Après un an et quelques mois de la présentation du Plan Maroc Numeric 2013, le ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies a annoncé, lundi dernier dans les locaux de son département à Rabat, le lancement de l'Association Maroc Numeric Cluster, structure qui se veut fédératrice des connaissances, savoir-faire et des fonds de financement. Une trouvaille de mi-chemin ? «Pas du tout, le plan est très dense et prévoit plusieurs étapes d'organisation du secteur des nouvelles technologies», confie Ahmed Réda Chami. Quasiment calqué sur le modèle français, Systematics, le cluster marocain mettra en commun les efforts des laboratoires de recherche, des universités et établissements spécialisés, des grands opérateurs télécoms, des PME, ainsi que certains opérateurs financiers, en vue de promouvoir l'innovation au sein des entreprises marocaines. «Cela favorisera l'éclosion de projets innovants. Promouvoir des petites idées qui donneront peut-être dans le futur des Google ou des Skype, pourquoi pas ?», commente le ministre. Maroc Numeric Cluster (MNC), dont la présidence est assurée par Mehdi Kettani, le directeur général de Bull Maroc, évoluera sur quatre pôles. Multipolaire Le premier, relatif aux services mobiles, sera financé par le fonds qu'alimentent les trois opérateurs télécoms à hauteur de 0,25% de leurs chiffres d'affaires. Selon Chami, le Maroc souffre d'un déficit d'innovation et d'inventivité en la matière et le cluster le comblerait en poussant à l'élaboration d'une vision nationale sur les services mobiles. Le reste du travail du cluster couvrira trois autres pôles, à savoir le volet multimédia, la sécurité, la monétique et droits numériques ainsi que les progiciels. Programme de démarrage Le cluster créé, il doit maintenant se faire connaître et rassembler le maximum d'adhérents. «Nous ciblons quelque 200 membres d'ici 2013. À la fin 2011, si on est 40 dans le cluster, ce sera une bonne chose», a déclaré Mehdi Kettani, président du MNC. Le 1e mars prochain, la seconde édition du Sommet de l'innovation coïncidera également avec le lancement des clubs de l'innovation, une plateforme web, une sorte de Facebook des développeurs et des innovateurs. Une initiative qui permettra de mettre en avant, de révéler des talents et d'établir des ponts entre les différents opérateurs. Il est également prévu, dans le cadre du cluster, un programme de mobilité étudiante qui démarre cette année avec le déplacement en master en France, de trente des étudiants les plus méritants dans la filière des technologies de l'information. «À la suite du master, ces étudiants intégreront les entreprises marocaines après des stages en leur sein», a expliqué Ahmed Lakhlifi, vice-président du MNC et président de l'APEBI. Pour ce qui est des financements, Ahmed Réda Chami a exprimé ses souhaits que le fonds innovation, doté de 100 millions de dirhams, soit poussé vers le cluster. En d'autres termes, que le cluster définisse, d'une manière ou d'une autre, les critères d'octroi de fonds. Le modèle français Durant le point d'annonce du lancement du Maroc Numeric Cluster, Ahmed Réda Chami n'a pas hésité à faire le rapprochement entre le MNC et Systematic, le cluster français, dont le directeur général, Sylvain Dorschner, était présent. Systematic a été créé en 2006 et a favorisén dès sa créationn le développement des solutions libres (open source) en y dédiant un groupe thématique. Ensuite, le cluster a favorisé la recherche à travers deux modes d'implantation : «l'effet campus» autour des établissements universitaires, ainsi que «les zones R&D concentrées». C'est d'ailleurs le tissu des PME qui fait la force de Systematic. Sur 540 adhérents, 310 sont des PME-PMI, 90 centres universitaires de recherche ainsi que 15 collectivités territoriales. Systematic représente 320.000 emplois dans le privé et 11.000 dans le public, principalement dans la recherche & développement, le montant total des investissements des composantes de Systematic a atteint 1 milliard d'euros. «Le cluster a vocation de fédérer les acteurs» : Mehdi Kettani, Président de Maroc Numeric Cluster Les Echos quotidien : Si vous deviez fixer des priorités dans votre action initiale, quelles seraient-elles ? Mehdi Kettani : Premier engagement, développer le cluster et le faire connaître, faire savoir qu'il existe. Ce cluster regroupe des entreprises, des acteurs de la recherche, des universités, des associations de différents types et donc, à partir de là, le premier objectif est de s'étendre. Ce qu'on a fait au comité stratégique est la version zéro de ce qu'on avait à faire : définir une stratégie, un plan d'action, des engagements. L'aspect communication mis à part, comment acquérir de la crédibilité ? C'est important à comprendre que le cluster a vocation de fédérer les acteurs. C'est un véhicule qu'on met en place et qui permettra d'accélérer ce que font séparément les différents acteurs qui travaillent actuellement chacun de leur côté. Le cluster va donc les fédérer pour arriver à mieux gérer les projets d'innovation. À terme, voulez-vous être l'intermédiaire entre les fonds d'investissements technologiques et les entrepreneurs potentiels ? Le cluster ne se veut pas exclusif. C'est un outil de plus pour arriver à mieux qualifier l'innovation et la faire émerger. Evidemment, j'espère que quand on est labellisé Maroc Numeric Cluster, l'innovation aura plus de certitude que quand on ne l'est pas.