Pour la Commission économique des Nations-Unies pour l'Afrique, le réveil de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) est une nécessité afin de renforcer la croissance dans l'espace maghrébin. «La relance de l'UMA, [est] nécessaire pour renforcer la croissance au Maghreb». C'est là la principale conclusion de la réunion tenue la semaine dernière à Rabat entre l'Union du Maghreb arabe (UMA) et plusieurs agences et organismes onusiens, avec à leur tête la Commission économique des Nations-Unies pour l'Afrique. «Face au contexte économique et politique difficile auquel les pays du Maghreb sont aujourd'hui confrontés, l'intégration économique et une coopération étroite entre les pays de l'UMA apparaissent comme les seules actions à même de permettre à la région de faire face aux difficultés communes», Taïeb Baccouche, secrétaire général de l'UMA. Faut-il le rappeler, l'intégration économique maghrébine peine encore à être une réalité. 4% des échanges L'élan de relance suscité en 2012, au lendemain du déclenchement du «Printemps arabe» s'est rapidement brisé. Malgré l'annonce de lancement d'établissements financiers intermaghrébins, les pays de la région n'arrivent toujours pas à arrondir leurs angles sur le plan politique, bloquant, par la même occasion, les nombreuses opportunités d'échanges économiques dans la région. Conséquence, la zone de libre-échange en est encore au stade de projet, et son marché reste pour l'instant l'un des moins dynamiques d'Afrique, avec un commerce intra-régional oscillant autour de 4% des échanges des Etats membres, souligne Omar Abdourahman, directeur par intérim du Bureau de la CEA en Afrique du Nord. Pourtant, le Maghreb dispose de la plupart des facteurs structurants d'un marché dynamique: population, revenu par habitant, continuité de l'espace physique, infrastructure de transport, ressources humaines, affinités culturelles et linguistiques. En attendant la ZLEC Avec le statu quo politique et le verrouillage économique entre pays de la région, le Maghreb, et l'Afrique du Nord dans son ensemble, accusent encore une fois un grand retard dans la concrétisation de l'agenda continental. Parmi ces projets importants figure le lancement attendu, dès octobre 2017, de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC). D'ailleurs, à ce propos, la CEA a réitéré, lors du dernier Forum du commerce africain, son appel à l'ensemble des groupements économiques d à poursuivre leurs efforts pour la réalisation de cette ZLEC. «Renforcer le commerce intra-africain à travers la ZLEC est crucial pour accélérer la transformation structurelle du continent», rappelle le coordinateur de la Commission économique pour l'Afrique, David Luke. La ZLEC devrait rassembler 54 pays africains, avec une population de plus d'un milliard d'individus et un produit intérieur brut de plus de 3.400 milliards de dollars. Les exercices de modélisation de la CEA indiquent que la mise en place de la ZLEC pourrait stimuler le commerce intra-africain de 52,3% en une décennie. Taïeb Baccouche Secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe (UMA) La mission que je me suis assigné en tant que secrétaire général est de relancer le processus d'intégration et d'exercer tout mon pouvoir pour faire avancer la coopération maghrébine. Pour cela, le soutien des organismes internationaux et des bailleurs de fond est primordial. Omar Abdourahman Directeur par intérim du Bureau de la CEA en Afrique du Nord Une relance du processus d'intégration de l'UMA est aujourd'hui nécessaire, pour répondre aux besoins d'une croissance plus soutenue, renforcer la résilience des pays aux chocs externes et aider l'Afrique du Nord à occuper la place qui lui revient alors que les discussions vont bon train pour la mise en place de la Zone continentale de libre-échange. La CEA et l'UMA, main dans la main Le Bureau régional pour l'Afrique du Nord de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) et le Secrétariat général de l'Union du Maghreb arabe (UMA) ont tenu, le 6 décembre à Rabat, une réunion bilatérale d'échanges et de concertations. «Cette réunion avait d'abord pour objectif de faire le point sur ce qui a été fait durant les deux dernières années, qui a d'ailleurs été riche en réalisations, et programmer une série de manifestations et d'activités dans le cadre du renforcement de l'intégration économique des pays du Maghreb», a indiqué Reda El Merini, directeur des Affaires économiques au Secrétariat général de l'UMA. Durant cette journée, les organisations participantes (dont plusieurs agences des Nations-Unies) ont partagé leurs réflexions sur les nouvelles orientations de l'UMA. Ils ont aussi, selon un communiqué de le CEA, «identifié les domaines de coopération prioritaires pour la période 2017-2018 ainsi que les opportunités de renforcement de la coordination et de synergies de leurs activités à l'échelle de la sous-région».