69% des 650 sondés en ligne sur le site Flm ont montré leur confiance dans la reprise estivale du MASI. Et 31% ont montré leur scepticisme face à cette reprise. En effet, le MASI a gagné 5,7% (Les chiffres boursiers sont arrêtés au 19 juillet 2017) depuis début juin, ce qui a fait passer la performance annuelle dans le vert à 5%. Aussi, depuis le 14 avril, la hausse du MASI a atteint 8,9%. Cette nette reprise estivale a mis fin à un scénario de yo-yo qui a suivi l'euphorie de fin 2016. Ainsi, la reprise a mis fin à une période de correction de 1,8% entre le 2 mai et le 6 juin. Cette période de correction avait freiné une reprise naissante avec une hausse de 5,4%. Cette hésitation du marché est survenue après une période euphorique avec une performance du MASI de 35,6% entre fin juin 2016 et le 10 janvier 2017, dont une hausse de 10,7% en début 2017. Cet engouement avait été mis à mal par une prise de bénéfices de 13% entre le 10 janvier et le 14 avril. Ceux qui ont confiance dans la reprise estivale ont pensé au risque que nous mettions en lumière dès 2016. Il s'agit du risque de dépréciation du dirham après le flottement de la monnaie nationale. De plus, pour une personne physique résidente, la seule protection contre une dépréciation du dirham est l'achat d'actifs réels comme l'immobilier ou les actions. Pour les actions, l'embarras du choix existe entre les sociétés qui ont un pouvoir prix et celles qui ont des recettes en devises qui peuvent atteindre 100% pour les minières par exemple. En cas de dépréciation du dirham, la valeur de ces actions est théoriquement partiellement protégée. Le meilleur exemple est celui de l'Egypte, même si le cas du Caire est différent car le marché parallèle présumait déjà d'une dévaluation de 50%. Ainsi, la première semaine après la libéralisation, le MSCI Egypt a gagné 22,8% en monnaie locale. Sur un mois, la hausse de l'indice en monnaie locale a atteint 30,6%. En Tunisie, la dépréciation de près de 6% du dinar par rapport au dollar en 2017, a porté la Bourse à une performance annuelle de plus de 12%. Par ailleurs, nous assistont à une nouvelle saisonnalité car l'euphorie de 2016 avait justement débuté dès fin juin. Quant aux fondamentaux économiques, la bonne saison agricole laisse déjà entrevoir une croissance économique de près de 4%. Enfin, malgré une légère remontée sur le segment MLT, les taux d'intérêt demeurent bas, inférieurs ou égaux au D/Y du marché. Au niveau négatif, nous avons toujours le spectre des prises de bénéfices, notamment au niveau des valeurs qui affichent une performance à trois chiffres en 2016-2017 (ex : Total avec 189% ou Marsa avec 128%). Le maintien du Maroc dans la catégorie Frontier Markets semble éloigner la Bourse de Casablanca du radar des fonds indiciels ou benchmarkés internationaux. En particulier, le MSCI Emerging Markets qui pèse 40 fois plus qui son homologue des Frontier Markets, suscite une vague d'investissements. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Faut-il anticiper une dépréciation du dirham ? Farid Mezouar : Ce sera au marché d'en décider, en prenant en compte les données fondamentales combinées à l'intervention affichée ou discrète de la Banque centrale. Au niveau des données fondamentales, le déficit courant structurel qui a comme origine un déficit commercial important de près de 18% du PIB, va certainement peser négativement sur l'offre de dirhams v/s demande de devises. De l'autre côté, BAM et le ministère de l'Economie peuvent stimuler la demande de dirhams en puisant dans les réserves de change ou en incitant les groupes qui le peuvent à s'endetter en devises. Pourquoi la Bourse est une protection contre un dirham faible ? Tout d'abord, une dépréciation stimule la productivité à l'export et dope mécaniquement les recettes en devises. Ensuite, les entreprises cotées qui importent des intrants en devises ont souvent un Pricing power qui va leur permettre de répercuter la hausse des coûts sur les prix de vente. Toutefois, l'effet le plus bénéfique pour la Bourse est le statut d'actif réel pour les actions, ce qui permet souvent un ajustement de la valeur des entreprises cotées en monnaie locale. l