La souscription à l'eau dessalée par les producteurs-exportateurs de primeurs a été lancée dans le périmètre agricole de Chtouka-Aït Baha, étalée sur 15.000 ha. Le tarif est passé de 16 DH/m3 à 11 DH/m3 avant qu'il ne soit fixé à 5,40 DH/m3. Le coût financier de l'eau dessalée, pour l'irrigation agricole, a été enfin dévoilé. Le but étant de sauvegarder la nappe de Chtouka dont le déficit hydrique est passé actuellement de 58 à 90 millions de m3/an. À cet égard, le tarif de l'eau qui sera appliqué par Aman El Baraka, filiale du groupe espagnol Abdengao (Concessionnaire de l'unité de dessalement et producteur de l'eau d'irrigation) a été fixé à 5,4 DH TTC par m3 rendu à la borne (point de contrôle), soit 19.440 DH par an et par ha souscrit. C'est du moins ce qui ressort de la convention de contrat d'abonnement distribué aux producteurs-exportateurs de primeurs lors de la journée d'information et sensibilisation, organisée à Agadir, par le ministère de tutelle, au sujet du projet de dessalement de l'eau de mer pour l'irrigation dans la première région primeuriste du pays. Toutefois, le tarif de l'eau sera ajusté trimestriellement pour tenir compte de l'augmentation de l'énergie électrique mais pour l'instant, bien que le coût de production reste encore coûteux pour certains producteurs, toutefois, le tarif est passé de 16 DH/m3 à 11 DH/m3 avant qu'il soit fixé à 5,4 DH pour les 1.500 exploitations visées. De surcroît, au cas où le projet n'aurait pas été réalisé, il serait synonyme de perte de 9 MMDH de valeur ajoutée créée par le secteur en plus de la perte de 3 MMDH d'investissement et un million d'emplois journaliers et réguliers. Et en attendant la souscription à l'eau dessalée par les producteurs, en priorité ceux qui exploitent la nappe doivent signer un contrat d'abonnement d'une durée fixe de six campagnes, avec la société Aman El Baraka. Les droits de raccordement et de souscription ont été fixés à 10.000 DH/ha non remboursable alors que l'agriculteur devrait s'engager à une souscription égale à 3.600 m3/ha et par campagne d'irrigation (du 1er septembre au 31 août). Le reste de l'eau d'irrigation sera compensée par les apports du barrage du Youssef Ben Tachfine et de l'eau prélevée dans la nappe. Sur ce dernier point, un «Accord-cadre de sauvegarde» entre toutes les parties prenantes de la zone que couvre la nappe a été déjà signé alors que l'adoption d'un décret instaurant la zone de la nappe comme périmètre de sauvegarde devrait être bientôt publié au Bulletin officiel. Cette mesure transposera les règles de gestion convenues dans l'accord de sauvegarde, les rendant ainsi obligatoires et opposables avec un pouvoir de contrôle pour l'Office régional de la mise en valeur agricole et l'Agence du bassin hydraulique en ce qui concerne l'application de quotas de prélèvements sur la nappe. Ce contrôle sera fera via l'installation de compteurs auprès de chacun des points d'eau afin de mesurer les prélèvements. Aujourd'hui, on estime la superficie irriguée à partir de la nappe à environ 17.500 ha. De surcroît, le suivi du décret et l'élaboration des quotas seront réalisés chaque année par un comité local de suivi. En ce qui concerne les redevances d'irrigation, par parcelles agricoles, une garantie bancaire de paiement est exigée par Aman El Baraka alors que les redevances seront perçues en quatre tranches trimestrielles sur les quantités souscrites, calculées sur la base du tarif de l'eau. Toutefois, il est rappelé que l'usager paiera l'intégralité de la redevance d'irrigation correspondant à l'allocation même si celle-ci n'a pas été consommée. Par ailleurs, le lancement des travaux sera programmé en janvier 2018 alors que l'exécution nécessitera 3 ans grâce à un montant d'environ 3,8 MMDH pour la réalisation de cette unité mutualisée, dont 1,9 MMDH pour la réalisation de la composante irrigation et 1,8 MMDH pour la réalisation de la composante eau potable. Dans le détail, la contribution de l'Etat est fixée à 1,8 MMDH alors que les partenaires ont mobilisé 1,3 MMDH pour la réalisation de l'unité. Deux prises dans l'océan amèneront l'eau de mer dans un bassin de captage, à partir duquel elle sera pompée, après pré-traitement vers la station de dessalement. La station de dessalement qui utilisera la technologie d'osmose inverse sera située à 300 m de la côte et à 44 m d'altitude, dans la commune d'Inchaden, au sein du Parc national du Souss-Massa. La capacité de production initiale est de 275.000 m3/j à raison d'un débit 150.000 m3/j pour satisfaire les besoins en eau potable et d'un débit 125.000 m3/j pour satisfaire les besoins en eau d'irrigation. S'agissant de l'ouvrage, il est construit avec des installations pour une capacité de 400.000 m3/j, équipé pour délivrer une capacité de 275.000 m3/j. La capacité finale de l'ouvrage pour satisfaire les besoins en eau initiaux d'irrigation sera définie à la date d'atteinte du seuil minimal de souscription initiale et avant la date de démarrage des travaux. Quant aux réseaux de distribution principale et secondaire, ils totaliseront 464 km de conduites enterrées qui desserviront environ 1.270 bornes d'irrigation à la parcelle (une borne pour 10 ha environ) alors que 5 stations de pompages sont placées sur le réseau afin d'assurer une pression suffisante en tout point de livraison du réseau. Un décret pour la sauvegarde de la nappe phréatique Ce décret vise l'instauration d'un régime de limitation quantitative des prélèvements sur la nappe conformément aux dispositions de la loi n° 36-15 sur l'eau. De ce fait, une régularisation de l'ensemble des points de prélèvement, est prévue. Elle se fera à travers l'installation des compteurs avec un régime de limitation quantitative des prélèvements d'eau à partir de la nappe (quotas). Les restrictions des prélèvements d'eau à partir de la nappe souterraine sous forme de quota sont fixées annuellement par décision de l'agence du bassin hydraulique de Souss-Massa et de l'Office régional de mise en valeur agricole du Souss-Massa. Compte tenu des coûts attendus de production de l'eau dessalée, les petits agriculteurs utilisateurs de la nappe n'auront pas l'obligation d'utiliser cette ressource non conventionnelle. Ils seront astreints à économiser l'eau de la nappe et à respecter les limitations quantitatives sur leurs prélèvements.