L'Afrique ne doit pas reproduire les modèles européens ou asiatiques d'industrialisation, mais construire son propre modèle basé essentiellement sur l'innovation, la recherche scientifique et les nouvelles technologies. C'est la conclusion à tirer de la 6e édition du Forum des Centraliens Supélec qui s'est tenue les 18 et 19 février à Casablanca. Placée sous le thème «L'Afrique industrielle, pour une co-émergence inclusive» et initiée par les membres de l'Association des Centraliens et des Supélec du Maroc, cette édition a servi de creuset à plus de 400 chercheurs, experts, décideurs politiques et opérateurs économiques dans le cadre des différents workshops et ateliers de réflexion programmés. Lors de la séance inaugurale, Mustapha Metaich, président de l'association, s'est montré optimiste quant à l'avenir de l'Afrique. Cependant, «il ne peut y avoir de développement en Afrique sans industrialisation innovante et recherche scientifique avancée», a-t-il souligné, avant de lancer un appel depuis Casablanca pour une industrialisation inclusive de l'Afrique. La concrétisation de cette «industrialisation inclusive» est corollaire d'«une prise de conscience des décideurs politiques, acteurs économiques et industriels de l'importance de l'Afrique au vu de la richesse dont elle regorge en termes de ressources naturelles et potentiel humain», a noté Mustapha Bakkoury, président du Conseil de la région Casablanca-Settat. «L'Afrique est appelée aujourd'hui à réinventer son avenir industriel en mobilisant les porteurs de visions, en renforçant les projets d'infrastructures et en valorisant les matières premières du continent. Il faut également améliorer la compétitivité économique et le climat des affaires tout en plaçant les énergies renouvelables au centre des préoccupations», a-t-il ajouté. Pour Hamadi Jebali, ancien chef de gouvernement de transition en Tunisie, l'industrialisation de l'Afrique, qui émane avant tout d'une volonté politique, «doit se baser sur la mise en œuvre et le développement des technologies vertes et orienter les investissements vers l'efficacité des ressources et l'énergie». Par ailleurs, l'industrialisation est perçue par Mohamed El Kettani, pdg de Attijariwafa bank, comme la cheville ouvrière du développement de l'Afrique. Pour réussir cette entreprise, «il faut s'engager dans plusieurs chantiers, notamment l'électrification du continent pour lutter contre la rupture de la chaîne de production, la mise en place des infrastructures de base, la réhabilitation du capital humain et le développement de l'Afrique en blocs régionaux puissants». Interrogé sur le modèle prôné par Eagle Group en matière d'accompagnement financier de l'industrialisation de l'Afrique, Gilles Assouline, pdg du groupe et expert en modélisation stratégique, a expliqué que «Notre vision d'accompagnement se conforme d'abord aux objectifs de la croissance durable comme définis lors de la COP 21 puisque nous plaçons les intérêts et les besoins des populations au centre du débat, ensuite, au cadre réglementaire gérant la canalisation des investissements et enfin à la transparence dans la gestion des fonds d'investissement». Intervenant à la séance de clôture de cet évènement, Saâdeddine El Othmani, chef de gouvernement, a souligné que le Maroc est fier de son appartenance africaine, et a appelé les différentes parties prenantes à l'union pour construire l'avenir de l'Afrique et développer son industrie qui est «tributaire d'une coopération Sud-Sud efficace et durable». Il a exprimé à cet égard la disposition du royaume à partager son expérience et son expertise avec ses confrères africains. L'industrie constitue une priorité nationale pour laquelle se sont succédé deux plans majeurs durant ces dix dernières années, à savoir le Plan Emergence et le Plan d'accélération industrielle, a rappelé S. Othmani, précisant que l'objectif pour le Maroc consiste à renforcer le poids de l'industrie pour atteindre 21% du PIB tout en développant des écosystèmes forts et intégrés. À l'issue des travaux du Forum Centraliens Supélec, un livre blanc destiné aux décideurs politiques et acteurs économiques, synthétisera les conclusions des ateliers et de la conférence plénière ainsi que les principales recommandations émises par les participants. Outre ce livre blanc, l'Association a signé deux conventions avec deux porteurs de projets africains qui profiteront de son accompagnement et son suivi.