La mobilisation contre le projet marocain d'explorer les fonds marins des côtes de Tarfaya, ne recule point ! Le gouvernement canarien est prêt à faire feu de tout bois pour bloquer ces explorations. Déjà, le président du gouvernement insulaire a contacté un bureau d'avocats spécialisé dans le droit international. Celui-ci aura pour mission de trouver les failles juridiques de cette exploration, en surfant sur l'argument de la proximité géographique, du fait que les prospections se feront à proximité des côtes canariennes dans un bassin partagé par les deux territoires. De son côté, la députée de Podemos représentante de l'île de Las Palmas a annoncé qu'elle adressera une question à Mariano Rajoy, durant la prochaine session plénière du Congrès des députés. De ce fait, les forages offshore que devraient mener le groupe italien ENI dans les eaux marocaines seront le sujet phare de la prochaine session de la Chambre basse espagnole. Car, outre Podemos, le parti de centre-droite, Ciudadanos, a demandé la comparution du ministre des Affaires étrangères et de la coopération espagnol, Alfonso Dastis, pour livrer la version du gouvernement espagnol à ce sujet. Le groupe parlementaire présidé par le chef de cette formation, Albert Rivera, veut que le gouvernement espagnol détaille «les mesures prévues par les autorités espagnoles devant les autorisations accordées par le gouvernement du Maroc au groupe énergétique ENI». Le chef de la diplomatie espagnole a déjà une deuxième comparution marquée sur son agenda, en relation avec ce sujet. Celle-ci se déroulera devant la Chambre haute espagnole. En effet, une sénatrice appartenant à Coalition canarienne (CC), parti nationaliste (centre-droite) à la tête du gouvernement autonome des Îles Canaries, a déjà demandé au diplomate en chef espagnol de comparaître devant la Commission de l'extérieur au Sénat. Cependant, au moment où Ciudadanos puise dans un discours apaisé pour traiter cette question, Podemos, l'enfant-terrible de la scène politique espagnole, tient des propos incendiaires. À ce propos, la formation de Pablo Iglesias a exigé au chef de l'Exécutif espagnol, «une opposition ferme à ces manœuvres qui auront lieu à 50 km de la côte de Fuerteventura», a souligné la parlementaire, Meri Pita. Du côté de Madrid, le gouvernement s'est exprimé à travers sa représentante dans l'archipel canarien. La déléguée de gouvernement central a estimé que peu de choses peuvent être faites pour faire reculer les autorités marocaines. Le ton calme de la déléguée de Madrid tranche avec le climat de psychose que distillent les partis de l'opposition. Pragmatique, Mercedes Roldos a rappelé que ces forages seront réalisés dans des eaux appartenant au domaine maritime marocain. Plus réaliste, la préfète de l'archipel canarien a considéré que rien ne peut être exigé du Maroc, «un pays souverain» et entretenant de bonnes relations avec l'UE et de facto, l'Espagne. «La seule chose que le gouvernement peut faire est de demander des informations et solliciter des garanties environnementales. Rien de plus», a-t-elle tranché.