Taïeb Baccouche, Secrétaire général de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) Alors que beaucoup s'attendent à une implosion imminente de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) au moment où ses pays membres cherchent à intégrer d'autres groupements régionaux, son secrétaire général, Taïeb Baccouche, croit toujours que tout que n'est pas encore perdu. Chômage des jeunes dans le Maghreb, Zone de libre-échange, agenda politique... il fait le point. Les Inspirations ECO : Il était question de chômage des jeunes, lors de la dernière réunion intergouvernementale des pays d'Afrique du Nord. Que proposez-vous pour lutter contre ce fléau ? Taïeb Baccouche : Le taux de chômage des jeunes dans notre région dépasse les 30%. Pour des pays comme la Tunisie, ce taux monte presque à 35%. C'est une situation grave pour la stabilité sociale et le développement économique et social. Personnellement, de par ma responsabilité en tant que secrétaire générale de l'Union du Maghreb Arabe, je suis convaincu que plus on avance dans le sens de l'intégration maghrébine, plus on améliore la croissance dans nos pays et donc on crée plus d'emplois dans nos économies. Le coût du non-Maghreb est insupportable, inacceptable et inadmissible. Il faut que nos politiques agissent de manière plus concrète dans ce sens. Pour contribuer à la lutte contre le chômage, nous essayons, à notre niveau, de mener des réflexions, de faire des recommandations et de coordonner avec nos amis du continent, notamment dans le cadre des Communautés économiques régionales (CER), et avec les Nations-Unies. Nous menons des actions dans ce sens, et nous espérons que nos politiques empruntent le même chemin. Comment évolue la Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieur (BMICE) depuis son lancement ? La BMICE a été officiellement créée en décembre 2015, au siège du ministère des Affaires étrangères, lorsque j'étais moi-même à la tête de ce département. L'inauguration quant à elle, a eu lieu au début de cette année. La banque est aujourd'hui opérationnelle. Quels sont les projets prioritaires qu'elle devrait financer ? La banque est en train de recueillir les demandes, mais l'objectif essentiel est d'encourager, de financer tout ce qui touche aux projets de renforcement des échanges entre les pays maghrébins. Les projets bilatéraux ou trilatéraux sont prioritaires par rapport aux projets qui ne concernent qu'un seul pays membre. Qu'en est-il du projet de libre-échanges inter-maghrébin ? Peut-il vraiment se concrétiser ? Il est une réalité sur le papier. Tout le monde est d'accord sur ce projet. Les textes relatifs à cette Zone de libre-échange ont été signés et ratifiés. Sauf que dans la pratique, l'application tarde beaucoup. Nous avons réalisé des avancées au niveau du protocole complémentaire, mais le rythme est encore trop lent. Par conséquent, le Maghreb sera en retard pour le lancement de la Zone de libre-échange continentale ? Il faut reconnaître qu'au niveau des échanges commerciaux, le taux de notre sous-région est le plus faible. Il tourne autour de 3%, alors que d'autres régions africaines ont dépassé 10%. Il est vrai que nous accusons du retard, mais la coordination du travail en commun peut être un stimulant pour avancer ensemble. Pensez-vous que la situation politique actuelle soit favorable à la bonne marche de l'UMA ? Certains problèmes existent, notamment la situation actuelle en Libye. Ce sont des obstacles qui nous freinent, mais nous estimons qu'il ne faut pas baisser les bras. Il faut agir et convaincre les différentes parties et aller de l'avant. Parce qu'il y va de l'avenir de notre jeunesse et de nos pays. À quand la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UMA ? Des ministères se réunissent assez régulièrement. Le Conseil des ministres des Affaires étrangères s'est réuni l'année dernière à Tunis, pour sa 34e session, au cours de laquelle j'ai été nommé secrétaire général de l'UMA. Et très bientôt nous allons organiser la 35e session