbochimie, à 12,6%. En ce qui concerne la taille des structures, les effectifs en charge du département dédié à la recherche dans les entreprises questionnées est de 704 personnes, soit 4.2% de l'effectif total. Malgré les fonds octroyés par l'UE et les efforts considérables qui sont faits en la matière, faire de la R&D reste la croix et la bannière pour les entreprises intéressées. La question qui se pose alors est est de connaître les freins au décollage de la R&D au Maroc? Pour Abdessamad Bouabdallah, directeur d'une agence spécialisée dans la communication sur la R&D, «les organismes qui s'occupent de la R&D restent malheureusement tributaires de l'état d'esprit des fonctionnaires et enregistrent de fait des retards administratifs énormes, malgré la disponibilité des fonds». La première discordance se dégage alors de ce constat. Ce dernier permet de déceler, de facto, un manque de synergie entre les entreprises privées et le secteur public, premier gestionnaire de la R&D au Maroc. Réformer pour mieux développer Les mécanismes de gestion publics ne seraient pas forcément adaptés à la gestion de projets de recherche et développement, sans compter une difficulté supplémentaire, qui relève de la multiplicité des interlocuteurs. En effet, les entreprises désirant faire de la recherche et développement sont aujourd'hui, dans l'obligation de s'adresser à plusieurs organismes, avec entre autres l'Association marocaine de la R&D. Celle-ci sert de lien entre les universités, les instances publiques et les entreprises privées. Interrogé, le directeur de cet organisme, Mohamed Smani, relève un dysfonctionnement supplémentaire du secteur : «Les entreprises qui intègrent la Recherche et développement dans leurs activités prennent énormément de risques, tout en n'étant pas assurées de bénéficier des ressources humaines nécessaires». Qui doit donc porter la casquette de l'assureur de la R&D ? Les professionnels semblent être unanimes. L'Etat est le seul capable de jouer ce rôle, en mettant en place des organismes «privatisés et dédiés», qui serviraient d'interfaces entre les privés et les universités. Pour ce faire, les universités marocaines, à l'instar des universités étrangères, pourraient êtres autorisées à créer des «sociétés de valorisation», qui contractualiseraient dans les faits leurs échanges avec le privé. Ces dernières auraient «le statut d'entités privées au sein même des universités et s'autofinanceraient par les bénéfices qu'elles pourraient enregistrer», explique Mohamed Smani. Pour l'heure, le concept de cluster est celui qui se rapproche le plus de cette idée. Le ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies avait alors innové il y a quelques mois, en lançant les différents clusters Maroc numérique, Microélectronique et électronique, mécatronique et mécanique du Maroc (CE3M). Celui-ci s'inscrit dans le cadre de la stratégie Maroc Innovation. (Cf www.lesechos.ma) Pour rappel, à travers ce nouveau concept, l'Etat avait démontré sa volonté de développer la recherche et développement à travers de gros financements. Une enveloppe de 17 millions de DH avait alors été allouée aux différents projets. Conclusion, la faille ne réside par conséquent pas dans le manque de ressources financières, mais plutôt dans la structure organisationnelle par laquelle est gérée actuellement la recherche et développement. En somme, la R&D avance, mais sans tous les outils nécessaires... La R&D dans les PME/PMI a son fonds Si les grosses structures ne trouvent aucune difficulté à lancer leurs propres projets de recherche et développement, les PME/PMI, elles, font souvent appel au soutien de certaines organisations. La plus connue au Maroc reste l'Association marocaine de la R&D. Cette dernière présente plusieurs programmes encourageant la recherche et le développement, parmi lesquels Innov'Act. Il propose un appui aux projets d'innovation et de R&D des entreprises, afin de leur permettre de développer de nouveaux produits. L'assistance présentée est surtout d'ordre logistique et technique, pour le montage et la mise en forme du projet. Dans ce cadre, l'ANPME, le projet Taahil Al Mokawalat (TAM) et la société financière internationale (SFI) ont mis en place un fonds de soutien. Celui-ci est plafonné à 200.000 DH, tout en étant conditionné par un apport de l'entreprise au moins équivalent.