Des formations politiques espagnoles ont exprimé leur mécontentent concernant les textes marocains sur la délimitation des domaines maritimes au Sahara. Le gouvernement espagnol se montre, en revanche, compréhensif. Le projet de loi autour de la délimitation des eaux territoriales marocaines n'est pas du goût de certains partis politiques espagnols. Alors que le gouvernement espagnol tente d'apaiser les esprits, le parti d'extrême-gauche Podemos, accompagné du parti nationaliste canarien, crie au scandale! La formation menée par Pablo Iglesias a dénoncé ce qu'elle appelle une «appropriation de la part du Maroc de l'espace maritime du Sahara occidental dans une claire violation du droit international», souligne un communiqué du parti espagnol acquis à la thèse des séparatistes. Pour Podemos, la décision du gouvernement marocain de fixer les limites des eaux marocaines et la délimitation de la zone économique exclusive de 200 miles marins au large des côtes marocaines est une atteinte aux intérêts espagnols et, de facto, ceux de l'archipel canarien. La formation estime que ces deux textes peuvent créer un conflit d'intérêt en matière de départage des ressources naturelles. Le parti fait référence aux gisements de tellure et de pétrole dans la zone. De même, les responsables politiques de cette formation disent craindre une détérioration de l'environnement en cas d'exploitation des ressources gisant dans les abysses. Dans ce coup de gueule, Podemos est revenu sur l'arrêt stipulant l'exclusion du Sahara des accords commerciaux établis avec l'Union européenne et a appelé le gouvernement de Mariano Rajoy à agir. Un discours partagé par le parti nationaliste canarien Nueva Canaria (NC). Celui-ci n'y est pas allé de main morte pour dénoncer «l'expansionnisme marocain face aux Îles». Une sénatrice de la formation insulaire a même demandé la comparution du ministre espagnol des Affaires étrangères devant le Sénat pour expliquer la position du gouvernement ibérique. La sénatrice Maria José Lopez a considéré comme alarmant le fait que «le Portugal et le Maroc se mobilisent pour l'élargissement de leur plateforme continentale, devant la passivité du gouvernement espagnol». La membre de la chambre haute espagnole a estimé que «derrière ces prétentions expansionnistes se cachent des intérêts économiques (...) qui entreront en collision avec les intérêts canariens, au niveau des ressources naturelles comme en matière de protection de l'environnement». Ainsi, a-t-elle réclamé une intervention rapide du gouvernement espagnol pour défendre les intérêts de l'archipel devant la «provocation marocaine». Face au ton belligérant d'une partie de la classe politique espagnole, le gouvernement a fait preuve d'une sérénité inouïe. De fait, l'annonce du gouvernement marocain ne semble pas avoir pris de court l'Exécutif ibérique, ce qui pourrait signifier que des pourparlers bilatéraux auraient précédé la présentation du projet de loi marocain. Le ministre des Affaires étrangères Alfonso Maria Dastis a souligné que les plans du Maroc n'affectent en rien la frontière maritime de l'Espagne, insistant sur le fait que toute modification sera réalisée via un accord mutuel entre les deux partenaires. De ce fait, Dastis a indiqué qu'il a étudié la question avec des juristes et ceux-ci ont confirmé qu'il s'agit d'un «réajustement technique». «Je ne suis en aucun cas préoccupé, au contraire. Nous sommes sereins et c'est cette sérénité que j'ai voulu transmettre au président du gouvernement canarien», a-t-il soutenu. Une mine d'or marine en jeu La méfiance à l'égard de l'annonce du projet de loi marocain trouve son explication dans la dernière découverte faite dans les grandes profondeurs marines de l'archipel. En effet, le sud-est de l'archipel canarien recèle le plus grand gisement au monde de tellure, découvert récemment par une équipe britannique, d'où l'enjeu économique de cette zone. Ce métal est fort apprécié par l'industrie des nouvelles technologies, spécialement pour la fabrication des panneaux solaires, ce qui fait saliver les autorités de l'archipel. À 1.000 mètres de profondeur, la montagne marine Tropic Seamount contiendrait 2.670 tonnes de ce métal, soit environ 1/12 des ressources mondiales actuelles. Seulement, son exploitation pourrait endommager le milieu marin et affecter l'écosystème.