Pour notre sondage Flm en ligne, 93% des 686 internautes qui ont répondu à la question ont trouvé que l'immobilier est actuellement dans une situation atone. À l'inverse, 7% des sondés ont estimé que le secteur immobilier est plutôt dans une situation positive. Cette question du sondage s'est imposée car certains responsables publics ont confirmé la stagnation actuelle de l'immobilier, rajoutant qu'elle est due à la saturation de la demande de logements économiques dans certaines régions. En particulier, la demande solvable des biens à 250.000 DH aurait été relativement satisfaite. Ainsi, pour mesurer la situation actuelle, nous allons nous baser sur les ventes de ciments, les statistiques de BAM et les réalisations financières des sociétés cotées. Concernant le ciment, sur les 10 premiers mois de 2017, le cumul des ventes a atteint 11.391.669 tonnes, en baisse de 3,67% par rapport à la même période en 2016. Auparavant, les ventes de ciments avaient affiché en 2016 une légère baisse de 0,7% par rapport à 2015. De même, si le secteur s'était repris en 2015 avec un rebond de 1,36%, les ventes avaient affiché une baisse cumulée de 22% entre 2012 et 2014. Au niveau de BAM, en glissement annuel, l'indice des prix des actifs immobiliers (IPAI) a enregistré en 2017 T3, une hausse annuelle des prix de 4,7% contre 6,2% en 2017 T2 et 7,6% en 2017 T1. Cette progression annuelle des prix immobiliers au troisième trimestre traduit des hausses de 4% pour les biens résidentiels (+5,2% pour les appartements), de 5,9% pour le foncier et de 5,1% pour les biens à usage commercial. Toutefois, cette reprise est à nuancer en prenant en compte le repli de 18,7% des transactions, traduisant des baisses pour toutes les catégories d'actifs avec des taux de 21,9% pour les appartements, de 7,4% pour le foncier et de 8,1% pour les biens à usage commercial. En ce qui concerne les sociétés cotées, Addoha a affiché au premier semestre 2017 un CA de 3 MMDH, en recul de 11,7%. Chez Alliances, durant la même période, le CA a augmenté de 9% à 1.535 MDH. Pour sa part, Dar Saada a affiché en 2017 S1, un CA de 917 MDH, en croissance de 4,4%. Rajoutons aussi que l'indicateur boursier du secteur immobilier affiche au 29 novembre 2017 une quasi-stagnation annuelle Ytd de 0,09%. C'est ainsi qu'en se basant sur ces différents chiffres, la situation du secteur immobilier est plutôt dans une zone grise. En effet, d'un côté, les ventes de ciments sont en baisse avec des transactions immobilières en recul. De l'autre côté, les prix font mieux que résister avec une reprise qui se dessine. De plus, les revenus des promoteurs immobiliers cotés en Bourse sont plutôt en hausse. Ceux qui gardent l'optimisme pensent certainement à l'objectif du gouvernement qui table sur la réalisation de 800.000 logements sociaux sur 5 ans. Aussi, même si durant les derniers quinquennats, le besoin en logements est passé d'1,2 million à 840.000 puis à 400.000, le besoin est donc encore là. Par ailleurs, les grands promoteurs immobiliers développent désormais des modèles économiques plus matures avec moins d'endettement et plus d'anticipation en termes de besoins financiers. De même, ils cherchent à s'adapter à la mutation de la demande avec des logements sociaux dotés d'une meilleure finition et/ou d'appartements de moyen-standing avec des prix plus abordables. Farid Mezouar DG de FL Market Comment jugez-vous les perspectives de l'immobilier ? Disons que c'est plutôt positif malgré le newsflow qualitatif assez négatif. En effet, en plus du besoin résiduel de logements sociaux, la modération récente des prix peut doper les transactions surtout avec le développement potentiel du marché locatif. De plus, les banques financent toujours les crédits à l'habitat avec une hausse annuelle de 4,8% à fin septembre. Comment matérialiser les perspectives de l'immobilier ? Dans l'absolu, je pense que le secteur privé doit redoubler d'imagination, sans forcément attendre les initiatives publiques. C'est le cas notamment pour le logement locatif avec les nouvelles opportunités offertes par les OPCI. Il en est de même pour le vrai très haut standing ainsi que les autres positionnements de niche. Au niveau public, il ne faut pas négliger l'auto-construction car des ménages souhaitent toujours coupler le besoin de se loger à celui de préparer sa retraite notamment avec la propriété de magasins.