On a beau parler d'essoufflement du marché de l'immobilier, le rythme d'évolution des prix prouve pourtant le contraire. La Banque centrale vient de publier son indice des prix de l'immobilier au titre du troisième trimestre 2010. D'emblée, il en ressort que «les prix des actifs immobiliers résidentiels ont connu une nouvelle hausse, en glissement annuel de 2,4% au 3e trimestre 2010», comme on peut le lire dans le document de BAM. D'un trimestre à l'autre, la hausse des prix de l'immobilier résidentiel se situe à 2,4%, alors que trois mois plutôt elle ne dépassait pas 1,1%. C'est dire l'accélération de la tendance inflationniste de ce marché. D'autant plus que les prix des appartements (immobilier le plus prisé qui représente l'essentiel du volume de transactions) marquent une hausse de 3,5%. Néanmoins, l'enquête de Bank Al-Maghrib souligne, une nouvelle fois, la non-uniformité des tendances enregistrées au niveau des régions. En effet, Marrakech-Tensift-El Haouz, l'Oriental, Gharb-Charda-Beni Hssen et Tanger-Tétouan sont celles qui ont connu les plus fortes hausses au terme du 3e trimestre, alors que les régions de Chaouia-Ourdigha, Fès-Boulemane, Meknès-Tafilalet et de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër ont marqué une légère accalmie. Ceci expliquant probablement cela, seules 13.000 unités résidentielles ont été vendues durant ce trimestre. À ce niveau, BAM relève une chute de 16,3% du volume des ventes, suite à la baisse des ventes sur l'ensemble des régions du Royaume, mis à part celle de Tadla-Azilal, où les ventes marquent une hausse de 66% et qui est l'une des rares régions où le prix a stagné les trois derniers mois. Sur un autre registre, la désormais traditionnelle enquête de BAM a le mérite d'apporter une analyse du comportement du marché de l'immobilier pour chacune des catégories de biens immobiliers. Ainsi, apprend-on de la Banque centrale que les prix des appartements ont progressé de 3,4% après une hausse de 0,7% seulement le trimestre précédent. Sur une année, le léger recul enregistré au trimestre précédent semble être de l'histoire ancienne et les prix des appartements repartent en hausse de 3,5%. Le constat de BAM est sans équivoque : «la hausse a été observée dans toutes les villes à l'exception d'El Jadida, de Marrakech, de Tanger et de Rabat, où les prix ont reculé dans un marché marqué par un nombre limité de ventes», notent les spécialistes. En outre, contrairement à la logique de tout marché qui veut qu'une hausse des prix soit souvent le fruit d'une forte demande, les dernières statistiques disponibles font ressortir une baisse de 17,3% du volume des ventes d'appartements, celui-ci représentant 89% des transactions globales du secteur au cours du troisième trimestre. Par régions, les baisses des ventes les plus marquées ont été relevées dans les régions de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër et de Fès-Boulemane, alors que la hausse la plus importante a été observée au niveau de Tadla-Azilal. Il est à noter que l'analyse de la structure des ventes de biens immobiliers résidentiels au cours de ce trimestre confirme la prédominance des cessions d'appartements. En effet, à l'exception d'Oujda, où les ventes ont concerné principalement les maisons, ils ont représenté au moins 83% des transactions dans les autres villes. Les ventes de villas n'ont pas dépassé, quant à elles, 3% du total des transactions à Agadir, Rabat, Marrakech et Kénitra. Dans ce sens, BAM note dans son rapport que les prix des maisons se sont inscrits en baisse de 1,3%, d'un trimestre à l'autre, et ressortent en stagnation en rythme annuel. Les villes de Tanger, d'Agadir et de Casablanca ont marqué de fortes baisses de prix par rapport au trimestre précédent, au moment où les transactions portant sur cette catégorie, qui représentent environ 9% du marché national, se sont établies à 1.206, en hausse de 6,7% d'un trimestre à l'autre. Pour leur part, les villas ont connu une hausse de 2,2% de leurs prix d'un trimestre à l'autre, mais leur niveau demeure inférieur de 4% à celui observé à la même période l'année précédente. Par ville, ils ont connu des baisses importantes, en glissement annuel, notamment au niveau de Kénitra et d'Agadir, alors qu'ils ont marqué une hausse de 15,2% à Casablanca. Le marché des villas, qui ne dépasse pas 2% des ventes au plan national, a enregistré 244 transactions, en baisse de 14,1% d'un trimestre à l'autre.